Le moral vole de plus en plus bas chez les employés d’Air Mauritius, tandis que leurs représentants continuent les négociations. Les pires spéculations assombrissent leurs horizons, alors que les uns et les autres ont compris qu’il leur faudra réadapter leur niveau de vie et leurs projets à la nouvelle conjoncture.
Des décisions qui impactent directement sur les individus et sur leurs familles respectives, alors que les décisions sont attendues avec impatience. Le désespoir se fait de plus en plus ressentir chez certains, tandis qu’ils déplorent aussi les tentatives de dévier les attentions des vrais problèmes pour tenter de les faire porter le chapeau de la chute de la compagnie nationale d’aviation.
« Au bout de plus de 20 années de service comme cabin crew, je me retrouve aujourd’hui avec Rs 44 370. Il s’agit de mon salaire de base qui ne comprend pas les flying hours d’environ Rs 7 000 à Rs 10 000 et sans les allocations pour le vols effectués. On peut trouver mon salaire gros, mais cela comprend d’énormes sacrifices que je fais par rapport à ma famille. Et aujourd’hui, avec uniquement un salaire de base, puisque nous ne volons pas et ne savons pas jusqu’à quand cette situation perdurera, la situation est catastrophique », explique A.D., employé chez Air Mauritius. Son cri du coeur fait suite à l’étalage fait dans les médias quand aux salaires touchés par le personnel navigant qui auraient contribué à plomber l’aile du Paille-en-Queue.
« D’une part, notre salaire est un dû quant au travail que nous effectuons et aux sacrifices que nous devons faire, notamment par rapport à notre famille. Et d’autre part, il s’agit d’une décision prise par le management de nous accorder ces sommes. C’est aussi la direction qui décide combien de personnes employer. Aujourd’hui, nous ne pouvons être tenus responsables des pertes de MK », dit-il. D’autant qu’en tenant compte que la totalité des salaires pour le personnel navigant, incluant les chief cabine crew principal, le chef de zone, et les cabine crew, cela équivaut à 1,3% seulement des dettes de la compagnie d’aviation nationale.
Depuis la mise sous administration volontaire, A.D. comme plusieurs de ses collègues sont préoccupés. « J’en ai perdu le sommeil. Je suis inquiet car je ne sais pas où l’on va. Nous ne savons pas ce qu’il adviendra de la compagnie et encore moins de nous. Nous avons accepté, en concertation avec le syndicat, de faire des sacrifices, mais cela équivaut aussi à un changement de vie pour nous », dit-il. Avec trois enfants à charge, il lui faudra réadapter le niveau de vie de sa famille et ses projets en fonction de la nouvelle conjoncture. Dans un premier temps, ce sera notamment l’éducation des enfants qui fera les frais. « Mes enfants sont scolarisés dans le privé. Je vais devoir les transférer d’école », dit A.D. Mais le cursus de l’éducation nationale n’étant pas le même que celui du privé, la question de financement reste entière. « Avec une baisse de salaire, comment fera-t-on avec trois enfants ? » se demande ce cabin crew.
Actuellement, note le personnel navigant, il y a une stratégie ou plutôt une non-stratégie de communication qui inquiète davantage qu’elle ne rassure. « Nous entendons toutes sortes de choses, comme quoi il y aura un rachat, ou encore un dégraissage d’au moins 200 employés Cela est inquiétant. Quand on sait que nous avons tout donné à cette entreprise, il est difficile d’accepter qu’une entreprise qui a 50 ans au compteur piquerait du nez du jour au lendemain », disent les employés qui ont le moral est au plus bas. L’incertitude les faisant penser au pire.
Air Mauritius sous administration volontaire
Patrick Lile, président de la MALPA : « Les pilotes de MK prêts à faire d’importants sacrifices »
En marge du plan du gouvernement pour « sauver Air Mauritius », les représentants syndicaux des employés d’Air Mauritius, qui ont rencontré un des administrateurs nommés, Sattar Hajee Abdoula, la semaine dernière, ont soumis une série de propositions pouvant mener à une économie d’au moins Rs 460 M. Dans ce contexte, le nouveau président de la Mauritian Air Line Pilots Association (MALPA), Patrick Lile, fait ressortir que les employés, dont les pilotes, sont prêts à faire d’importants sacrifices pour sauver les emplois. Dans une déclaration, Patrick Lile indique : « Nous faisons face à une menace de licenciements. Les pilotes d’Air Mauritius se serrent les coudes et sont prêts à faire d’importants sacrifices sur le revenus pour minimiser la perte d’emplois dans toutes les catégories de la compagnie. » Ce faisant, les employés espèrent donner à Air Mauritius la marge financière nécessaire à sa restructuration en toute sérénité pour qu’elle reprenne son envol dans les plus brefs délais, dit-il. La MALPA rappelle par ailleurs qu’en ces temps difficiles de Covid-19, c’est le personnel navigant qui se met en avant que ce soit pour l’acheminement du matériel médical ou pour le rapatriement des Mauriciens bloqués à l’étranger. « Nous sommes parfaitement conscients de la situation difficile de la compagnie et comme des acteurs responsables, nous sommes prêts à discuter des solutions ensemble pour la compagnie d’aviation nationale et pour Maurice », dit Patrick Lile.