AIR MAURITIUS : Sortir du « small airline syndrome »

C’est ainsi que le président du conseil d’administration d’Air Mauritius, Arjoon Sudhoo, définit la nouvelle stratégie de la compagnie. Avec le renouvellement de la flotte qui a débuté par la réception du premier A350-900, Air Mauritius veut jouer dans la cour des grands. Six avions du même type et deux A330-Neo sont attendus d’ici 2023. Ils remplaceront les A340, qui seront vendus. Air Mauritius souhaite, avec ces nouveaux avions, reconquérir certains marchés et en pénétrer de nouveaux.
« Si on veut être compétitif, il faut avoir un produit qui corresponde à nos ambitions. » C’est en ces termes qu’Arjoon Sudhoo explique le choix des A350 pour le renouvellement de la flotte d’Air Mauritius. Pour lui, ces avions représentent une vraie valeur ajoutée pour les clients de MK. Avec six nouveaux A350-900 et deux A330-Neo, la moyenne d’âge de la flotte passera de 14 ans à 8 ans. « Maintenant on est prêt pour la compétition sur un pied d’égalité. On doit sortir du “small airline syndrome” ».
Le directeur d’Air Mauritius, Somas Appavou, explique, lui, les atouts de l’A350. « Les sièges sont plus espacés, donc plus confortables pour les passagers. En classe affaires, il y a des flat beds. La cabine est humidifiée à 20 %. Pour le contrôle de la température, il y a des capteurs partout. Cela permet de garder la température ambiante à un niveau correct. La température varie, car là où il y a moins de personnes, il y a moins de possibilité que cela se réchauffe. Cela donne donc des températures variables d’une cabine à une autre. »
L’A350, qui est de la catégorie “Extra Wide Body”, pèse 280 tonnes, et dispose de moteurs Rolls Royce. Le bruit à l’intérieur est le quart d’un avion traditionnel. La technologie à bord est le dernier cri. Pour les passagers, le wifi est disponible dans les deux classes. L’avion peut transporter 298 passagers en classe économie et 28 en classe affaires.
Les ailes sont différentes des avions traditionnels. « Cela a été fait dans un but précis. Les ailes contiennent du carburant. Quand l’avion vole et brûle le carburant, il y a un système automatique qui renvoie le fioul d’une aile à l’autre afin de maintenir l’équilibre de l’appareil », explique Somas Appavou.
Pour ce qui est de la formation des pilotes pour ces nouveaux avions, le directeur de MK précise que le contrat avec Airbus inclut un « training package » à la fois pour les pilotes, les mécaniciens, les ingénieurs et le cabin crew, directement à Toulouse.
Étant donné que les A350 viennent remplacer les A340, ce sont ceux qui ont de l’expérience sur l’A340 qui seront formés en premier lieu pour piloter les A350. « Les formations se font d’abord sur simulateur. Ensuite, ils vont s’asseoir dans le cockpit. Il faut qu’ils fassent 50 heures, puis retournent sur simulateur, avant de pouvoir être sur l’A350. »
La formation des pilotes va se faire au fur et à mesure que les nouveaux avions seront livrés et par petits groupes. « C’est pour cela également que nous avons mis l’A350 en premier lieu sur l’Afrique du Sud car cela permet de faire plus de rotations. Mais la destination privilégiée pour les A350 sera l’Europe. »
Air Mauritius a commandé six A350, soit quatre en acquisition et deux en location. Outre le confort et les nouvelles technologies à bord, ces nouveaux avions permettront des économies en carburant. « Si on les compare à l’A340-300, sur un vol de 12 heures, on peut économiser entre 15 % et 17 % de carburant. Il faut savoir que plus le vol est court, plus les bénéfices sont moindres. Mais si on compare l’A350 à son compétiteur de la même catégorie, il y a 25 % d’économie. »
MK s’attend donc à améliorer ses finances avec ces nouvelles donnes, mais, précise Somas Appavou, aucune prévision ne peut être faite pour le moment, en raison de l’évolution des prix du carburant. « Nous voulons bien sûr des opérations profitables, mais nous voulons également qu’elles soient soutenables et la sécurité demeure également une priorité. On veut aller “one mile ahead” de la compétition, retrouver le marché qu’on a perdu et pénétrer de nouveaux marchés. »
D’ici 2023, la flotte d’A340 sera complètement remplacée. Après Le Morne Brabant, un nouveau A350, Le Pieter Both, est attendu en novembre. Deux A330-Neo sont aussi attendus à la fin de l’année. Les A340 seront alors graduellement retirés du service. « En mars de l’année prochaine, il y aura deux A340 qui vont partir. Ensuite il y aura les deux A330-900 qui vont arriver et deux autres A340 vont partir. En 2019 nous allons recevoir les deux autres A350, mais nous allons garder les deux A340 jusqu’à 2023 quand nous recevrons les derniers A350. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il y aura le phasing out des A340. »
Deux d’entre eux sont loués et seront donc retournés à leur propriétaire. Les autres seront vendus. « Dans le pire des cas, ils iront à la casse. Notre objectif c’est de les vendre. Normalement ceux qui achètent des appareils de cet âge les louent, ou les vendent en pièces détachées. Ces avions ont 20 ans, mais ils peuvent rester en opération jusqu’à 35 ans. Les avions ont une longue durée de vie car ce sont des pièces de technologie qui sont régulièrement mises à jour. Ils sont aussi robustes et il y a un “maintenance planning” donné par le constructeur qu’il faut suivre à la lettre. Ce ne sont pas les instances mauriciennes uniquement qui les contrôlent, mais aussi des instances internationales. »
Pour le directeur d’Air Mauritius, ces nouveaux appareils vont permettre d’ouvrir des routes en Europe et en Asie. « Celle sur Amsterdam sera opérationnelle à la fin de ce mois. Ensuite, il y aura Genève qui suivra dans quelques semaines. »

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