9 YEAR-SCHOOLING: Les enseignants des écoles catholiques sceptiques

Si le Bureau de l’Éducation Catholique (BEC) a, de manière générale, accueilli favorablement le projet de Nine-Year Schooling, les deux syndicats d’enseignants du primaire (UPST) et du secondaire (SPSTU) catholique, respectivement, sont loin d’abonder dans le même sens. Reconnaissant que la réforme en profondeur du système éducatif mauricien est nécessaire et que neuf ans d’éducation de base – sans, toutefois, une interruption à la 6e année par un examen national – seraient appropriés, les deux syndicats ont émis des réserves sur le plan de refonte lors d’une rencontre avec des parents d’élèves du secteur confessionnel catholique, hier après-midi.
S’agissant des positions du BEC sur le projet, Lysie Ribot, présidente de la Secondary and Preparatory School Teachers and other Staff Union, a laissé comprendre que le communiqué, publié le 21 août dernier et dans lequel le bureau affirmait son soutien au Nine-Year Schooling, ne reflète pas le sentiment des enseignants du secteur catholique. D’ailleurs, selon Lysie Ribot, la SPSTU présentera son memorandum sur le Nine-Year Schooling au BEC, cette semaine. Pour le syndicat, il existerait de “bons points” dans le plan de la réforme qui pourraient être appliqués dans le système actuel, sans pour autant s’engager dans une refonte précipitée.
Les syndicalistes, dont Clency Kelly, président de la Union of Primary School Teachers, et Maryse Planel (SPSTU), ont exprimé leur étonnement face à l’absence de projet dans le secteur du pré-primaire et des enfants à besoins spéciaux. Reprenant chaque étape du plan, Lysie Ribot a rappelé que le projet de la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, “ne résoud pas les trois cancers qui rongent le système éducatif”, notamment la compétition à outrance, l’admission en Form I et les leçons particulières. “La réforme ne rend pas l’enfance à nos enfants!”, a-t-elle fait ressortir. Avec un futur système axé sur des examens, le projet de la ministre de tutelle, selon les syndicalistes, ne vise pas le développement intégral des apprenants, mais met l’accent sur l’aspect académique de l’éducation. Le plan, avancent-ils, n’a pas revu le pupil/teacher ratio et a occulté les problèmes de violence, d’absentéisme et d’indiscipline. Les représentants des enseignants des écoles catholiques estiment que le Certificate of Primary Education ne sera pas éliminé. “Le CPE ne disparaîtra pas, il sera remplacé par le Primary School Achievement Certificate. À nos yeux , il n’y a eu qu’un changement d’appellation. Le PSAC a le même but que le CPE, lequel est un agent de sélection et d’admission en secondaire.”
Ces derniers se sont aussi posé des questions sur le contrôle continu: “Est-ce que le contrôle continu sera standardisé, par qui, sous quelle forme et dans quelle langue?” S’agissant de ce sujet, les écoles en Zone d’Éducation Prioritaire et celles du mainstream ne seront pas égales, disent-ils, avant de relever la répartition inéquitable des collèges (selon leur niveau) dans les quatre zones. Les syndicalistes s’interrogent sur le mode d’attribution des collèges, de différents niveaux, aux enfants ayant obtenu les mêmes et meilleurs grades. “Aura-t-on recours à une liste de ranking déguisé pour départager les élèves?”, se demandent-ils. Convaincus que la réforme encouragera la compétition régionale, ils n’excluent pas l’émergence de nouveaux stars colleges. Pour que tous les collèges privés et d’État qui admettront en Grade 7 soient du même niveau, les syndicalistes réclament le même per capita grant pour tous. Pour ce qui est des enfants en situation d’échec après le Grade 6, ils affirment qu’une année supplémentaire, préconisée par la réforme, ne sera pas suffisante pour les remettre à niveau.
Avec l’examen national en Grade 9, les syndicalistes craignent la course aux leçons privées pour les élèves en  Grades 7 et 8, respectivement (équivalent de Form I et II). Siégeant au comité mis sur pied pour la révision du curriculum dans le cadre de la réforme, Lysie Ribot et Maryse Planel se disent sceptiques sur l’avancement du dossier. “Nous avons eu deux réunions avec la Mauritius Institute of Education, mais nous ne savons toujours pas comment se dérouleront les examens en Form III (ndlr: Grade 9) et les matières qui seront à l’épreuve. On nous a présenté un plan de réforme approximatif”, dit Lysie Ribot.
Cette dernière a expliqué que l’introduction d’Académies spécialisées, appelées à devenir des centres d’excellence, entraînera la catégorisation des enseignants. L’attribution de bourses pour les élèves de collèges régionaux a fait aussi l’objet d’interrogations. Selon les intervenants, la ministre n’a pas précisé si avec les nouvelles bourses introduites, celles octroyées traditionnellement par l’État, seront réparties auprès des étudiants des académies uniquement ou seront ouvertes à tous les candidats concourant aux examens du Higher School Certificate.
À l’issue de cette réunion, des parents ont exprimé leurs inquiétudes portant essentiellement sur le curriculum et l’admission en Grade 7. Mais certains ont aussi exprimé leur désir de se faire entendre car, que ce soit de leur côté ou de celui des syndicats, l’impression demeure que le ministère de l’Éducation a choisi ses interlocuteurs et occulté la voix des parents.

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