ATTEINTE DE NANISME : Ti dimounn kapav fer gran kiksoz, a déclaré Rajini Nundoolall

Rajini Nundoolall a démontré toute sa grandeur lors d’une journée dédiée aux personnes âgées la semaine dernière au Centre Social Welfare de Quartier-Militaire. Atteinte de nanisme, elle a émerveillé l’assistance de par sa prestation de chanteuse, qui n’a laissé nul insensible.
« Ma vie est comme une chanson, une berceuse qui me permet de faire grandir mon talent d’artiste et mon caractère de femme », affirme Rajini Nundoolall, qui malgré le nanisme exprime sa grandeur d’être à travers la chanson. Le chant est d’ailleurs devenu plus qu’une passion pour elle. C’est une vocation. Le déclic a eu lieu au collège lors des cours de musique. Depuis, Rajini Nundoolall chante à n’importe quelle occasion, tels les karaokés, et a même intégré différents groupes. « Dan talan, pena tipti, pena gran », observe-t-elle, avant de saluer le Centre Social Welfare de Quartier-Militaire qui, dit-elle, a su mettre en éveil les talents.
Originaire de Bel-Air-Rivière-Sèche, Rajini Nundoolall nous surprend en nous apprenant son âge. « Seye devine… », lance-t-elle, avant de lâcher coquettement : « 52 ans ». Rajini Nundoolall est la benjamine d’une famille de sept enfants, devenue orpheline de père à un jeune âge. De lui, elle se souvient d’un visage amical, d’un père protecteur qui la couvrait de tendresse. « Li ti trouv mwa kouma enn ti poupet e li ti bien kontan mwa », se remémore-t-elle. Travaillant sur la propriété de Beau-Champ, son père l’emmenait partout à bicyclette, lui laissait toujours un peu de thé chaud et lui avait même offert une boîte condamnée. L’argent récolté servit à acheter un « sofa bien nape ar ti riban ». « Sa mort m’a beaucoup bouleversée », affirme-t-elle.
Rajini Nundoolall et sa fratrie ont depuis été élevées par leur mère. Cette dernière, suite à la mort de son époux, s’est adonnée au business de l’import-export en revendant dans un premier temps sur Rodrigues des aliments de base et des vêtements, avant de s’attaquer aux marchés réunionnais et malgache. « Quand elle a eu envie d’agrandir son business, elle s’est tournée vers l’Inde et Singapour », relate Rajini Nundoolall. La force de sa mère a été un bel exemple à suivre, de même que les valeurs inculquées. « Maman ti ansegn mwa dibout lor mo de lipie ». Cette mère courage est décédée il y a deux ans à l’âge de 87 ans. Après une chute dans la salle de bains, sa hanche s’est brisée et elle a dû subir une importante opération. « Ti’nn met pinn pou tini so lahans. Me li’nn infekte e mo mama inn mor ar konplikasion so lachute. »
« Grander poupet »
À sa naissance, comme l’a toujours dit sa mère, Rajini Nundoolall était « enn tigit boul-boul » avec des joues joufflues. Les premiers signes de nanisme sont apparus lorsqu’elle a commencé à marcher. Ses parents se sont inquiétés de voir qu’elle se mouvait d’une autre manière. Sa famille disait alors qu’elle avait suivi « mo papa so tantinn », qui elle aussi « ti grander poupet ». Rajini Nundoolall s’esclaffe en racontant cette anecdote, car pour elle, être naine n’est pas une fatalité. « Bisin aret zize ! Ti dimounn kapav fer gran kiksoz ».
La preuve : elle a étudié jusqu’à la Form V au Collège Darwin et a réussi « la bourse et la SC », dit-elle fièrement, relevant que c’est « enn gran privilez ». Elle a décroché son premier métier dans une usine de sous-vêtements, et son deuxième emploi concerne les coiffures de mariées. « Mo debrouyar ! Mo fer makiyaz, tou kote Bridal, me zis kwafer mo pa tro kapav akoz saler sèche-cheveux pa bon akoz mo’nn fer loperasion ». Une opération « pénible » au sein à l’âge de 28 ans, mais que Rajini Nundoolall a surmonté. Evoquant sa joie de vivre et son espièglerie, elle aime « badine », bien que certains disent qu’elle « paret move ». À ceux-là elle rétorque dans un large sourire : « Kan ou koz manti, normal mo pou revolte ! »
En outre, ses parents lui ont toujours inculqué le don du partage. « N’importe quelle personne qui frappe à votre porte, vous devez être serviables et avoir le don de l’écoute », dit-elle. Mais ils l’ont gardée de partager sa vie. « Ou kone, paran telman ti anvi protez mwa ki tou garson zame ti bon pou zot tifi. Mo’nn abitie res tou sel. » Malgré tout, Rajini Nundoolall garde le sourire, agrippée à la chanson qui égaye sa vie. « La puissance d’une chanson, c’est qu’elle fait tous les coeurs battre à l’unisson. Une simple voix peut changer votre humeur, vous sortir de la tristesse pour entrer dans la joie ». Et vice versa.

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