Au nord et à l’ouest : Le froid calme les ardeurs

Le temps hivernal a refroidi l’engouement que devait engendrer l’allègement des restrictions sanitaires. Les baigneurs étaient inexistants, hier, sur la plage de Flic-en-Flac, alors que les pique-niqueurs arboraient pour la plupart des vêtements chauds. Mais aujourd’hui, premier dimanche depuis la levée des restrictions, les plages devraient être prises d’assaut, si la météo le permet.

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Mais attention, ce ne sera pas forcément une occasion de se laisser aller aux excès, car la prudence doit être de mise pour ceux qui se jetteront à l’eau et ceux qui prendront le volant après une journée de fête à la plage.

Le thermomètre oscillait entre 20 et 22°C. Vers 16h hier, le soleil hésitait toujours à percer derrière les nuages, dont les reflets grisâtres valsent sur une mer agitée. Un vent frais souffle sur Flic-en-Flac en ce deuxième jour d’allègement des restrictions sanitaires, entré en vigueur à compter du 1er juillet. Le froid semble avoir glacé les ardeurs de ceux désirant se baigner, après deux années d’interdiction de pique-niquer sur les plages en raison de la pandémie de Covid-19.

Sur la route menant à cette plage prisée de l’ouest, les piétons arborent tous des pulls. Les nani ont même déployé leurs foulards multicolores. Les masques sanitaires sont également de rigueur pour les passants, « par précaution », soutiennent-ils. Sur le sable, seuls quelques touristes n’ont pas de longues manches pour protéger leurs avant-bras du vent frigide. À l’instar de Sébastien Fauvel, qui ne s’aventure toutefois pas dans le lagon. « Il fait un peu frais », commente le touriste français, aux côtés de ses deux enfants. La famille venue de Paris, qui subit en ce moment la canicule, désirait nager dans cette mer de Flic-en-Flac. Mais hormis le froid, le soleil n’est également pas au rendez-vous. Père et fils devraient tenter une nouvelle fois leur chance aujourd’hui.

De leur côté, les amis Jean-Pierre Farla, 49, Anand Deby, 68 ans, et Louis Judex, 51 ans, affichent leur bonheur de retrouver les pique-niques d’antan. Installés sous un arbre, ils se délectent de gajacks, des cannettes et une bouteille à portée, tout en profitant de la vue. « Enn plezir reget laplaz », confie Louis Judex. L’habitant de Petite-Rivière affirme ne s’y être pas rendu pour deux années. « Li tir stres tou », ajoute-t-il. Toutefois, ses amis et lui ne se baigneront pas, car « il fait trop froid, nous préférons kas enn poz ». Comme eux, d’autres pique-niqueurs se contenteront d’admirer les vagues s’écraser bruyamment aux pieds d’une poignée d’intrépides. Lesquels n’ont pu contenir le souhait de tâter la température de l’eau.

« On aurait nagé, mais le temps est couvert », explique Bryan, 32 ans. Toute sa famille, qui vient pourtant de Forest-Side, un endroit des hautes Plaines-Wilhems particulièrement frais, porte des vêtements chauds : châle et pull en laine notamment. Une ironie après six mois éloignées des plages. Ikhlaas Baichoo, pour sa part, est habitué au froid. Le passionné de hiking de 27 ans n’a pas hésité à défier le fort courant qui entraîne une flopée d’algues. Son ami et lui se baignent paisiblement ; tout le lagon leur appartient. « Tan ki ti kapav kontign vinn lamer, mo ti pe vini », confie timidement le jeune homme, qui considère ses sorties comme « un privilège » pour les habitants des îles.

De Villa Caroline à Wolmar, seules quelques familles retrouvent le plaisir de toucher le sable. À cet effet, le peu d’affluence a un impact sur les commerçants alentours. « Il n’y a rien aujourd’hui », regrette un marchand de glace de 47 ans. Une famille de touristes se présentera à lui. Ils seront les quelques rares à vouloir d’une glace par ce temps. La fin des subsides, entrée en vigueur au début du mois, rend ses affaires plus compliquées. « La vie est devenue trop chère, j’ai dû augmenter mes prix », relate le propriétaire de Mivvi Bros. « Pena mem dimounn akoz fer fre ek letan pa bon », constate Bhagwantee Ramsing. La vendeuse de fruits confits et sa fille, qui vend des gato delwil, déplorent la hausse des prix et son incidence sur leurs comptes.

« J’achète un ananas à Rs 65. Kouma pou travay ? » se demande Bhagwantee Ramsing, alors que sa fille se plaint du prix de l’huile qui a doublé. En plus de cela, « il n’y a presque pas de touristes ». Les alentours commencent à se noircir alors qu’approche la tombée de la nuit. Une équipe de tournage en pleine action, de même que la dizaine de familles venues spécialement en cette fin d’après-midi, doivent être déçues. Le coucher du soleil restera masqué par les nuages s’épaississant.

Les habitants du Nord de l’île, qui piaffaient s’impatience d’aller prendre un bon bol d’air frais à la plage sans risquer de se faire épingler par la police pour des mesures de restrictions absurdes, font aussi grise mine. La pluie a joué les trouble-fête vendredi et samedi. Beaucoup trouvent ce mauvais temps un peu rageant après plus de deux ans de “punition” et juste au moment où les bars sont autorisés à rouvrir sans jauge. Hormis quelques touristes et de jeunes avides de sensations fortes, les plages de Trou-aux-Biches et de Pereybère étaient quasiment désertes. Les regards seront forcément braqués sur les prévisions météorologiques, ce dimanche matin, avec l’espoir que dame nature ne fasse pas des siennes.

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