La Journée mondiale du vivre-ensemble en Paix, célébrée le 16 mai, interpelle particulièrement en cette année électorale, où les risques de tensions sont réels. Au milieu de discours haineux crachés çà et là par les politiciens, un aréopage de militants pour l’unité nationale montre que la paix doit être surveillée comme le lait sur le feu.
Cassam Uteem, ancien président de la république, choisi par l’ONU en 2014 comme envoyé spécial et chef de la Mission d’observation électorale des Nations unies au Burundi, reconnaît qu’en prélude aux joutes électorales, « des préjugés historiques réveillant les vieux démons sont susceptibles d’envenimer et d’exacerber inutilement mais dangereusement les tensions intercommunautaires latentes . » Il dira ainsi que les appels à la paix ne sont jamais superflus à la veille des élections et recommande une « sérieuse mise en garde des autorités compétentes pour que les discours de haine ne soient pas tolérés, mais immédiatement sanctionnés ».
Cassam Uteem a ce message pour le peuple mauricien : « Nous sommes un peuple adulte qui, dans le passé, a vécu des jours sombres qu’il ne doit jamais oublier. Les fossoyeurs de la démocratie seront eux aussi à l’œuvre. Méfions-nous de leurs paroles mielleuses ! Soyons, chacun de nous, pour Maurice, des artisans de paix ! »
Pour le père Philippe Goupille, président du Conseil des religions, cette Journée mondiale vient nous rappeler que la construction et le maintien de la paix sociale font partie d’un processus dynamique qui est toujours à refaire et à relancer. « Il faut essayer de convaincre nos leaders politiques de faire montre de plus de retenue et il nous faut faire appel à tous les citoyens qui sont engagés dans la construction du vivre-ensemble », exhorte-t-il, soulignant que le pays dispose d’un vaste potentiel de jeunes universitaires et chercheurs qui croient profondément dans la rencontre et le dialogue des différentes cultures. « Les bâtisseurs de paix sont nombreux; il faut les mobiliser », insiste-t-il. Il importe, en outre, dit le prêtre, d’interroger les vraies motivations des politiciens : « Le bien commun et le bonheur des citoyens ou les démons insidieux de l’avoir et du pouvoir ? »
Amita Boolaucky, présidente de l’aile féminine du PTr et ancienne étudiante en Peace and Interfaith Studies, est d’avis que, pour maintenir un environnement pacifique, « nous devons nous raccrocher à notre identité mauricienne, celle-là même que le monde admire pour être la métaphore de l’univers à échelle réduite. » Elle estime que chaque politicien « devrait donner priorité à l’humanisme » avant de s’engager en politique.
Un politicien est avant tout un serviteur du pays. « Servir nos citoyens et promouvoir une paix véritable exige de comprendre, de respecter et d’accepter les différences et les similitudes de chaque individu. » Elle considère en outre qu’il est de la responsabilité des institutions religieuses et des politiciens de veiller à ce que la paix et l’harmonie du pays « ne soient en aucun cas compromises par la poursuite du pouvoir ».
CASSAM UTEEM (ex-PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE) :
« Les appels à la paix jamais superflus à la veille des élections »
Le 16 mai, nous célébrons la Journée mondiale du vivre-ensemble en Paix. En cette année électorale où les tensions issues de divergences politiques sont susceptibles à prendre le dessus sur la paix et l’unité nationale, parler de paix relève-t-il du platonisme, d’une simple mièvrerie ou au contraire revêt-il toute sa pertinence ?
Cela fait sept ans que la Journée internationale du Vivre-ensemble dans la Paix décrétée par l’ONU est célébrée et pourtant, elle est très peu connue chez nous. Cette journée a pour objectif la mobilisation des efforts de la communauté internationale en faveur de la paix, de la tolérance et de la solidarité. Nous sommes, chacun de nous, invités à exprimer notre désir profond de vivre et d’agir ensemble, unis dans la différence et dans la diversité, en vue de bâtir un monde viable reposant sur la paix, la solidarité et l’harmonie.
