ReA réclame la reconnaissance de l’acte de résistance d’Anna de Bengale

Selon le parti de gauche, en mettant le feu au fort des Hollandais, cette femme « esclavée » a jeté les bases de la revendication et de la liberté.

Cette année encore, Rezistans ek Alternativ (ReA) a choisi de commémorer l’abolition de l’esclavage au Fort Frederik Hendrik, à Vieux-Grand-Port. Ce lieu étant considéré par le parti comme étant symbolique de la première revendication des travailleurs, car le 18 juin 1695, Anna de Bengale et ses compagnons y avaient mis le feu pour protester contre leurs conditions. ReA plaide pour une meilleure reconnaissance de cette page de notre histoire.

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Pour Stefan Gua, « il est important de se réapproprier l’histoire ». Car celle que l’on retrouve dans les livres, « n’est pas toujours vraie ». Ceux qui ont subi l’oppression, dit-il, ne maîtrisaient malheureusement pas l’art de l’écriture. « Ceux qui ont raconté l’histoire ne l’ont donc pas raconté du point de vue des opprimés. Nous avons hérité des écrits qui ne traduisent pas nécessairement la vérité. Il faut inscrire notre histoire comme celle de la classe ouvrière. »

Pour ReA, Anna de Bengale, femme esclavée, et ses compagnons sont à l’origine du premier acte insurrection des travailleurs. « J’insiste sur le mot esclavée, car personne ne naît esclave. On a fait d’eux des esclaves. L’action d’Anna de Bengale a jeté la base de la revendication à Maurice. Les attaques contre les Hollandais continuaient. C’est ce qui les a poussés à quitter le pays. »

Clency Bibi, de la GWF, est, lui, d’avis qu’économiquement parlant, il y a encore des esclaves. « Même dans les maisons, l’esclavage existe encore. Il y a des femmes qui sont esclaves de leurs maris. Il faut comprendre que tout le monde est égal. » Et de rappeler que la GWF a mené bataille pour la libération des travailleurs depuis sa création.

Il a également insisté sur la reconnaissance de l’histoire, surtout de ceux ayant résisté. Il a ainsi cité l’exemple de Mme Françoise, qui a organisé la rébellion à Grande-Rivière-Sud-Est, ou encore de Ratsitatane, dont la statue, à Camp-Yoloff, mérite selon lui d’être restaurée. « Un peuple sans histoire est un peuple sans âme. C’est pourquoi nous insistons sur l’importance d’une Route des esclaves, qui passera par les lieux de mémoire, allant de Pamplemousses à Trou-Chenille. »

Rashid Imrith s’est également appesanti sur le rôle d’Anna de Bengale dans l’histoire et sur la manière dont son acte a donné l’expression créole “Dife Bengal”. Et de préciser qu’on « n’apprend pas ces choses-là dans les livres d’histoire ». D’où le devoir de mémoire, dit-il. Selon lui, l’État mauricien « doit également reconnaître l’esclavage comme un crime contre l’humanité, et que cela fasse partie de notre Constitution ». Il plaide également pour que ceux qui se sont battus pour la liberté, comme Anna de Bengale, « soient reconnus comme des héros nationaux et des défenseurs des droits de l’homme ». Et d’insister pour finir sur le rôle des femmes dans la lutte pour la liberté.

Virginie Parisot a également évoqué l’importance de la contribution des femmes dans les combats. Elle a invité à continuer à lutter contre les injustices et à inculquer aux jeunes que les femmes « ne sont pas seulement faites pour rester à la maison ».

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