APDA : Pour l’intégration sociale des sourds

Soucieux pour l’avenir de leurs enfants, en 1990, des parents d’enfants sourds s’organisent sous la direction de Jaysen Succaram, père de deux enfants nés sourds, pour créer l’Association de Parents des Déficients Auditifs (APDA. Depuis son entrée en opération, ladite association n’a cessé d’oeuvrer à l’intégration sociale de l’être sourd dans une visée concrète et optimale.
De prime abord, soulignons le fait que c’est grâce aux efforts entrepris par ladite association auprès d’une institution pour sourds basée en Afrique du Sud que, finalement, la langue des signes a été introduite à Maurice en 1997.
Par la suite, l’APDA n’a rien laissé au hasard pour vulgariser la langue des signes parmi les membres du public et, aujourd’hui, celle-ci est assimilée dans les moeurs mauriciennes et c’est tant mieux pour les sourds…
À l’ère de la technologie informatique, il y a dans celle-ci un potentiel qui peut amener le sourd vers une intégration sociale encore plus poussée et même l’amener à atteindre une certaine autonomie par rapport à l’être normal. Nous avons été témoins de cette expérience lors d’une visite que nous avons faite récemment à l’institution scolaire qui fonctionne sous la tutelle de l’APDA et qui a été fondée par celle-ci en 1996.
Il s’agit d’une école spécialisée pour les enfants sourds qui se situe présentement à la rue Bougainville, à Curepipe. Les 45 élèves des deux sexes qui fréquentent cette école sont répartis dans une dizaine de salles de classe qui comprennent les sections préprimaire, primaire et prévocationnelle et, de ce fait, l’âge des élèves varie graduellement de 3 ans à 20 ans. Parmi eux, il y en a qui viennent de loin, par exemple, cet élève qui vient de Montagne Longue.
L’école en question reçoit des subsides du gouvernement selon la formule d’aide accordée aux Special Educational Needs School et, pour boucler son budget, elle compte sur le parrainage du secteur privé à travers le système de CSR. Ce qui n’exclut pas le fait, selon sa directrice, Mariam Sumum, que cette école soit parfois confrontée à des situations bien difficiles sur le plan financier.
Concernant l’apport de l’informatique dans la vie de l’être sourd, la personne qui y travaille en tant que Responsable de l’Informatique, Zakir Abdool, affirme : « L’usage de la langue des signes est à présent une chose acquise pour les sourds et aussi bien pour les personnes avec lesquelles ils sont habituellement en constante relation. Maintenant, si la personne est formée à utiliser un ordinateur et à se connecter sur un réseau social comme Facebook ou utiliser un logiciel de communication comme Skype, qui permettent de visionner son interlocuteur, elle pourra communiquer dans la langue des signes avec elle. En d’autres mots, cette expérience peut amener le sourd à jouir d’une certaine autonomie par rapport à la personne normale. Donc, nous disons qu’aujourd’hui, avec l’inclusion de la technologie informatique, la surdité est un handicap qui devient de plus en plus surmontable. »
Autre fait original : de nos jours, il est tout à fait dans l’ordre des choses pour un sourd que de se balader avec son portable à option 3G puisque ce genre de portable lui permet de visionner son interlocuteur, donc, de converser avec celui-ci dans la langue des signes ; en plus, il pourra simultanément envoyer des minimessages à son interlocuteur en utilisant le clavier de son portable.
Notons que lors de notre visite à l’institution, il nous a été donné de voir les élèves à l’oeuvre sur leurs différents appareils technologiques et nous avons vu à quel point ils sont émerveillés par cette expérience qui leur procure la chance de mettre en exergue leurs aptitudes intellectuelles et, en même temps, d’avoir la sensation d’être un peu comme un être non atteint de surdité.
Compte tenu du fait que la langue des signes est presque la même dans toutes les contrées de la terre, avec de légères variantes d’un pays à l’autre, les grands élèves qui fréquentent l’institution entretiennent des correspondances régulières via internet avec des sourds qui sont dans les pays riverains de l’océan Indien.
M. Abdool nous explique qu’avec l’aide précieuse d’un organisme basé au Canada, en 1999, son institution a pu mettre en place un studio de technologie informatique qui comprend plusieurs appareils sophistiqués et coûteux. Ce studio leur est utile à plus d’un titre, par exemple, l’on y fabrique tous les supports matériels que requièrent les enseignants pour leur travail quotidien dans les salles de classe ; ensuite, l’on y fait des montages vidéo sur une variété de sujets axés sur l’éducation des élèves et, lors des montages, l’on y prend soin d’y inclure des sous-titres sur toutes les séquences afin que, à la lecture des sous-titres,  les élèves comprennent ce qu’ils regardent sur l’écran de projection.
Bien entendu, l’école a obtenu jusqu’ici plusieurs succès sur le plan de l’éducation et, à titre d’exemple, le pourcentage annuel de réussites aux examens du CPE y est satisfaisant. En outre, il y a des élèves issus de cette école qui, admis dans un collège normal après leur stage prévocationnel, réussissent dans leur scolarité secondaire jusqu’au stade final.
L’APDA a célébré la Journée Internationale des Sourds le samedi 5 octobre dernier par la tenue d’une séance récréative, animée par les élèves eux-mêmes avec l’aide de leurs enseignants, au bâtiment du NPF, à Rose-Hill. Pour rappel : habituellement, la Journée Internationale des Sourds est célébrée le dernier dimanche du mois de septembre.

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