AAPRAVASI GHAT: Musée à ciel ouvert, Une réplique des villages de 1866

L’Aapravasi Ghat Trust Fund (AGTF), sous l’égide du ministère des Arts et de la Culture, propose depuis hier la visite guidée d’un village reconstitué des immigrants de 1866. Ce musée à ciel ouvert à proximité de l’Aapravasi Ghat (AG), site classé patrimoine mondial de l’UNESCO, restera accessible au public durant deux mois.
Construit sur le site du bâtiment ayant anciennement abrité la State Trading Corporation (STC), le village reconstitué a pour objectif de donner l’occasion aux Mauriciens et touristes de découvrir certains aspects de cette vie d’antan. En se rendant sur les lieux, le visiteur est ainsi frappé par cette incursion dans un autre temps à travers le décor et la présence d’hommes et de femmes vivant un mode de vie ancien. De véritables tableaux vivants puisque ces derniers vaquent à des occupations telles que les faisaient nos ancêtres immigrants.
Une femme tenant un matki (NdlR : pot d’eau fabriqué en terre cuite) entre les mains va chercher de l’eau. Deux autres assises dans une hutte écrasent des graines dans un jantha alors qu’une adolescente joue à la marelle dans une petite cour devant sa maison. Sous un arbre, deux hommes âgés se relaxent, une statue grandeur nature porte le nombre à trois. L’un d’eux fume une énorme feuille roulée. Une odeur de bouse de vache monte au nez du visiteur. Celle-là même qui a longtemps habité les narines des générations de Mauriciens. L’on se rendra vite compte que, par endroit, l’on en a utilisé pour maçonner le sol.
Véritables acteurs, ces hommes et femmes se côtoient créant une certaine intimité qu’il est difficile de briser. Le lien est tissé, le village vit. Lorsque le visiteur leur pose une question, que ce soit en kreol ou en français, la réponse arrive en bhojpuri, la langue maternelle des descendants d’immigrants indiens. Langue qu’ils utilisent aussi dans leur jeu de scène.
Sincères dans leur démarche, ils incarnent leur rôle jusqu’au bout, à l’instar d’une des femmes qui traverse le village pour aller à la boutik sinoi. Elle va même jusqu’à discuter avec le boutiquier, une statue grandeur nature, sans se soucier du visiteur qui l’observe.
Sous un autre toit, le visiteur est captivé par la relation entre les voisines. Une femme d’un certain âge berce un bébé alors que « la maman », s’adonne à ses tâches quotidiennes. Elle plie les vêtements du bébé.
Différentes musiques traditionnelles d’origine tamoule ou marathie pour ne citer que celles-là, apportent une valeur ajoutée à l’atmosphère. Cependant, la prestation des groupes, l’un non loin de l’autre en simultané ne permet pas d’apprécier à sa juste valeur chacune des musiques.
Une visite du village reconstitué, surtout en week-end, sera aussi l’occasion pour les Mauriciens de découvrir et de déguster des spécialités de différentes communautés. Le Torpon ou Idlee des tamoule ; le Palihora soit riz au tamarin, le ari selu ou le Dossa des télégous ; le gato ginzli ou le poutou chinois.
Par ailleurs, une ceinture abritant des huttes avant l’entrée du village présente les produits et services offerts par différents départements du gouvernement ou des centres culturels à l’instar des produits proposés par des femmes entrepreneurs sous le National Women’s Entrepreneur Council (NWEC) ou encore des vêtements et autres accessoires qui font partie intégrante de la communauté musulmane mauricienne par le Islamic Cultural Centre (ICC).
Après avoir traversé le village reconstitué, visite de l’exposition sur l’arrivée des immigrants indiens à Maurice et à La Réunion. Un éclairage sur Le Lazaret, endroit où pour la première fois les indiens avaient foulé le sol réunionnais. Documents et images d’archives de même que quelques pièces anciennes évoquent cette période.
Sur le site du patrimoine mondial, des statues d’hommes et de femmes grandeur nature ont aussi été installées.
Une visite guidée du village et de l’AG est proposée gratuitement durant deux mois. Les tableaux vivants et la vente des produits seront visibles surtout durant le week-end.

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