Trois enfants des rues de Bambous participeront à un congrès international lors de la Street Child World Cup du 5 au 15 octobre se déroulant au Qatar. Des résolutions seront alors prises en vue de la Journée internationale des droits de l’enfant qui sera célébrée le 20 novembre. Ces trois enfants seront accompagnés par sept autres, de différentes régions, notamment de Baie-du-Tombeau, Triolet et Bonne-Mère.
Edley Maurer, manager de Service d’accompagnement de formation, d’intégration et de réhabilitation de l’enfant (SAFIRE), explique que les enfants ont reçu une préparation pour faire leurs discours sur lesquels se focaliseront d’autres enfants lors de la Street Child World Cup en octobre à Doha. La préparation comprend des entretiens vidéo, en face-à-face, en groupe. « Cet exercice est basé sur leur vécu. Nous avons identifié avec eux les manquements systémiques qui les empêchent d’accéder pleinement à leurs droits aujourd’hui dans la société mauricienne dans laquelle ils vivent pour comprendre leurs rêves », dira le manager de SAFIRE.
Bien qu’à Maurice, l’éducation soit obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, de nombreux enfants traînent encore les rues et sont livrés à eux-mêmes à cause d’un système qui ne les inclut pas. « Nous allons profiter de cette instance internationale pour faire entendre la détresse des enfants de rue mauriciens, leurs difficultés d’accès à une éducation de qualité », a fait ressortir Edley Maurer.
Il rappelle que l’on ne doit pas s’étonner qu’autant de facteurs contribuent à la prolifération de la délinquance juvénile. Contrairement à d’autres pays, il n’y a pas de structure, qui accueille les élèves après les heures de classe. Les enfants sont livrés à eux-mêmes dans les rues avecles gares routières se transforment en unique lieu de rencontre. « En laissant ces jeunes sans formation c’est notre capital humain que nous affaiblissons. Cela fait des années que SAFIRE crie sur tous les toits que les failles de notre système éducatif sont multiples, mais pour nous, le processus d’exclusion ne s’arrête pas seulement à l’école. Les élèves qui échouent sont victimes des inégalités sociales qui ont tendance à s’accentuer », dénonce-t-il.
Pour Edley Maurer, les enfants se retrouvent dans la rue pour diverses raisons : absence de parents, situation socio-économique difficile. Et c’est pourquoi il devient primordial de créer des structures capables de les aider à réintégrear la société, évitant du même coup une marginalisation à risques. « Nous ne pouvons plus continuer à ignorer l’existence de cette problématique à Maurice », s’est-il appesanti.
SAFIRE apporte une assistance aux enfants en situation de rue en répondant à leurs besoins spécifiques. Elle essaie de leur offrir des lendemains meilleurs. « Un énorme travail reste encore à être abattu au niveau de la prise en charge et l’éducation des enfants. Le système éducatif n’a pas changé, il y a beaucoup de lacunes dans le système qui créent beaucoup de laissés-pour-compte, SAFIRE fait de son mieux pour former de bons citoyens de demain. Nous demandons aux Mauriciens d’apporter leur contribution financière pour aider les enfants qui seront au Qatar du 5 au 15 octobre », fait-il comprendre.
Ces enfants des rues qui y participent ne sont pas nécessairement sans abri. « Ils peuvent travailler, jouer ou passer leur temps dans la rue et retourner dormir avec leur famille ou leurs parents. Ils ont besoin de notre aide et de notre soutien. Et nous avons besoin de soutiens financiers qui nous permettront de poursuivre notre travail auprès des enfants en situation de rue », ajoute-t-il.
Shirley Moura travaille pour le compte de SAFIRE, notamment avec les enfants des rues dans la région de La-Ferme, Bambous, Camp Rodriguais et La-Valette. Avant SAFIRE, elle avait travaillé pour l’Ong Adolescent Non Formal Education Network (ANFEN), dont l’objectif est d’initier des programmes adaptés pour que les adolescents puissent se frayer un chemin dans le monde professionnel après un échec scolaire au cycle primaire. « J’ai toujours aimé relever les défis. C’est là que j’ai découvert des enfants avec de personnalités différentes qui avaient été rejetés du système scolaire », dit-elle.
Pour étoffer son bagage académique, Shirley Moura a suivi des cours sur la pédagogie inclusive, en Design and Textile à l’Industrial and Vocational Training Board et d’autres cours d’approfondissement auprès de la défunte Craft Academy. « Tout cela par amour pour les enfants. J’ai toujours aimé vivre pleinement mon engagement auprès des enfants », confie cette mère de famille.
Et depuis 2007, elle a choisi de partager son savoir dans le domaine d’Art and Craft aux enfants des rues dans la région de Bambous chaque mercredi et de dispenser un cours en Life Skill chaque vendredi au centre de la paroisse de Saint-Sauveur à Bambous. « Je suis infiniment reconnaissante envers la paroisse et Steeve Gungadeen, le Senior Officer du centre de jeunesse qui donne son soutien à nos activités », reconnaît-elle.
SAFIRE, dira Shirley Moura, est au service des jeunes qui sont, pour la plupart, déscolarisés. Pour les encadrer, l’Ong leur dispense des cours d’alphabétisation dans une salle à Verdun. Ils y apprennent aussi le jardinage, l’élevage de poulets dans une ferme pédagogique, qui est une alternative à la rue. « Nous accompagnons les jeunes de 16 à 17 ans qui veulent se lancer dans le métier d’éleveur avec le soutien de l’Avipro. SAFIRE veut les protéger des fléaux de la société dans un lieu où ils apprennent un métier. Parmi, il y a ceux qui vont intégrer le Mauritius Institute and Training Development pour parfaire leurs connaissances en élevage et dans d’autres métiers et obtenir un certificat à la fin de leurs formations », devait-elle conclure.