ACTION FAMILIALE : Lancement du projet Domestic Violence

L’association Action familiale, en partenariat avec le ministère de l’Égalité des Genres, du Développement de l’Enfant et du Bien-être de la Famille, a lancé hier matin à la municipalité de Port-Louis le projet Domestic Violence autour du thème : Prevention and Support to Victims. Agnieszka Kieniewickz-Duvergé, directrice d’Action familiale, indique que la campagne de prévention touchera toute l’île avec des affiches contre la violence dans le couple collées sur une quarantaine de bus, et renforcée par des émissions à la radio et à la télévision et une prise de conscience dans les écoles, les foyers, les entreprises basée autour de trois axes : volonté, détermination et croyance.
C’est en 1963 que feu le cardinal Jean Margéot introduit le concept de Action familiale, qui sera reconnu comme un Body Corporate en 1964 par le Parlement avec pour mission première de promouvoir une harmonie familiale et une stabilité au sein du couple. Dany Sauvage, actuelle présidente d’Action familiale, se félicite que la campagne pour l’éradication de la violence domestique ait eu l’aval du ministère de la Femme. « C’est un projet de prévention, de sensibilisation, d’aide et de soutien aux victimes. La violence domestique est un acte intolérable qui blesse. Il faut qu’il y ait une solide éducation de la famille. La famille, c’est l’école de la vie. Action familiale évolue dans les poches de pauvreté, dans les villes et les villages pour des formations sur les valeurs de la famille. »
Cinquante-cinq éducatrices et superviseurs accompagnent ces familles dans leur combat. À ce jour, indique Danny Sauvage, 4 135 couples ont reçu une formation. « Notre formation consiste à aider le couple à grandir tout en apportant tendresse et respect. Il faut aussi libéraliser la parole au sein du couple. » Elle se dit surprise par la réaction d’une femme : « Aster mo Misie guet mwa ek so lizie. » « Il faut aussi éduquer le couple à la paternité et à la maternité en lui donnant une forme de responsabilité. Nous avons neuf éducateurs chargés d’amener une prise de conscience dès l’école et le collège. Nous avions touché plus de 11 000 jeunes à travers notre enseignement grâce au programme d’éducation affective et sexuelle prôné dans les écoles, et nous avons aussi mis en place un programme pour les parents. »
« Faire de ce combat un projet social »
Agnieszka Kieniewickz-Duvergé, directrice de Action familiale, a mis l’emphase sur la maison familiale qui, dit-elle, devient le théâtre d’« un rapport de force, de souffrance, de menace et de crainte. » La violence domestique touche tous les milieux et ce combat, insiste-t-elle, devrait être celui de tous les Mauriciens et devenir « un projet social ». Il faut que l’on s’appuie sur une pédagogie de proximité, dit-elle, et les éducatrices doivent ainsi faire des accompagnements de ces couples à domicile. « L’éducation devrait débuter à un jeune âge. On a ciblé 1 800 élèves de divers collèges autour de six périodes scolaires pour les conscientiser et les sensibiliser à la non-violence. Il faut que chacun arrive à développer l’estime de soi tout en instaurant une relation homme-femme sans aucun rapport de force ».
Fazila Jeewa-Daureeawoo, ministre de l’Égalité des genres, devait saluer la présence d’hommes dans la salle du Conseil de la municipalité de Port-Louis, « un signe positif pour combattre la violence ». Elle a félicité Action familiale pour sa démarche, ajoutant que la violence « touche les femmes comme les hommes. Le combat ne concerne pas uniquement le gouvernement mais nécessite l’apport de tout un chacun. On ne peut plus banaliser la violence domestique, qui a un effet sur non seulement sur la victime, mais aussi sur l’économie du pays ».
Pour Fazila Daureeawoo, la dignité d’une victime a son prix. Pour entraîner une diminution des actes violents, rappelle-t-elle, la loi qui traite de la violence a été amendée. « La loi reconnaît la violence domestique comme un délit psychologique, économique… » Ainsi, l’amende pour un premier délit est passée de Rs 25 000 à Rs 50 000. Pour un deuxième délit, le coupable payera une amende de Rs 100 000. Au troisième délit, son auteur sera passible de cinq ans d’emprisonnement. « Changement la loi pas pu fer diferans, tout doit commencer au sein même de la famille. Il faut que les parents arrêtent de faire une différence entre les filles et les garçons. Un garçon devrait participer aux tâches ménagères… Il faut commencer à donner à une fille la place qui lui est due dans la famille. Il faut aussi apprendre à l’enfant à gérer ses émotions. »
La présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, s’est aussi associée à cette campagne de prévention. « Il faut saluer Action familiale pour ce projet de prévention qui s’adresse à toutes les familles mauriciennes. Il faut amener tout un chacun à développer ses responsabilités et en sus du dialogue, il faut amener un jeune à comprendre ce que signifie amour et sexualité qui ne devraient plus être considérés comme des sujets tabous. » Ameenah Gurib-Fakim prône une ouverture d’esprit entre les parents et les enfants. « Il faut s’ouvrir au dialogue et au respect. Le changement interviendra graduellement. Les femmes ne devraient plus subir la violence en silence, qui est une atteinte à leur dignité. Il faut combattre la violence par le respect de la femme. » La présidente rappelle que les statistiques indiquent qu’en 2016 il y a eu « 2 709 cas de violence domestique. Un cas de violence est un cas de trop. »
Par ailleurs, Action familiale a remis quatre rubans mauves à quatre de ses éducatrices pour sensibiliser sur la violence domestique. L’affiche du projet de prévention et d’encadrement aux victimes de violence domestique a été conçue par Yuri Bordelais, Managing & Creative Director de Hellodude, et Jason Lily de la même agence.

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