Dans le sillage d’un dénouement dans l’affaire des huit Bangladais d’Empire Professional Ltd qui n’avaient pas été payés jusqu’ici, la Confédération des travailleurs du secteur privé, par la voix de son secrétaire Reeaz Chuttoo, déplore que les lois du travail à Maurice ne sanctionnent pas le trafic humain dans l’emploi. Cela, malgré l’existence de certaines dispositions de la Combating of Traffic in Persons Act of 2009, de la Child Protection Act et de la Non-Citizens (Employment Restriction) Act.
« L’affaire de ces huit Bangladais, qui ont été arnaqués pour venir à Maurice et qui sont restés sans ressources ces deux derniers mois, est un exemple caractérisé d’un trafic humain (voir encadré). Malheureusement, malgré l’existence de certaines dispositions de la Combating of Traffic in Persons Act of 2009, de la Child Protection Act et de la Non-Citizens (Employment Restriction) Act, qui sont censées réprimer le trafic humain, ce dernier dans l’emploi n’est pas sanctionné à Maurice », a déploré le secrétaire de la CTSP, par la voix de son secrétaire Reeaz Chuttoo, au Mauricien. C’était hier à l’issue d’une rencontre entre les directeurs d’Empire Professional Ltd, les syndicalistes de la CTSP et les huit Bangladais. Cette réunion était présidée par le ministre du Travail, des Relations industrielles, de l’Emploi et de la Formation, Soodesh Callichurn.
Reeaz Chuttoo a rappelé que selon l’ONUDC, le trafic humain désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement, l’accueil de personnes par la menace, le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, l’enlèvement, la fraude, la tromperie, l’abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre à des fins d’exploitation.
« Les patrons d’Empire Professional Ltd ont déclaré devant le ministre qu’ils ont eux-mêmes été arnaqués, car un agent recruteur leur avait promis des ouvriers qualifiés dans la construction, mais, au retour, ce sont des personnes nullement compétentes qui sont revenues à Maurice en octobre dernier », soutient le syndicaliste.
En effet, lors de cette réunion d’hier, le patron de l’entreprise en question, Shaheer Gaungoo, a allégué qu’il a eu affaire à un agent recruteur mauricien ainsi qu’à un syndicaliste local (qu’il a nommément cité) pour recruter ces Bangladais. Il a affirmé avoir dépensé environ Rs 700 000. Cet employeur a aussi fait comprendre au ministre qu’il s’attendait à recevoir des ouvriers qualifiés en bâtiment, mais à la place ce sont des spécialistes en textile qui ont débarqué chez lui. « Ils ne me servaient à rien, et pourtant j’ai continué à payer leur nourriture », a-t-il ajouté.
Après discussions avec le ministre, les responsables d’Empire Professional Ltd ont accepté de rémunérer les huit Bangladais et de leur payer leur billet retour.
Le ministre Callichurn a, pour sa part, annoncé la suspension immédiate du permis de l’agent recruteur en question et l’institution d’une enquête sur les circonstances du recrutement des Bangladais. « Nous allons prendre des sanctions à la lumière de cette enquête », a promis le ministre du Travail dans une déclaration à la presse à la fin de la réunion d’hier.
Par ailleurs, Soodesh Callichurn a félicité l’employeur qui a accepté de payer les salaires dus aux Bangladais ainsi que leur billet retour. Mais, il a déploré que celui-ci n’ait pas accédé à sa demande de permettre à ces huit Bangladais de travailler pour une autre compagnie.
« C’est l’illustration parfaite montrant que nos lois ne permettent pas aux autorités de mieux protéger les travailleurs étrangers contre une exploitation éhontée », a commenté Reeaz Chuttoo.
Dans ce contexte, le syndicaliste a réclamé que des « Regulations » soient proclamées sous la Non-Citizens (Employment Restriction) Act pour mieux protéger les travailleurs étrangers contre l’exploitation des agents recruteurs ou des patrons peu scrupuleux.
AFFAIRE DES HUIT BANGLADAIS : Le trafic humain dans l’emploi n’est pas sanctionné à Maurice, selon la CTSP
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