Air Mauritius face à une nouvelle épreuve de crédibilité au plus haut niveau

•Le Board, qui s’est réuni d’urgence vendredi, a diligenté une enquête sur le CEO et le CFO sous le coup d’une suspension

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•Des employés pointent du doigt l’éternel recommencement d’abus en tous genres des Top Guns et le statut de victimes expiatoires à répétition du personnel

• Enquête aussi réclamée sur ceux qui ont participé et recruté les dirigeants indélicats de la compagnie

La réputation de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, est une nouvelle fois mise à l’épreuve après la précédente série de scandales à répétition ébranlant cette entité que fût le fleuron de Maurice à l’international. Cette fois, est venue se greffer l’annonce, par voie de communiqué à l’attention des membres du personnel vendredi, que le conseil d’administration avait interdit de ses fonctions le Chief Executive Officer (CEO) Krešimir Kučko et le nouvellement nommé Chief Financial Officer (CFO), Jean Laval Ah Chip, en attendant les conclusions d’une enquête par une partie indépendante de la compagnie aérienne nationale. En conséquence, le capitaine Alain Leung Hing Wah est propulsé en tant qu’Accountable Manager d’Air Mauritius. Laurent Recoura, directeur commercial, agira aussi en tant qu’Officer in Charge, et Shivaji Gunnesh aux fonctions intérimaires de directeur financier.

Cette réunion urgente du conseil d’administration, qui a agi rapidement et avec fermeté— ce qui n’est pas une marque de fabrique habituelle au Paille-en-queue Court— reposerait sur des faits non-confirmés que les Top Guns interdits auraient agi à l’encontre des procédures de bonne gouvernance au sein d’Air Mauritius. Le communiqué est très avare de détails derrière cet empressement de sanctionner ces deux cadres clés de la compagnie aérienne locale.

Des recoupements d’informations auprès de sources concordantes font état d’échanges de bons procédés, sous forme d’usage de facilités de villégiatures et autres offertes à Bordeaux, par une partie avec lesquelles MK  entretient des relations d’affaires professionnelles et commerciales.

Des employés, qui se sont confiés à Le-Mauricien ces derniers jours, commentent des allégations hantant les couloirs de la compagnie aérienne nationale. Ainsi, les suspensions de vendredi devraient être suivies par d’autres en attendant de vérifier des informations qui arrivent au conseil d’administration de MK. À Port-Louis comme à Plaisance du côté de l’aéroport, des initiés et des parties prenantes préoccupées élèvent la voix contre ce qu’ils considèrent comme étant des pratiques non-éthiques, devenues légion, au sein de la compagnie aérienne.

Le processus de nomination

Des nominations douteuses aux conflits d’intérêts en passant par des allégations de népotisme, la liste des préoccupations est longue. L’un des principaux points de discorde est le processus de nomination et de confirmation du personnel clé chez MK. Des questions ont été soulevées concernant l’étape de la Due Diligence effectuée avant ces nominations, ainsi que sur la transparence du processus de sélection.

Les critiques soutiennent que ces nominations ont peut-être été influencées par des facteurs autres que les qualifications et le mérite. Les employés souhaiteraient fortement que ceux responsables de ces exercices de nominations au plus haut niveau au sein d’Air Mauritius soient aussi sujets à des investigations du fait que la presse avait fait état, entre autres, du passif lourd du CEO suspendu.

