NAVIN RAMGOOLAM : “Le PM aurait dû avoir révoqué Lutchmeenaraidoo”

L’exercice de mini remaniement ministériel effectué par le chef du gouvernement lundi dernier est “une confirmation que SAJ a perdu toute son autorité et prouve son incapacité à assumer son rôle de Premier ministre.” C’est ce qu’a déclaré le leader du PTr, qui animait une conférence de presse vendredi à l’issue du Bureau politique des rouges au Square Guy Rozemont.
Pour Navin Ramgoolam, les indicateurs démontrent une instabilité politique au sein du gouvernement et les “scandales” touchant l’ex-ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, envoient davantage de mauvais signaux aux investisseurs étrangers déjà réticents à venir à Maurice. S’il déplore la divulgation du secret bancaire dans cette affaire, il estime cependant que les preuves sont là. “Après 15 mois au pouvoir, la corruption du gouvernement Jugnauth pé installé au grand jour”.
Pour le leader des Rouges, le fait qu’il y a une enquête de l’ICAC sur son prêt bancaire de 1,1 million d’euros aurait dû conduire Vishnu Lutchmeenaraidoo à démissionner. Or, note Navin Ramgoolam, tel n’est pas le cas, et pire, il a été nommé aux Affaires étrangères car, “SAJ veut protéger son clan familial”. “SAJ pé oblizé aval tou kalité koulev pou asir l’intérêt familial”. Et de s’interroger : “Alors que tout le monde sait que SAJ est un Premier ministre part-time, comment une personne qui ne peut pas assumer son rôle de Premier ministre assumera-t-elle le rôle de ministre des Finances ?”
Pour le leader du PTr, le Premier ministre aurait dû révoquer Vishnu Lutchmeenaraidoo comme ministre des Finances et non le muter aux Affaires étrangères après son absence du Conseil des ministres pour cause de maladie. Il se demande également “comment un ministre qui a dit qu’il est épuisé occupera le poste de ministre des Affaires étrangères ?”
Navin Ramgoolam déplore par ailleurs la situation du “law and order”. Une situation qui se dégrade de jour en jour, dit-il, ajoutant qu’alors que le gouvernement avait promis de créer 25 000 emplois, c’est le chômage qui prédomine. Rappelant que l’Alliance Lepep avait promis qu’elle aurait une “Dream Team Economic” lors de la dernière campagne électorale et qu’elle assurera  un deuxième miracle économique, le leader des rouges estime qu’aujourd’hui “c’est un désastre économique qui guette le pays”.
 Abordant le prêt bancaire de Vishnu Lutchmeenaraidoo dans les détails, le leader du PTr a souligné les nombreuses zones d’ombre. Mais s’il déplore la fuite des documents bancaires concernant l’ex-ministre des Finances indiquant que cela porte préjudice à la réputation de Maurice sur le plan financier et international, il rappelle toutefois au passage que, dans son cas, le gouverneur de la Banque de Maurice, Ramesh Basant Roi, n’avait pas pris une telle position ferme pour condamner les fuites concernant les transactions bancaires relatives au MMM ou à la famille Rawat.
S’appuyant sur les procédures bancaires, Navin Ramgoolam avance que cela ne fait aucun doute que sous la Prevention of Corruption Act (POCA), le prêt à la SBM par Vishnu Lutchmeenaraidoo n’est ni moral ni légal. Pour Navin Ramgoolam aucune comparaison ne peut être faite entre son prêt bancaire à lui, et celui de Vishnu Lutmeenaraidoo. Il soutient que dans son cas, son loan était enregistré avec de sa maison comme garantie, et qu’il s’acquitte des intérêts. Ce qui n’est pas le cas pour l’ex-ministre des finances, dit-il, estimant que plusieurs questions méritent d’être posées entourant cet emprunt : “Combien Vishnu Lutchmeenaraidoo a-t-il réellement demandé à la SBM ? Quelle quantité d’or a-t-il achetée ? Comment a-t-il acheté cet or ? Où est cet or ?”  Il fait ressortir que “quand vous achetez de l’or, il faut payer en dollars. Pourquoi a-t-il contracté un prêt en euros ?”
Le leader des rouges s’interroge également sur le timing de certaines décisions dans le cadre du projet Yihai Smart City. Il relève la coïncidence que l’incorporation de Yihai Smart City s’est faite quatre jours suivant l’octroi d’un loan de la SBM à l’ex-ministre des Finances, alléguant que des contreparties financières ont pu être données en échange de certains feux verts administratifs. Ramgoolam a également évoqué des contrats que des proches de Vishnu Lutchmeenaraidoo auraient obtenus auprès d’entreprises d’État sans aucune procédure.
Face à ces “scandales”, le PTr réclame la démission immédiate de Vishnu Lutchmeenaraidoo. “Il aurait dû le faire au nom de la démocratie”, estime Navin Ramgoolam. Dans cette éventualité, le PTr se dit prêt pour des partielles au N°7. “S’il y a une élection, le PTr sera dans la course. En temps et lieu, nous donnerons le nom de notre candidat”. Pour mieux se positionner, le PTr organise ce vendredi un congrès à Rivière-du-Rempart dans la circonscription du Premier ministre et de l’actuel ministre des Affaires étrangères.

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