AIDS CANDLELIGHT MEMORIAL : Nicolas Ritter (PILS), «Conjuguer nos efforts pour faire reculer l’extrême pauvreté»

Demain, pour la 9e fois, Maurice commémorera le AIDS Candlelight Memorial; une date observée dans le monde entier, chaque troisième dimanche de mai, depuis maintenant 31 ans. Instiguée chez nous par le travailleur social Danny Philippe, cette manifestation a pris tellement d’ampleur dans notre pays qu’elle a reçu une réverbération internationale; saluée par la communauté mondiale. Sous le thème « Gard enn lalimier alime lor sida », pour 2014, la commémoration de demain soir au village du Morne, dans l’ouest, est le moment d’établir un rapide bilan…
Selon le Stigma Index réalisé par le National AIDS Secretariat (NAS) l’an dernier, 82% des Personnes vivant avec le VIH (PVVIH) perçoivent un revenu de moins de Rs 6 200 par mois. Et 40% d’entre eux ne mangent pas à leur faim. «Un constat plus qu’inquiétant; car accablant !», déclare Nicolas Ritter, directeur de PILS. Il rappelle que «sans un salaire décent, un travail qui le permet justement d’avoir un revenu fixe, il va sans dire que le PVVIH ne peut vivre décemment et ainsi manger à sa faim ! Dans ces circonstances, comment prendre ses médicaments et suivre un traitement, consciencieusement ?» Dhiren Moher, activiste social et Den Ramsamy, également président de Vivre+, premier et unique réseau de Mauriciens vivant et affectés par le virus, font écho au directeur de PILS.
De fait, relève M. Ritter, «avec toutes les avancées réalisées par l’état, ces dernières années, de concert avec la société civile, avec la mise en place des programmes de Réduction de Risques (RdR), méthadone et échanges de seringues, notamment, et l’accès au traitement, les anti-rétroviraux étant gratuits, la décentralisation des services médicaux, entre autres, ce serait dommage qu’avec tous ces efforts fournis et tout l’argent injecté dans ce combat, les conditions d’extrême pauvreté dans lesquelles vivent un bon nombre de PVVIH demeurent un obstacle majeur.» D’où son appel «à tant la société civile que l’état de conjuguer nos efforts, identifier, avec les prestations déjà en place, les faiblesses, afin de faire, d’une part, reculer la pauvreté qui est source de problèmes, et de permettre, avec un ensemble de mesures, d’aider les PVVIH à mieux intégrer les traitements.»
Dans le même esprit, Den Ramsamy, président de Vivre+, souligne que «le regard de la société, la discrimination et la stigmatisation de même que les préjugés qui perdurent, associés aux obstacles que sont l’inaccessibilité à un emploi décent avec des conditions justes, freinent nombre de PVVIH à réintégrer la société !» Il pointe du doigt, notamment, «le fait que l’on « focus » sur la demande d’un certificat de moralité… Or, nombre de PVVIH sont des anciens toxicomanes. Et selon les lois actuellement en cours dans le pays, ces personnes ayant commis des délits — mineurs, pour la plupart — n’ont plus de certificat de moralité ! Et donc, équation : aucun employeur ne leur fait confiance !»
Notre interlocuteur rebondit sur cet argument, rappelant que «les PVVIH font partie des solutions aux problématiques leur concernant. C’est un fait qui a été établi sur le plan international et même ici. Cependant, cela prend du temps et l’on ne souhaite que faire avancer ce plaidoyer afin que plus de PVVIH puissent se sentir valorisés et utiles.»

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