PARLEMENT : Le barachois en héritage

Pas moins de Rs 155 millions pour le consultant Stree sélectionné sans appel de  candidatures ?L’époux de Sandhya Boygah obtient le barachois de Poudre d’Or gratuitementUne Private Notice Question (PNQ) et une autre question plus tard sur Heritage City adressées au ministre Roshi Bhadain qui a répondu à la place de son collègue Vishnu Lutchmeenaraidoo, absent du Parlement, ont donné lieu à de nouvelles tentatives d’explications laborieuses du ministre qui a néanmoins dû révéler, sur l’insistance de Paul Béranger, que l’obscure firme Stree Consultant sélectionnée sans appel de candidatures percevra la coquette somme de Rs 155 millions ; le scandale du barachois de l’Etat accordé gratuitement par le ministère de Prem Koonjoo à l’époux de sa colistière, la PPS du MSM ; les arrestations sélectives dans l’affaire BAI. Autant de thèmes martelés par l’opposition que le gouvernement, divisé, a eu bien du mal à maitriser. C’est le bilan de la séance de mardi dernier à l’Assemblée nationale.
C’est par un long historique commençant en 2003 que le ministre des Services financiers a entamé sa réponse à la PNQ du leader de l’opposition. On ne sait pas si c’est cela qui a rebuté Vishnu Lutchmeenaraidoo, mais son absence, alors que son collègue était au perchoir, n’est pas passée inaperçue.
Roshi Bhadain a, pour l’essentiel, repris ses arguments pour justifier ce projet de plus de Rs 25 milliards dont il n’a pu convaincre quant à son utilité et encore moins de son urgence. Sur certains aspects du financement, à part d’avoir évoqué la participation de banques commerciales à hauteur de Rs 2 milliards, le ministre a invoqué la confidentialité pour ne pas élaborer sur la participation de l’Arabie Saoudite et de l’Inde. Pour le reste, rien de bien nouveau a été apporté par le ministre, ce qui a eu pour effet que cela n’a pas atténué la très forte opposition exprimée sur ce projet coûteux pour le pays.
Pas encore tout à fait familier avec les us et coutumes de l’Assemblée nationale, le ministre de la Bonne Gouvernance s’est fait bêtement piéger par l’opposition qui a profité pour lui adresser une deuxième question à la même séance sur Heritage City, le ministre n’ayant pas indiqué qu’il répondait à la PNQ et la question y relative de Reza Uteem.
Après avoir renvoyé le député mauve à la PNQ, les questions supplémentaires ont commencé à pleuvoir, à commencer par cette astucieuse interrogation de Reza Uteem sur ceux qui paieront finalement les Rs 155 millions à Stree Consulting. Même s’il avait insisté plus tôt que c’est un accord de gouvernement à gouvernement, Roshi Bhadain a dit que c’est bien Heritage City Co. Ltd qui casquera.
Le parallèle avec Betamax
Perdant quelque peu son sang-froid, il renverra le député travailliste Ezra Jhuboo au projet de Smart City de sa famille à Cap Tamarin lorsque ce dernier évoquera les conditions normalement attachées au type de développement qu’est le Heritage City.
Et si plus tôt Roshi Bhadain donnait à penser que la participation de l’Arabie Saoudite et de l’Inde était acquise, il se montrera autrement plus nuancé après une question d’Aadil Ameer Meea qui voulait savoir combien serait repayé à ces pays sur les Rs 10 milliards consenties.
« There are two foreign States which have basically been approached and there are agreements in principle in terms of the financing with regard to that. As I have said this morning, this is confidential. I cannot go into the details at this stage », a répondu le ministre sans plus de précision, l’accord n’étant que « de principe ». Ce qui a provoqué quelques ricanements des bancs de l’opposition.
Reprenant le relais, Reza Uteem a dressé un parallèle entre Heritage City et Betamax à qui les paiements bénéficiaient d’une garantie gouvernementale. Mécontent de ce parallèle dressé avec Betamax dont il avait été un des pourfendeurs et qui a été à la base de la résiliation du contrat, Roshi Bhadain a dit que c’est le gouvernement, l’éventuel locataire, qui assurera les revenus de Heritage City.
Le ministre Roshi Bhadain sortira de ses gonds lorsque Shakeel Mohamed dira que le consultant indien responsable du projet de cybercité à Ebène est à la base du désordre dans cette agglomération. « What was wrong is how the Labour Party has given land to their cronies in the Ebene Cyber City.This is speculation ! This is spéculation foncière ! » lancera le ministre.
