Plaintes sur plaintes à “leur” police : Les petites natures de la politique

-Après Tania Diolle, c’est Kalpana Koonjoo-Shah qui a dénoncé des commentaires faits sur elle -Deux internautes, Seetulsingh Meetoo et Karishma Randhay, déjà condamnés pour propos contre Pravind Jugnauth

Comment faire taire ceux qui se défoulent sur la toile en tournant en dérision, avec finesse parfois, mais avec, souvent, un humour un peu salace et parfois vulgaire? En multipliant les dénonciations à la police. Jeudi, l’internaute Farhiha Ruhomally a été arrêtée suivant une plainte faite par la PPS Tania Diolle et, le même jour, la ministre des Droits de la Femme, Kalpana Koonjoo-Shah, avait, elle aussi, dénoncé à la police des commentaires faits sur elle sur les réseaux sociaux.

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Farhiha Ruhomally a été relâchée le même jour après avoir fourni caution et reconnaissance de dette. Le post reproché à l’internaute n’est pas récent, il concerne la reproduction d’une capture d’écran d’un post de la Parliamentary Private Secretary Tania Diolle, où elle s’autocongratulait après une intervention à l’Assemblée nationale.

D’autres ont fait pire et ont, avec raison, repassé la déclaration faite par Tania Diolle sur le Metro Express lors de la manifestation organisée par Arvin Boolell où elle se montrait très critique vis-à-vis de ce projet au même titre que son colistier des dernières élections générales, Kavi Ramano, qui avait même dénoncé des méthodes “barbares” avec des structures qui se situent à un mètre des résidences de ses mandants de Quatre-Bornes.

D’autres encore se sont amusés à repasser en boucle les propos de Jack Bizlall lors d’un débat dans le cadre de la campagne pour la partielle du No 18 en décembre 2017, où le candidat traitait son adversaire “d’opportuniste”. Cette analyse prend aujourd’hui des allures de prophétie, compte tenu du comportement de la PPS depuis qu’elle siège au Parlement.

La protégée d’Alan Ganoo n’est pas à ses premières frasques. Elle avait monté une cabale contre Joanna Bérenger lors de la campagne pour la partielle de Quatre-Bornes en faisant croire que l’actuelle députée du No 16 avait critiqué son statut d’orpheline de père, alors que la première n’avait fait que dire avoir “la chance d’avoir un père comme Paul Bérenger”.

Comme elle était la mascotte alors des radios et d’une partie de la presse, l’affaire avait pris une dimension considérable. Joanna Bérenger avait été descendue en flammes un peu partout et sur le site de l’express, surtout, où les commentaires les plus racistes et dénigrants avaient été publiés. Mais elle n’a pas jugé utile, elle, d’aller pleurnicher aux Casernes centrales.

Quant à Mme Koonjoo-Shah, on ne sait pas trop de quoi il retourne, on sera un peu plus avancé lorsque la police, à 10, 12 ou 15, débarquera chez la personne visée au petit matin. On espère seulement que ce n’est pas une petite blague sur la “fille de la baleine qui n’existe pas nos eaux” qui a heurté la sensibilité de l’élite du No 7. Mais on ne sait jamais

La bande sonore

Ces deux affaires suivent celles initiées par le Premier ministre et leader du MSM lui-même, très allergique aux critiques et autres commentaires sarcastiques faits à son endroit. Il est d’ailleurs connu pour n’avoir aucun sens de l’humour et d’être toujours crispé, voire coincé.

Toujours est-il qu’il a obtenu deux condamnations à ce jour, celle de Seetulsngh Meetoo qui a, en février 2019, écopé d’une amende de Rs 75 000 pour “annoyance” après avoir partagé la fameuse bande sonore sur une conversation entre un individu et le couple Jugnauth senior sur les moeurs des proches de Pravind Jugnauth junior qui avait alimenté la campagne électorale de 2014.

Cette semaine même, le 21 juillet dernier, Karishma Randhay a été trouvée coupable d’avoir, en janvier 2018, provoqué une “inconvenience to a person”, Pravind Jugnauth en l’occurrence. Elle est en attente de la sentence qui dépendra des plaidoiries à venir des avocats des deux parties le mercredi 29 juillet. Son tort à elle, c’est d’avoir partagé une vidéo du Premier ministre qui circulait sur un site pour adultes et qui, là aussi, tournait en dérision le chef du gouvernement.

Rachna Seenauth, l’ancienne secrétaire de la présidente Ameenah Gurib-Fakim, n’est, elle, pas restée les bras croisés après son arrestation en plein confinement et sa détention pendant toute une nuit le 18 avril dernier. Elle a déposé une plainte le 22 avril réclamant Rs 20 millions à l’Etat, à Kaushik Jadunundun, un agent du MSM casé à l’ICTA, et au commissaire de police pour violation de ses droits constitutionnels.

Elle avait été interpellée pour avoir partagé un post ironique sur Pravind Juganuth selon lequel toutes les sommités du monde recherchaient l’avis du Premier ministre sur comment gérer la pandémie de la Covid-19 accompagné de quelques jurons du bon cru mauricien.

Le Premier ministre avait même produit une copie de ce post sur la table de l’Assemblée nationale dont un but, aujourd’hui encore, reste à être éclairci. A moins que ce ne soit la manifestation d’une paranoïa propre aux personnes qui n’ont aucune confiance en elles mêmes.

Plus récemment, le 9 juillet, ce fut au tour de l’ancien ambassadeur à Madagascar, Ravin Lochun, d’être arrêté pour des commentaires ajoutés à un photo-montage sur le Premier ministre après que ce dernier a porté plainte à la police. Agé de 74 ans, il devait passer la nuit en cellule mais dut être admis à la clinique St-Jean et fut traduit en cour de Rose-Hill le 10 juillet et obtint la liberté conditionnelle contre une caution de Rs 8,500.

Voilà des personnes, le Premier ministre et ses acolytes, qui ont décidé de se jeter dans l’arène publique et qui se révèlent être des petites natures face à la première critique sarcastique qui les vise. Incompréhensible!

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