BOI: le couple Toquard refuse de rentrer à Maurice

La fin de la semaine a été riche en rebondissements dans le scandale de fausses garanties bancaires pour des Residence et Occupational Permits du Board of Investment (BOI). Mais le plus grave est la décision du couple français, Philippe Martial Toquard et son épouse, de « jump bail » et de ne pas rentrer à Maurice pour les besoins de l’enquête policière. Sur demande logée auprès du magistrat siégeant au tribunal de Port-Louis, ces deux ressortissants français avaient été autorisés le 20 juin dernier à quitter le pays, à condition d’être de retour au plus tard ce week-end. L’autre fait marquant est que le Manager/Administrative Officer du BOI Avinash Roy, inculpé hier pour les délits provisoires de faux et usage de faux, n’a pas obtenu de caution pour sa remise en liberté provisoire suite à une objection de la police. Son épouse, qui est également rentrée d’Inde, hier matin, soutient qu’Avinash Roy ne serait qu’un bouc émissaire car « d’autres plus haut placés hiérarchiquement sont concernés avec les permis émis par le Prime Minister’s Office ».
Depuis hier, les limiers du Central CID font face à un véritable casse-tête pour la suite de l’enquête sur le scandale des permis du BOI à des ressortissants étrangers. Philippe Martial Toquard et son épouse, qui sont sous une inculpation provisoire de faux et usage de faux et en liberté provisoire après avoir versé des cautions, ont signifié leur intention de ne pas rentrer à Maurice aux termes de l’engagement pris devant le tribunal de Port-Louis pour un Variation Order à l’Objection to Departure logée contre eux.
La principale raison évoquée pour justifier ce refus de rentrer à Maurice est que « la pression exercée sur nous est trop forte ». L’expression est utilisée par Philippe Martial Toquard en personne. Mais aucune des sources approchées par Le Mauricien n’a voulu confirmer si le couple Toquard aurait reçu des menaces à peine voilées leur intimant de « rester là où ils sont et surtout de ne plus remettre les pieds à Maurice ».
D’autre part, Philippe Martial Toquard affirme que son épouse, qui ne jouit pas d’une bonne santé, n’est pas encore remise de « l’expérience traumatisante » des trois jours suivant leur interpellation au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport le dimanche 17 juin. « Je suis prêt, même depuis la France, à aider la police dans son enquête. J’ai bien compris que la police saurait nous protéger. Mais la pression est trop forte », ajoute ce ressortissant français, qui est à l’origine du démantèlement d’un réseau de faussaires et d’escrocs opérant même au sein du Board of Investment pour les Residence and Occupation Permits.
En principe, Philippe Martial Toquard avait convaincu les autorités qu’en rentrant en France, il pourrait récupérer des documents compromettants susceptibles de confirmer ce racket portant sur des fraudes de millions de roupies. Les documents promis devaient faire la démonstration que le paiement initial de Rs 100 000 constitue « un droit d’entrée pour des ressortissants étrangers à un club select avec à la clé des propositions d’affaires contre de nouveaux paiements se chiffrant en millions ».
Aux Casernes centrales, ce nouveau développement est étudié en vue décider les mesures à prendre en vue de faire revenir le couple Toquard à Maurice pour le bon déroulement de l’enquête.
De son côté, Avinash Roy, qui était parti en Inde le mercredi 20, soit juste après sa première audition au Central CID sur le scandale BOI, passe le week-end en cellule policière. Les enquêteurs de la police ont objecté formellement à la remise en liberté sous caution du Manager/Administrative Officer du BOI après son inculpation provisoire pour faux et usage de faux et complicité. Cette décision a largement surpris Avinash Roy de même que son homme de loi.
Mais c’est l’épouse du Manager/Administrative Officer du BOI qui est montée en première ligne pour porter les premières dénonciations. « Avinash Roy n’est pas le seul officier du BOI qui traite des dossiers de permis alloués à des ressortissants étrangers. Pourquoi les autres ne sont-ils pas interrogés ? Avinash Roy est un bouc émissaire dans cette affaire. Après tout, il ne fait que traiter ces dossiers avant de les soumettre à ses supérieurs. Qu’en est-il de ces hauts cadres du BOI concernés par les permis, qui sont délivrés par le Prime Minister’s Office ? Dans tout cela, le PMO n’a pas été en mesure de découvrir les fausses garanties bancaires. Nous allons nous battre car il ne faut pas que les petits paient pour les grands », devait-elle faire comprendre aux journalistes présents aux Casernes centrales hier après-midi.
D’autre part, par voie de communiqué émis hier après-midi, le Board of Investment annonce qu’« Avinash Roy a été suspendu de ses fonctions avec effet immédiat » après son inculpation provisoire. Le BOI réitère le fait qu’il collabore avec la police dans cette affaire et que « ses procédures sont totalement transparentes et que ses services de conseils et de facilitation pour l’obtention des permis sont gratuits ».

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