AVANCÉES MÉDICALES: L’asthme traité au moyen d’injections d’anticorps

Le traitement de l’asthme a connu des avancées scientifiques, en particulier pour l’asthme sévère et persistant. De nos jours, cette maladie est soignée en Grande-Bretagne au moyen d’injections d’anticorps qui y sont fabriqués depuis quelques années déjà. Le Pr Kian Fan Chung, pneumologue d’origine mauricienne du Imperial College et Biomedical Research Unit au Royal Brompton Hospital de Londres, a lors d’une conférence jeudi à Port-Louis expliqué en quoi consiste cette thérapie aux anticorps qui révolutionne la prise en charge médicale des asthmatiques et améliore leur qualité de vie. Le Pr Chung, également membre du Heart and Lung Institute britannique, indique qu’il existe plusieurs phénotypes de l’asthme qui sont déterminés par des biomarqueurs dans le sang du patient. « Au cours des 20 prochaines années, le traitement des asthmatiques deviendra de plus en plus personnalisé et ciblé grâce à l’identification des phénotypes. »
La recherche médicale sur les biomarqueurs a été financée par l’Union européenne, dit-il. Le Pr Chung a affirmé qu’un praticien doit avoir de bonnes bases en médecine générale pour pouvoir soigner les asthmatiques. « D’autres conditions comme une insuffisance cardiaque ou une tumeur dans les voies respiratoires peuvent être confondues avec l’asthme », dit-il. Sa conférence au Centre Rajiv Gandhi à Bell-Village a eu lieu en présence du ministre de la Santé Lormus Bundhoo, de médecins et d’étudiants en médecine. Le nouveau concept du traitement, dit le Pr Chung, est l’injection d’anticorps, notamment IGE, dans les centres médicaux spécialisés. « On peut produire actuellement l’anticorps IL5 », indique le pneumologue. Ceci est indiqué pour les asthmes sévères qui persistent depuis cinq ans. La molécule omalizumab supprime l’inflammation d’origine allergique associée à l’asthme. Le coût des nouveaux traitements reste néanmoins élevé (15 000 livres sterling par an). Il est prescrit quand les crises d’asthme ont été récurrentes depuis plusieurs années. En cas d’asthme résistant, les patients sont traités par les corticoïdes par voie orale. Le traitement est évalué pendant six à douze mois a indiqué le Pr Chung.
Selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le niveau de contrôle de l’asthme est mesuré sur une échelle de 1 à 5 selon que la maladie est complètement contrôlée ou pas. Cette évaluation se fait au moyen d’un questionnaire validé. Le traitement de l’asthme passe également par le contrôle de l’environnement du patient, indique le pneumologue. L’obésité associée à un asthme sévère constitue un phénotype clinique distinct, précise le Pr Chung. « L’une des avancées majeures en Grande-Bretagne, dit-il, est la présence d’infirmiers spécialisés en asthme dans la plupart des services généraux de Santé pour conseiller le patient à mieux contrôler sa maladie », note-t-il. « Le contrôle de l’asthme est assez simple quand vous savez ce que vous devez faire », affirme le Pr Chung. Le médecin indique que l’une des plus grandes études jamais réalisées parmi 3 416 patients en Grande-Bretagne indique que 70 % des asthmatiques voient leur asthme bien contrôlé après six semaines de traitement aux stéroïdes. Après une année de traitement, 75 % des malades vont bien. Un autre traitement est un « slow release » de théophylline par voie inhalée. Le salbutamol, la beclomethasone sont des médicaments prescrits couramment. Ils préviennent la constriction des bronches notamment dans les cas d’asthme « mild ». En cas de prise continue de stéroïdes, il y a un contrôle régulier chez le patient de la densité osseuse, de la tension sanguine, du glucose et de la fonction du foie dans les centres
spécialisés.
Selon l’OMS, l’asthme sévère non traité est fréquent dans les pays pauvres qui n’ont pas les moyens de se procurer les médicaments requis. « Dans le traitement de l’asthme, il y a aussi la notion de l’adhésion au traitement qui est essentielle. En effet, le traitement doit être régulier car l’asthme n’est pas une maladie curable mais on peut empêcher le patient d’avoir des crises et lui permettre de vivre normalement », indique le pneumologue.

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