Lesarts du cirque, Victoria Bungaroo, 21 ans, a voulu en faire son métier. Elle y a réussi, mais n’arrête pas d’apprendre et parfaire sa formation. Diplôme de l’école de cirque de Beijing en poche, la jeune femme a rejoint, il y a un mois, le Rambo Circus en Inde. Actuellement en tournée, la troupe a planté son chapiteau à Hubli dans la ville de Karnataka, dans le sud de l’Inde. C’est de sa tente qu’elle nous accordera quelques minutes, via internet, pour nous parler de son choix de carrière.
Elle en rêvait: présenter des numéros sur la piste, voir le pétillement des yeux des enfants, entendre monter graduellement la rumeur de crainte, pendant le numéro qu’elle présente, qui culmine, à la fin, avec les applaudissements des spectateurs admiratifs. Adresse, concentration, maîtrise, souplesse, la peur vaincue, des qualités qu’elle nourrit et cultive et qu’elle ne cesse de perfectionner. Depuis un mois, la Mauricienne Victoria Bungaroo, initiée au cirque en Chine, semble bien partie pour d’autres aventures. C’est avec le Rambo Circus en Inde qu’elle a choisi de s’exercer aux équilibres et d’apprendre d’autres arts du cirque.
Il y a quelques jours, la presse indienne consacrait un article à cette jeune femme venue se former aux arts du cirque avec un visa d’étudiant. Victoria Bungaroo se trouvait alors à Mumbai avec la troupe qui offrait un spectacle dans le cadre du World Circus Day. Ce serait probablement la première fois dans l’histoire du cirque indien qu’un étranger reçoit une formation au cirque avec un visa d’étudiant. “I met two Indian artists Rita and Renu from Rambo Circus in Mauritius and was so impressed with their feats that I decided I had to learn them…When I wanted to come to India, I had to convince not only my family to let me go but also the officials at the embassy to give me a student’s visa. It was difficult”, peut-on lire dans ledit article.
Son atout, dit-elle, est la souplesse. Avant de mettre son talent, aujourd’hui maîtrisé, au service du cirque, Victoria pratiquait plus jeune, la voltige dans un club hippique, la danse chez Teresa David et la gymnastique à l’école du centre où elle était élève. Une période pendant laquelle elle découvre les joies de se mouvoir et le plaisir et la récompense de l’effort. À l’école, Victoria, n’était pas portée pour les études. “Je n’étais pas très bonne élève. En revanche, j’étais douée pour la cuisine, la danse, la gymnastique”, avoue-t-elle. Sa mère, elle, voyait déjà sa fille exercer le métier de chef. Mais elle avait d’autres idées en tête.
Tout commence en 2011. Tandis qu’elle est devant son poste de télé à regarder l’émission “La France a un incroyable talent”, un numéro de contorsion présenté par une candidate la laisse interloquée, et admirative. “Une candidate, Nina Burri, avait présenté un numéro de contorsion qui avait époustouflé tout le monde. Pour moi, c’était le coup de foudre avec cette discipline. Lorsque j’ai vu sa performance, je me suis dit que je pouvais faire la même chose, comme j’ai un corps très souple. J’ai fait des recherches et j’ai découvert que cette candidate avait appris le cirque à l’Ecole du cirque de Beijing”.Ce jour-là, elle savait déjà ce qu’elle voulait faire: devenir artiste de cirque.
Ses parents lui accordent le droit de vivre son rêve. Passionnée pour le cirque dont elle veut en faire son métier, elle s’inscrit. «L’institut de Beijing accepte10 élèves internationaux par an. J’ai passé une audition et j’ai été acceptée». En Chine, elle y apprendra l’art de la contorsion, perfectionnera sa technique et sa souplesse pendant une année avant de rentrer à Maurice, diplôme en poche. À peine aura-t-elle mis les pieds qu’elle découvre le Cirque de Samoa qui avait installé son chapiteau sur la pelouse du Bagatelle Shopping Mall pour trois mois. Elle y fait la rencontre de deux jeunes artistes népalaises, Rita et Renu, avec qui elle se lie d’amitié. Si elle est loin d’être impressionnée par la troupe du Samoa, les différentes prestations présentées par les deux soeurs, contorsionnistes et acrobates, formées au Rambo Circus en Inde, la laissent béante d’admiration. “Elles m’ont impressionnées. Même en Chine, je n’ai jamais vu ce type de numéro. C’est alors que j’ai décidé d’aller en Inde pour l’apprendre”,dit Victoria qui, au Rambo Circus, se perfectionne à la contorsion et au cerceau aérien.