Bien qu’interrompu par les vives protestations des travées du PTr, le ministre poursuivra : « This is where land, which was bought for Rs 4-5 m.arpent, is now today being sold for Rs 20 m arpent, and this is where M. Naugah has been giving all the land which belongs to the State to all the cronies of the Labour Party ! You can’t compare that with all the corruption which has been going under the Labour regime ! ». Malgré une objection en bonne et due forme de Shakeel Mohamed, le ministre ne retirera pas ses propos.
Par contre, Roshi Bhadain continuera le marketing de son projet en parlant de « dancing fountain » de «Heritage Square where Mauritians will be able to go and hang around and it is being designed into a 24-7 structure concept. This development is coming through, it will happen in three years’time. This is the commitment that I have given to the Prime Minister and it will happen. Now, whether the Opposition likes it or don’t like it — they have a grievance procedure agenda — we have a governing agenda ».
Le Prime Minister’s Question Time sera, lui, marqué par l’interpellation de Shakeel Mohamed sur les écoutes téléphoniques qui viseraient autant les membres de l’opposition que certains du gouvernement. Si Sir Anerood Jugnauth a dit qu’il n’existe pas d’écoutes et que des exceptions n’existent que sur demande et autorisation des juges, le chef de file du PTr est venu avec moult détails sur un système d’écoute, du fourgon qui s’en charge, du lieu où se font les enregistrements, d’une mission effectuée en 2015 à Copenhague où des officiers du NSS auraient rencontré des « Israeli operatives » tout en ironiquement précisant qu’il ne parle pas de ceux du « KGB ».
« I’m not aware », dira le chef du gouvernement et ministre de l’Intérieur, soit la même réponse qu’il avait donnée à Veda Baloomoody qui voulait savoir si le président de l’ICTA s’est récemment rendu en Inde pour recruter trois consultants en écoutes téléphoniques.
Le même député obtiendra du PM que les demandes de naturalisation se font maintenant très rapidement contrairement à ce que faisait son prédécesseur qui avait, apparemment, laissé, 500 dossiers en souffrance. Shakeel Mohamed s’est intéressé au cas d’un certain Touati qui aurait obtenu la nationalité quelques jours seulement après avoir présenté un projet dans le sud alors que ce privilège lui a été refusé dans le passé pour des raisons de sécurité. « C’est comme ça que les choses doivent se passer », a répondu SAJ d’autant que la personne visée a investi une somme de Rs 100 millions dans l’immobilier.
Rs 100 millions pour 20 emplois
L’affaire BAI reviendra sur le tapis à la faveur d’une interpellation de Reza Uteem sur ceux arrêtés dans le volet d’un transfert de la Banque des Mascareignes à BA Investment. Si le Premier ministre a confirmé qu’il y a eu quatre arrestations dans cette affaire, l’auteur de la question s’est étonné que les directeurs que sont Saleem Beebeejaun et Swadeck Taher n’aient pas été inquiétés.
Rajesh Bhagwan en a rajouté une couche sur cette affaire en alléguant qu’il y aurait eu des ingérences dans cette affaire dans la mesure où Saleem Beebeejaun « has been actively campaigning for the MSM, for the municipal election and he is now an active Member of the MSM ». SAJ, interloqué, « I always thought it was otherwise because he was a staunch Labourite ».
La demande a été faite en mai 2015 et approuvée en septembre de la même année. Mauricoast de M. Boygah, époux de la PPS du MSM Sandhya Boygah a bien obtenu gratuitement pour cinq ans le grand barachois de Poudre-d’Or d’une superficie de 54 hectares pour un projet d’aquaculture. Le ministre de la Pêche a ainsi répondu à une double question dans ce sens de Shakeel Mohamed et de Rajesh Bhagwan.
Prem Koonjoo a tout fait, surtout dans la légèreté, pour justifier cette affaire.
Pressé de questions par les mêmes députés, le ministre, toujours à court de réparties, sortira quelques perles du genre « the Barachois are the property of the Government and we don’t make publicity for that ».
Quant à la question de Ravi Rutnah, du ML qui croyait obtenir une réponse très éclairante sur le nombre d’emplois qui sera créé avec ce projet, le ministre s’est contenté de dire qu’avec les Rs 100 millions qu’est censé investir le promoteur, c’est un peu plus de 20 emplois qui sont concernés.
Les réponses aux questions des députés de l’opposition sur l’utilisation des biens de l’Etat comme garantie auprès des banques, ou encore d’un service « tapis rouge » n’a été l’objet d’aucune clarification de la part du ministre qui s’est contenté de dire que « when five years are over, we will definitely look into that ».

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