Association du Tourisme Réuni — Aurèle André, président : « Le développement de Rodrigues de manière durable »

Avec un retour annoncé de la desserte aérienne inter-îles en deux étapes, Rodrigues se prépare à faire revivre son industrie touristique. Mais pas de d’importe quelle façon. L’Association du Tourisme Réuni (ATR), par la voix de son président, Aurèle André, souligne avec force et conviction que « le but principal demeure le développement de Rodrigues de manière durable ». Les opérateurs comptent également se lancer dans une réflexion afin de réaliser ce projet avec un tourisme inscrit dans la durée, et non seulement de consommation.

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Après un survol de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie rodriguaise, et sur l’industrie touristique en particulier, il fait comprendre que la situation est sans précédent. Chiffres à l’appui, il a démontré une baisse drastique des arrivées touristiques. « En 2019, Rodrigues avait accueilli 77 000 visiteurs, à raison de 6 500 par mois. En 2020, du fait de la pandémie, le nombre de visiteurs est descendu à 45 144 touristes, soit 3 762 mensuellement. Nous savions que 2021 ne serait pas facile, mais nous avions l’espoir de faire mieux qu’en 2020. Mais à juillet, nous n’avions eu que 11 191 visiteurs. Étant donné que nous ne savons toujours pas quand l’aéroport régional de Plaine-Corail sera rouvert pour les vols commerciaux, pour les sept mois écoulés, cela fait un total de 1 600 visiteurs par mois, ce qui n’est pas soutenable », dit-il.

Pour le président de l’ATR, la situation est catastrophique. Tout en reconnaissant l’importance des mesures mises en place par les autorités pour soutenir l’économie, il se demande néanmoins « combien de temps encore cela durera ». Avec le Tourism Livelihood Scheme, les opérateurs et les entrepreneurs « se contentent de vivre au jour le jour dans une situation précaire. Si tou dimounn met lamin ansam, reflesi ansam, nous arriverons à retrouver la lumière au bout du tunnel. Mais il y a une inaction terrible depuis quelque temps. Pa kone kisanla ki kone, kisanla ki pa kone. »

Aurèle André poursuit : « avec le temps, notre association a noué un lien de communication avec les autorités. Ce qui nous permet de transmettre des informations viables. Mais depuis un certain temps, nou pa pe tann narien, nou demand osi nou pa gagn narien, alor ki an 2020 kominikasyon ti for, ce qui avait permis de réunir tous les membres de l’association avec d’autres partenaires essentiels et l’Assemblée régionale pour l’organisation de l’Assise du tourisme. » Il estime aussi malheureux que cette année, il y a un “blackout total”.

La dernière rencontre des représentants de l’ATR avec les autorités de l’Assemblée Régionale de Rodrigues remonte au 10 juin. « Nou ti demann sa rankont-la parski ti ena bann protokol ti sorti pou reouvertir. Le protocole avait été approuvé par les autorités avec amendements. Depuis, personne n’en entend plus parler. Il devait y avoir une autre rencontre afin de discuter des stratégies de marketing, mais depuis, plus rien », fait-il comprendre.
Il ajoute avoir envoyé une correspondance le 30 juin pour solliciter une nouvelle rencontre, insistant sur la présence du chef commissaire, Serge Clair. Mais entre-temps celui-ci est tombé malade. Ce qui ne l’empêche pas de déplorer que cette lettre « n’ait même pas donné suite à un avis de réception ». Selon lui, il y a « une confusion totale, un manque de communication qui débouche sur des spéculations ».
Aurèle André souligne que début juillet, les données ont changé. « Un avion a atterri le 4 juillet avec, à son bord, des soldats de la SMF, qui n’ont pas suivi de protocole de quarantaine à Rodrigues. Et depuis, il n’y a plus de quarantaine dans l’île. Ce qui peut-être une bonne chose. Me save dir osi ki sa ti Rodrige ki ti pou gagn enn tilarzan akoz karantenn-la fini », dit-il.

Le président de l’ATR se demande maintenant pour quand sera la réouverture entre Maurice et Rodrigues et entre Rodrigues et La Réunion. Ajoutant que ce qui faisait la force de Rodrigues « est devenu sa faiblesse ». Il développe : « An dezan kot Covid pe fer ravaz dan lemond, pa finn ena okenn ka ofisiel dan Rodrig. Mais nous subissons des dommages collatéraux qui nous paralysent. Au sein de l’association nous restons optimistes, car nous pensons que cette pandémie n’est pas une fatalité, mais une opportunité pour réinventer le tourisme rodriguais. » S’il admet que « le Rodriguais a la volonté et la capacité, et les moyens suivront », il pense cependant que « c’est la responsabilité de tous, y compris des autorités, d’adopter les moyens qu’il faut pour que Rodrigues réussisse ».

Pour lui, il s’agit là des seuls atouts permettant « d’apaiser la peur pathologique qui paralyse » le secteur. « Pour le moment, tout est paralysé et figé dans l’île. Pe atann ki Moris desid », dit-il. Aussi convient-il, « une fois pour toutes de définir et d’éclaircir quelle est la responsabilité de chacun, afin de pouvoir mettre en place les bonnes stratégies ».
« Bizin kone kisanla so reponsabilite al negosie. Parski avek matirite ki Rodrig ena, nou nepli kapav atann seki banla deside. Parski banla desid pou zot san ki zot pran Rodrig an konsiderasyon. Nou bizin kapav desid seki pou nou parski nou kone kot nou oule ale. We must think outside the box ek arete atann lezot desid pou nou. Arete ek sa zafer ki Moris pou dir la », dit-il.

Il rappelle que Les Îles Vanilles préconisent l’organisation de mini-croisières interîles avec peu de personnes, mais générant beaucoup d’argent. « Be dan Rodrig kot krwasier la ete pou nou ? Si Moris inn met Rs 18 M dan Lind pour fer so promosyon, be kisanla pe fer pou nou ? En matière de développement du tourisme local, le gouvernement régional a toute la latitude pour décider. Nou pa kapav touletan pass pou sitwoyen deziem klass », dit-il. Il ajoute que « personne ne sait ce qui se passe par manque de visibilité ».

L’Association du Tourisme Téuni a formulé des requêtes aux autorités nationales et locales. Notamment que les vols commerciaux entre Rodrigues et Maurice, ainsi que ceux entre Rodrigues et La Réunion, soient rétablis à la mi-septembre, afin d’atteindre le chiffre de 30 000 touristes d’ici la fin de l’année. Car, dit-il, si le protocole sanitaire devra être revu et réajusté, Rodrigues ne peut plus se permettre de rester fermée.

« Cela comporte des risques, mais Rodrigues doit pouvoir offrir des services de santé adéquats. Bizin ena mem servis ki Moris. Bizin donn inpe ler a sa lindistri-la pou li kapav respire parski larzan ki gagne la, li al dan lakess nasional mem sa », soutient-il. Aurèle André souhaite de fait une action concertée avec tous les partenaires du secteur « afin de pouvoir avancer et ne pas sombrer dans un gouffre ».

Lordana Meunier, secrétaire de l’association, abonde dans le même sens. Elle estime en effet que, « tôt ou tard, Rodrigues devra faire face à la pandémie » et qu’il faudra apprendre à vivre avec. « Nous devons nous préparer afin de rester “safe” et limiter les dégâts. Beaucoup d’établissements hôteliers ont déjà obtenu leur “safe certificate”, mais on ne l’a encore jamais testé parce qu’il n’y a pas de clients venus d’ailleurs. Il faut avoir des clients pour pouvoir tester son efficacité », dit-elle.

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