Une fois encore, ce ne sont pas pour les bonnes raisons que Ravi Rutnah s’est fait remarquer. Le député du Muvman Liberater a en effet été au coeur d’une forte polémique qui a enflé dans les médias, sur les réseaux sociaux et dans l’opinion publique pour s’en être pris aux journalistes et à une en particulier, qui l’aurait décrit comme un aboyeur de service. « Sa femel-la, li’nn deza guet so figir ? Li’nn deza guet limem divan enn miroir ? Eski li vo pou enn femel lisien limem ? » a-t-il lancé, fustigeant les attaques personnelles dont il serait victime de la part d’une journaliste. Week-End fait le point sur cet acte de misogynie ordinaire.
La violente déclaration du Deputy Chief Whip de la majorité a provoqué une levée de boucliers, avec des réactions de tous bords politiques, gouvernement et opposition réunis, des mouvements associatifs et des membres de la profession journalistique, les femmes en tête. Le leader du ML, Ivan Collendavelloo, qui assume le Prime ministership en l’absence de Pravind Jugnauth du pays, flairant la polémique enflante, est intervenu très tôt le lendemain dans les médias pour présenter ses excuses et celles de son parti.
La veille, interrogé par les journalistes, il a tenté de justifier les propos de son poulain en disant qu’il comprenait la colère de Ravi Rutnah. « Li amerdé ar zournal », devait-il dire, concédant toutefois que, « de temps en temps, li décalé sa qualité bannla amerde li la. » Jeudi à la CWA, il a indiqué qu’il a parlé au député du N°7 et lui a conseillé de présenter ses excuses. Mais il a précisé que c’était au député de voir comment gérer cette crise. Le PM p.i. a aussi laissé comprendre que cette affaire serait certainement évoquée lors du prochain bureau politique du ML. À ce stade, il n’a pas encore discuté de la question avec le PM, Pravind Jugnauth.
Des excuses timides
Également présente lors du congrès de Trèfles du ML, la ministre de l’Égalité du genre avait alors estimé dans une première réaction qu’il s’agissait d’un « lapsus » et qu’elle en a discuté avec Ravi Rutnah lorsqu’il a repris sa place après son discours enflammé. Fazila Daureeawoo, a réagi plus vivement le lendemain. « Les propos du Deputy Chief Whip sont inacceptables et déplacés » et a soutenu que le député devait assumer ses propos et présenter ses excuses aux femmes.
De l’Assemblée générale des Nations unies, Pravind Jugnauth est intervenu en personne dans le débat à travers les ondes d’une radio privée, condamnant lui aussi vivement « les propos de Ravi Rutnah. » Selon lui, « c’est une aberration que des personnes utilisent toujours ce genre de langage. » Rappelant qu’il a lui aussi une épouse et des filles, il a conseillé à Ravi Rutnah de présenter ses excuses et indiqué qu’il compte certainement réclamer des explications au principal concerné lors de son retour.
Ce n’est que dans cette foulée que Ravi Rutnah a consenti à des excuses hésitantes et timides vis-à-vis des femmes en général et a retiré « en gentleman », selon lui, ses propos. Cependant, il n’a pas présenté ses excuses à l’encontre de la journaliste visée. Face aux propos de Ravi Rutnah, un front commun du monde politique et associatif a vu le jour dès le lendemain et a réclamé la démission du Deputy Chief Whip. Ce mouvement, dont le MMM et le PTr ne font pas partie – ceux-ci avait organisé leur propre conférence de presse -, a tenu à rallier les femmes de différents partis politiques afin de dénoncer non seulement Ravi Rutnah, mais aussi et surtout pour dire stop à l’ensemble des attaques misogynes des hommes politiques et des hommes en général.
LORSQUE RAVI RUTNAH VEUT MORDRE : Chronique d’un acte de misogynie ordinaire
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