Biomasse : le bambou sur 800 arpents à Rose-Belle pour générer de l’électricité

Générer de l’électricité à partir du bambou cultivé localement, c’est le projet de l’entrepreneur Sen Carooppunnen, directeur de Gruna Corporation Inc. et co-gérant de Zeta Pellet. Il a obtenu 800 arpents de l’établissement sucrier de Rose-Belle pour développer la première phase de son projet.  Avec la culture et l’exploitation du bambou pour produire de l’énergie, Sen Carooppunnen veut contribuer à aider le pays à réduire sa dépendance sur l’importation en énergies fossiles et développer des sources de biomasse localement. L’exploitation du bambou servira aussi à produire de l’électricité ainsi que des Wood Pellets, Wood Chips et du bois de charpente.

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Une fois le bambou planté, il faudra attendre trois ans pour la première récolte, mais cette plantation restera pour 50 ans. L’électricité produite alimentera le réseau national.

Le bambou utilisé est développé in vitro et Sen Carooppunnen a déjà développé ce bambou dans plusieurs pays, notamment en Inde, aux Philippines, en Australie et en France. « Nous avons décroché un brevet international depuis 8 ans et reconnu par l’Union européenne, pour le développement et l’exploitation de ce type de bambou, qui possède la même valeur calorifique que le charbon. Ce type de bambou nous permettra de développer une énergie non-intermittente, contrairement à l’éolienne et le solaire. Nous fabriquerons de l’électricité en continu à la manière de toute une centrale à charbon, et nous le faisons déjà aux Philippines, en Inde, en Australie et en France », explique-t-il.

Sen Carooppunnen indique qu’avant d’exploiter ce bambou, il a étudié plusieurs biomasses, dont le bois rouge, mais le bambou a été privilégié d’autant qu’il s’agit d’une culture « non-invasive ». « L’idée, c’est que nous devons garantir une fourniture d’électricité produite par rapport à la consommation annuelle, et faire de cette matière première un pilier économique », dit notre interlocuteur. Le bambou compte des atouts non négligeables, notamment par rapport à son coût de production, qui est d’environ 20% moins cher que le charbon. Sen Carooppunnen explique qu’eu égard à l’inflation et au coût d’importation de l’énergie, une biomasse comme le bambou possède de solides avantages.

« L’économie d’un pays dépend de son port, de son aéroport et de sa structure énergétique. Ce sont ces trois piliers qui amènent de la stabilité dans le fonctionnement d’un pays, et le fait de développer une production énergétique locale stable, mettra le pays à l’abri de variables, dont les fluctuations de taux de change, les effets de l’inflation et les coûts à l’importation des matières premières, comme le charbon, qui ne cessent de grimper », souligne l’entrepreneur.

Le bambou qui sera planté à Maurice est un très bon absorbeur de CO2, « il n’existe pas dans la nature, il est fabriqué in vitro dans un laboratoire que nous allons également créer à Maurice, et nous l’avons déjà fait dans d’autres pays. Pour choisir ce type de bambou, nous avons investi 4 millions d’euros. »

Sen Carooppunnen se dit prêt à développer le projet – dont la première phase coûtera environ 40 millions d’euros. Le projet sera déployé en cinq phases. Le bambou est une culture résistante. « Ce bambou a résisté à des cyclones violents de 230 km/h aux Philippines. Il y a aussi des moments où le bambou peut être coupé  pour être stocké. Il est coupé chaque année. Le tonnage de rendement du bambou sur un arpent s’élève à 40 tonnes l’arpent, même si aux Philippines nous sommes allés jusqu’à 60 tonnes », dit-il.

Il affirme que l’énergie renouvelable photovoltaïque « n’est pas considérée comme une énergie renouvelable, car la production de panneaux solaires n’est pas renouvelable, ni la maintenance, ni la maniabilité des panneaux non plus parce que tous sont issus de la production du carbone. Maurice est une île et on ne peut pas continuer à prendre des espaces de terre pour y mettre des métaux en disant que l’on fabrique de l’énergie renouvelable. »

Avec son projet d’exploitation du bambou comme biomasse, Sen Carooppunnen estime que la première phase de développement sur 800 arpents devrait générer entre 200 et 250 emplois, mais il compte bien développer plusieurs sites, jusqu’à 1 800 arpents, toujours avec le concours de la sucrerie de Rose-Belle. « Nous misons sur des centrales de cogénération de proximité. La cogénération va pouvoir réaliser la production de proximité. Les émissions de ces centrales respectent les normes européennes en matière de CO2, il n’y a pas de soufre qui est émis et les résidus de la combustion ne seront pas des déchets; c’est du ‘top soil’ car notre bambou est biodégradable », dit-il.

Sen Carooppunnen a jeté son dévolu sur les terres de Rose Belle pour diverses raisons, d’abord au vu du climat de cette région, du sol fertile et aussi parce que le dépotoir de Mare-Chicose est à moins de 10 km. Car son objectif, à terme, est de se lancer dans la gestion du site d’enfouissement. « Nous pouvons prendre la responsabilité d’éliminer le site de Mare Chicose et nous voulons produire des engrais qui seront ensuite utilisés dans la culture du bambou et aussi vendus aux agriculteurs qui souhaitent les acheter », explique-t-il.

Concernant son projet de production d’électricité, il conclut que « c’est un projet soutenable car le bambou va produire de l’électricité en temps réel. Le bambou garantit la transition énergétique du charbon d’une manière durable et répondra aux besoins de la population. »

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