Camp-Diable : Jaynool Jagessur fête ses 100 ans

Camp-Diable compte une nouvelle centenaire. Jaynool Jagessur a célébré l’événement hier entourée de toute sa famille. Cette habitante d’Union Saint-Aubin a travaillé dans les champs de canne aux côtés de sa mère et de sa sœur dès l’âge de quatre ans. Elle attribue le secret de sa longévité à sa vie active, à des habitudes alimentaires saines et à sa foi en Dieu.

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En ce lundi 27 novembre, toute la famille Jagessur s’est réunie autour de Jaynool pour lui souhaiter un bon anniversaire. « Ce n’est pas tous les jours qu’on a une centenaire dans la famille et mes proches ont tenu à marquer l’événement, même si d’habitude, elle n’aime pas fêter les anniversaires.  Je suis très contente d’avoir pu vivre jusqu’à 100 ans. J’ai connu la misère dans le passé et c’était très dur. Je suis fière aujourd’hui de voir que tous mes enfants ont réussi », avoue-t-elle.

La nouvelle centenaire jouit d’une bonne santé et a la mémoire encore vive. Elle vaque encore à ses occupations préférées, comme s’occuper de ses régulièrement. Il n’est pas rare de la voir faire quelque pas dans la rue où elle habite et s’engager dans un brin de causette avec les voisins.

Jaynool Jagessur est née sur la propriété sucrière d’Union Ducray, à Saint-Aubin, le 2 novembre 1923. Elle avait comme amie d’enfance Sushil Ramjoorawon, qui allait plus tard devenir Lady Sushil Ramgoolam. « Les grandes personnes disaient que nous jouions ensemble quand nous étions petites. » Le centenaire de feue Lady Sushil Ramgoolam a d’ailleurs été marqué par le dévoilement d’une stèle dans le village de Saint-Aubin, le 2 octobre 2022.

Quand Jaynool Jagessur est sollicitée pour raconter son enfance, elle se livre : « La vie n’était pas facile à l’époque. Nous vivions dans la misère. À quatre ans, j’étais dans les champs de canne. » En réalité, la nouvelle centenaire qui est la benjamine d’une famille de quatre enfants. Elle a perdu son père lorsqu’elle avait deux ans. « Sa mère a dû travailler dur pour nourrir la famille. Comme il n’y avait personne pour veiller sur ma mère et sa sœur Jaynub, d’un an plus âgée qu’elle, ma grand-mère les emmenait aux champs », raconte Siddick, le fils de Jaynool Jagessur.

Les deux filles, très proches, n’ont jamais cessé de travailler pour aider leur mère. Outre le fait de travailler dans les champs de canne, elles ont aussi économisé pour acheter une vache. Avec l’argent du lait qu’elles économisaient à la poste, elles ont pu plus tard acheter un terrain. « J’ai cumulé les petits boulots. J’ai travaillé dans les champs, j’ai planté des légumes, j’ai rempli les wagons, j’ai fait de l’élevage… À l’époque, les femmes travaillaient pour sept sous. Les hommes avaient droit à 50 sous », témoigne-t-elle.

Inséparables

Jaynool Jagesur s’est mariée religieusement à l’âge de 20 ans et a eu six enfants, dont deux sont décédés. « Cela a été un grand choc pour moi de perdre deux enfants », confie-t-elle. Sa sœur Jaynub, ayant eu le malheur de perdre son époux après six mois de mariage dans un accident, a accueilli la petite famille sous son toit à Camp-Diable.
Les deux sœurs, inséparables, se sont toujours entraidées. « Quand elle est décédée, elle m’a légué tout ce qu’elle avait pour mes enfants étant donné qu’elle n’en avait pas », révèle-t-elle avec reconnaissance.

Elle salue les décideurs politiques qui ont permis d’améliorer sa vie et celle de ses enfants, même peu. Elle cite, en exemple, feu Sir Seewoosagur Ramgoolam avait introduit le Welfare State. Ce qui lui a permis d’avoir une allocation de Rs 10 par mois pour ses trois enfants. Plus tard, grâce à Paul Bérenger, les ouvriers de l’industrie sucrière ont eu droit à des bottes et des gants. « Avant, nous n’avions pas tout cela. Il fallait se débrouiller comme nous pouvions »,dit-elle encore.

Elle fait état de sa reconnaissance envers Marc Rousset, qui permettait à la famille de s’engager dans des activités agricoles sur les terrains de la propriété sucrière. Ce qui leur a permis d’arrondir les fins de mois. Jaynool Jagessur raconte également comment à l’approche des élections à l’époque, des notables de la région comme le père de Prem Nababsing, le grand-père de Roshi Bhadain, ou encore des membres de la famille Mohung, venaient montrer aux ouvriers agricoles comment signer leurs noms afin qu’ils puissent voter. Comme beaucoup d’habitants de son village à l’époque, Jaynool Jagessur n’a pas eu la chance d’aller à l’école et ne savait donc ni lire, ni écrire.

Aujourd’hui, la centenaire est très bien entourée de ses quatre enfants, 13 petits-enfants et 20 arrière-petits-enfants. « Mon plus grand souhait est que tous mes enfants continuent à vivre bien, en harmonie. » Ses enfants et petits-enfants lui sont très reconnaissants pour ses sacrifices et le lui montrent bien. Elle a pu ainsi visiter l’Angleterre, à quatre reprises, pour voir son fils. Elle s’est également rendue à La-Mecque en deux occasions.

Autrement, elle aime les petits plaisirs sains, comme un bouilllon de brède ou des lentilles, avec du poisson salé et un chutney coco. Ou encore le dal pita, agrémenté d’un chutney. Le poisson et la salade de cresson sont également parmi ses favoris.

Sa routine aujourd’hui consiste en sa prière du matin, après quoi, elle fait l’aumône, puis elle vaque à ses occupations. Si par le passé, elle aimait regarder des films avec Raj Kumar, Rajendra Kumar ou Amitabh Bachchan, aujourd’hui, elle ne passe plus beaucoup de temps devant le petit écran.

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