Un groupe d’employés, souhaitant que MK devienne une compagnie normale, a adressé la missive suivante à la rédaction de Le-Mauricien concernant la nouvelle crise qui la secoue : « Very sad to see the costly show still going on. Absolutely no lesson learnt. Under whose watch? Keep enjoying the show and reacting endlessly. Who were involved in the appointment of those guys and their confirmation at MK? What due diligence was done prior? »

Transparence et conflits d’intérêts

Au cœur de cette controverse surgit l’appel à la transparence et à la responsabilité au sein de MK. Des sources avisées soulignent que, surtout en ces temps difficiles : « It’s no time for rejoicing or to play cheap politics. Nor to add fuel to fire and jump to unhealthy conclusion. In these challenging times in particular, it’s high time to stop fooling people with PR Stunts and Com exercises. Let action and clarity of vision and values speak louder. »

Les allégations de corruption et de pratiques douteuses ne font que saper la confiance dans l’institution. Dans ce contexte l’Internal Memo 188 du 22 août, signé du CEO Krešimir Kučko, interpelle au plus haut point. Élogieux à souhait vis-à-vis de Jean Laval Ah Chip – qu’il a nommé CFO – les procédures ont-elles été respectées ? Le CEO a-t-il eu l’aval officiel?

Une des questions particulières soulevées porte sur la nomination de l’Executive Vice-President  (Operations), occupant également d’importantes fonctions. Les critiques soutiennent que ce double rôle pourrait présenter des situations de conflits d’intérêts, car la personne en question est également un pilote actif. Par ailleurs, les agissements d’un membre du Board de MK, qui aurait des visées sur un établissement hôtelier dans l’océan Indien également dans le collimateur.

Inquiétudes

Dans la conjoncture, des lanceurs d’alerte se sont aussi manifestés pour mettre en exergue ce qu’ils estiment être des irrégularités au sein de MK. Ainsi, ils allèguent que “there is another issue brought to our attention whereby the son in law or son in law to be of a newly appointed director was given upgrading by that very same director. We are awaiting confirmation of evidence to probe further into such abuses. If proven, that would be another illustration of MK being Lakaz Mama’for some cronies. Surely more to come. Dare act now Hon Prime Minister and Board members …. or repent … for ever! »

Dans ce contexte de remise dans les affaires d’Air Mauritius, la protection en faveur des lanceurs d’alerte se révèle essentielle pour favoriser la dénonciation dans les règles d’actes répréhensibles si l’on souhaite un fonctionnement normal et professionnel de la compagnie aérienne nationale. Mais dans ce genre d’affaires, nul n’est à l’abri.

Que du « eyewash »

« All this remue-ménage can also be an eyewash of cleaning…. » laisse entendre un employé de longue date. Néanmoins, d’autres interlocuteurs font comprendre que le CEO Kučko était déjà dans le radar depuis fin juillet. Il aurait été recruté surtout pour l’achat des trois nouveaux avions, mais on laisse entendre qu’il n’est pas étranger au prétendu deal avec Qatar Airways pour la location onéreuse des Slots, renoncés par Air Mauritius à Heathrow.

Entretemps, il avait finalement rencontré les représentants des syndicats, dont  ceux de l’AMCCA, malgré la conjoncture du litige avec la présidente Yogita Baboo ! De quoi se mettre à dos des membres du Board. De même, Alain Leung aurait déjà fait l’objet de mesures disciplinaires dans le passé en compagnie d’un ancien pilote très connu dans une affaire d’équipements informatiques.

Alors que Maurice fait face à cette tourmente interne au sein de sa compagnie aérienne nationale, l’appel à la transparence, à la responsabilité et à un leadership éthique est désormais une condition Sine Qua Non. Un ex-employé parle « d’Ali Baba et des 40 Voleurs » pour Air Mauritius où ce sont des recrues du Holding qui sont les plus controversées car selon lui à MK, « plis ou fane plis ou monte! » .

En haut lieu, la crainte est que la compagnie aérienne nationale puisse ne pas survivre à un autre gros scandale. Les allégations de mauvaise gestion et de corruption doivent donc être soigneusement examinées, et ceux qui seront reconnus coupables devront en assumer les conséquences.

En fin de compte, l’avenir de MK et son rôle à Maurice dépendront de la capacité à aborder et à rectifier les paramètres ayant donné lieu à cette nouvelle zone de turbulences…

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