Depuis son intégration comme élève au cirque indien, la contorsionniste apprend à manipuler et à tenir en équilibre des chandelles, à faire du cerceau aérien avec des éléphants. Sa salle de spectacle: un chapiteau, qui se déplace de ville en ville. Les tournées sous chapiteau, elle le fait en compagnie de nombreux artistes, funambules, jongleurs, clowns, et animaux dressés. Elle côtoie des artistes de nationalités différentes, dont des Colombiens.
Une expérience différente de celle qu’elle a connue en Chine. “In a circus, you get the real feel of performing. There is a stage, an audience, music. Also, you get an opportunity to learn other tricks and feats”,peut-on lire dans l’article. Chaque jour, elle parfait sa formation en répétant ses numéros de contorsion avec ou sans les chandelles, le cerceau aérien avec des éléphants. Son quotidien se déroule au rythme des représentations et des tournées : “Entre les entraînements, et les spectacles, il faut trouver du temps pour se reposer.”En ce moment, le cirque a fait une halte à Hubli dans le sud de l’Inde :“On fait 40 jours dans chaque ville.”
L’adaptation est difficile pour celle qui n’a pas hésité à quitter son confort pour suivre le cirque Rambo. “Parfois, quand nous sommes dans de grandes villes, il nous arrive d’être hébergés dans de beaux hôtels. Mais la plupart du temps, la tente, c’est le lieu de vie des artistes après le spectacle. En Inde, les conditions de vie sont difficiles. Les tentes, occupées par les artistes, ne sont pas équipées de douches, ni de toilettes”, dit-elle. Victoria a donc aussi appris le bain à l’ancienne : “Nous prenons le bain avec un seau et un petit récipient.” Et l’hygiène laisse grandement à désirer :“Les toilettes, c’est un trou dans le sol. On se brosse les dents près du lit. De plus, la chaleur est intenable. Il faut aussi faire preuve de vigilance extrême. On court de grands risques de sortir seule dans la rue. Les hommes nous déshabillent du regard, surtout quand on est étrangère. Leurs regards sont persistants et font peur. Une fois le show terminé, il faut rentrer immédiatement dans la tente. Les tentes des filles sont entourées et délimitées par des feuilles de tôle.”
Pas de quoi décourager cette passionnée du cirque, pourtant : “Si je reste, c’est uniquement par amour pour le cirque.”Comme les autres artistes, Victoria consacre plusieurs heures aux entraînements. “Chaque matin, on se réveille à 6 heures. Les entraînements — jogging, musculation — commencent à 6h30. À 7h30, on répète les numéros. Nous avons trois représentations par jour: à 13h,16h et 19h.”Elle ne suit pas de diet, cependant, s’abstient, chaque jour, de dîner.“«Je ne dîne pas et me couche vers 21h30, 22h. Je n’ai pas faim, la chaleur est tellement intense. De toute manière, les plats sont trop épicés ici. Par contre, je ne manque pas mon petit déjeuner — un pain et un oeuf —, et à midi je mange un fruit. Par contre, je bois beaucoup d’eau.”
Difficulté d’adaptation, condition de vie difficile ou pas, Victoria ne compte pas s’arrêter. Son contrat terminé en Inde, elle compte poursuivre sa formation ailleurs: “La Chine me plaît beaucoup. Peut-être aussi que j’opterai pour l’Australie. Je ne sais pas encore sur quoi mon choix se portera.” Toutefois, une chose est sûre: elle veut créer sa propre compagnie. “Une fois ma formation terminée, à mon retour au pays, je compte ouvrir une école et tra
AUDIENCE, SCÈNE, SPECTACLES: Un rêve qui se réalise pour Victoria Bungaroo
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