Après la déclaration du ministre : les organisateurs placent le GM face aux promesses non respectées

L’intervention parlementaire d’Avinash Teeluck a motivé les acteurs de l’industrie artistique à relever les contradictions entre les promesses gouvernementales et l’absence de réalisations concrètes.

La réponse du ministre des Arts, Avinash Teeluck, à l’interpellation du député Franco Quirin, a outré organisateurs et artistes. Pour cause, Avinash Teeluck a dépeint, mardi dernier, une industrie artistique locale vibrante et active. Une description en opposition totale avec la réalité qu’affrontent les acteurs de ce secteur, qui fait face à multitude d’interdictions. Lesquelles engendrent des contraintes économiques, qui font dangereusement vaciller toute l’industrie.

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« Nous demandons au ministre de cesser de mentir, d’arrêter de se servir du Parlement pour faire croire que tout va bien », a plaidé Bruno Raya (Live N Direct Entertainment), lors de la conférence de presse des Professional Events Organisers (PEO), tenue jeudi à Port-Louis. Après toutes les promesses faites par ce gouvernement et les anciens, « rien n’a été réalisé », a ajouté le chanteur.

Ce manque d’engagement et l’absence de politique culturelle résultent à une drastique baisse d’événements artistiques. Il y a quelques années, a relevé Stephan Rezannah (Jorez Box), au moins un concert d’envergure d’un artiste international était tenu chaque mois. Pour 2024, seulement un a eu lieu à avril.

Les beaux discours gouvernementaux n’étant suivis d’actions, le PEO n’a participé aux consultations prébudgétaires. D’autant qu’une question demeure en suspens : qu’est-il advenu des millions promis dans les discours du budget depuis des années ?

D’autre part, les PEO ont pointé du doigt les démarches excessives pour obtenir les permis (13 au total) auprès de différents corps. Un lieu désigné pour la tenue de concert n’a toujours pas été identifié par les autorités, malgré les représentations faites par les professionnels. Et la création d’un One-Stop-Shop, idée formulée par les PEO au ministère, est toujours au stade de discussions. Alors que le ministre avait promis sa mise en place en début d’année et que les PEO avaient déjà établi un plan d’action en ce sens.

Deux ans de galère.

Bruno Raya a également fait ressortir les péripéties qu’endure The Prophecy dans l’organisation d’un concert dans le sud. Le même événement qu’a cité le ministre Teeluck au Parlement pour établir que l’industrie prospérerait. « Si seulement The Prophecy pouvait expliquer la quantité de problèmes rencontrés pour organiser cet événement… c’est extraordinaire. La semaine dernière ,il n’avait pas encore eu tous les permis », s’est indigné le chanteur.

« Les lois en vigueur et les procédures rendent notre situation compliquée », a renchéri Stephan Rezannah. « Cela fait plus de deux ans que nous galérons pour tenir des concerts. Nous respectons toutes les conditions imposées, que ce soit l’interdiction de vente d’alcool et la fermeture à minuit. Mais au final, nous nous retrouvons avec un manque à gagner », a-t-il déploré. Pour toutes ces raisons, « beaucoup d’organisateurs ne veulent pas investir, parce qu’ils savent qu’ils le feront à perte ».

Les PEO estiment ainsi que « les rencontres que le ministre a tenues avec nous lui ont permis de fournir une réponse au Parlement ».

À ce chapitre, Bruno Raya a tenu à préciser que seules deux réunions avaient été prévues entre les organisateurs et Avinash Teeluck. La première fois, il était en retard. Et la deuxième, il était absent, se faisant représenter par un officier — qui n’a fait que prendre des notes.


Le ministre Teeluck brandit 
The Prophecy comme bouclier

« Le gouvernement n’a jamais interdit l’organisation de concerts. Tout est une question d’obtenir les permis requis », s’est défendu le ministre des Arts au Parlement. « À aucun moment (l’absence d’un One-Stop-Shop) n’affecte l’organisation de concerts. D’ailleurs, après une application logée par Ichos Productions, The Prophecy et d’autres artistes tiennent un concert le 6 et le 7 avril », a-t-il cité. Avinash Teeluck a indiqué avoir tenu « sept rencontres » avec les PEO et l’UoA. Des points identifiés par l’Union pour la tenue de concerts, seuls deux ont été approuvés par la police : Côte-d’Or et Sept-Cascades.


UoA : « Le ministre se sert de nous pour dire que les choses ont avancé »

L’Union des Artistes n’a également pas participé aux consultations prébudgétaires. Leur demande d’un rapport faisant état de l’avancement des projets promis par le gouvernement est restée sans réponse. « Avec ce rapport, nous aurions pu constater ce qui a avancé et ce qui n’a pas été fait. De là nous aurions pu soumettre des propositions », a expliqué Joëlle Coret-Sophie. Elle rappelle que l’Union des Artistes avait demandé une site visit du stade Anjalay, en présence des organisateurs d’événements. Une requête que le ministère des Arts n’a pas respectée. « Nous regrettons que le ministre se serve de l’Union pour dire que les choses ont avancé », a-t-elle précisé. « Nous lui demandons une rencontre physique avec l’Union, les organisateurs et les artistes », a-t-elle plaidé.


Jimmy Veerapin : « Je demande au PM où en
sont les choses aujourd’hui »

Après les incidents à La Citadelle l’année dernière, une réunion avait été tenue au bureau du Premier ministre. Pravind Jugnauth et son « état-major », les ministres des Arts et des Sports, le commissaire de police, Anil Kumar Dip, entre autres, étaient présents. Jimmy Veerapin (Culture Events and Production) y a participé comme membre de la MASA et aussi des organisateurs. Il a eu l’occasion d’expliquer au Premier ministre que les incidents de La Citadelle constituent un cas exceptionnel. Que multitude d’événements se tiennent sans anicroche. « Vu qu’il y avait le Premier ministre, nous nous disions que les choses changeraient. Mais jusqu’aujourd’hui rien n’a été fait. C’est pour cela que je demande au Premier ministre où en sont les choses. Était-ce seulement pour faire croire que vous vous souciez de nous ? », a-t-il questionné.

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