Parler de paix ne relève nullement du platonisme ni d’une simple mièvrerie, et c’est précisément parce qu’il existe dans une année électorale des tensions et des risques réels de dérapage pour ne pas dire de violence qu’il nous faut constamment parler de paix. L’exercice démocratique que sont les élections donne lieu à des confrontations d’idées mais très souvent, à l’occasion des joutes électorales, les déclarations d’hommes politiques véhiculent des stéréotypes anciens, des préjugés historiques qui réveillent les vieux démons susceptibles d’envenimer et d’exacerber inutilement mais dangereusement les tensions intercommunautaires latentes.
Les campagnes électorales donnent également lieu à des affrontements mettant aux prises les partisans des différents partis politiques et de violence verbale avec des risques de violence physique. Les appels pour que règne la paix ne sont donc jamais superflus à la veille des élections.
Quelles sont les conditions nécessaires pour que le vivre-ensemble se passe sans heurt, pour que ces élections soient davantage focalisées sur des questions essentielles. Les leaders des partis devraient-ils signer un code de conduite ?
À mon avis, il faut dès l’ouverture de la campagne électorale une sérieuse mise en garde des autorités compétentes pour dire que les écarts de langage, les Fake et Deep -Fake News utilisant l’intelligence artificielle et les discours de haine, y compris à travers les réseaux sociaux, ne seront pas tolérés mais seront immédiatement sanctionnés. Il faut exiger des agents électoraux le respect de l’adversaire, notamment en matière d’affichage et d’oriflammes, par exemple qui sont souvent source de tiraillements et de frictions.
La société civile, à travers les ONGs crédibles, doit de son côté exiger et obtenir que des débats à la télévision nationale soient organisés entre les principaux dirigeants politiques ou leurs représentants sur les enjeux majeurs de ces élections afin d’assurer un tant soit peu un Level Playing Field, ce qui servirait à réduire les frustrations – sources de conflit entre les partis politiques.
Il ne serait pas superflu d’inviter les partis politiques, les alliances politiques et les candidats aux élections à souscrire à un code de conduite respectant les valeurs et les fondements d’une compétition électorale démocratique, libre, paisible et transparente.
Le manque d’écoute et la privation de parole sont parmi les facteurs occasionnant un sentiment d’injustice et de mépris susceptible d’engendrer la colère et la violence, selon des experts en matière de paix. Votre observation…
Je partage entièrement ce point de vue et c’est la raison pour laquelle je viens de suggérer l’organisation de débats à la télévision nationale, avec la participation de tous les principaux partis politiques. Nous pourrions y ajouter les radios de l’État et privées. Il n’y a rien de plus frustrant – donc source de violence potentielle – que de ne pouvoir communiquer son programme et ses projets et se faire entendre par le plus grand nombre possible d’électeurs, alors que certains autres, détenteurs de pouvoirs de contrôle sur les médias officiels, ont tout le loisir de le faire.
Maurice Zundel, prêtre et théologien suisse, disait : « nous voulons la paix, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour provoquer la guerre, sous la forme, bien sûr, édulcorée, de la dissuasion. » Comment promouvoir une paix authentique?
Si nus nous limitions aux campagnes électorales, je dirais que les pouvoirs nécessaires devraient être accordés à l’Electoral Supervisory Commission pour qu’elle puisse agir et intervenir dès qu’une loi régissant l’organisation libre et paisible des élections est enfreinte. Le contrevenant, quel qu’il soit, devrait assumer les conséquences légales de sa conduite.
L’absence de violence et de conflits suffit-elle ?
Évidemment qu’elle ne suffit pas ! La paix n’est pas uniquement l’absence de violence ou de conflits. Elle est une dynamique constante d’interactions mutuellement positives, permettant d’atteindre durablement et ensemble l’harmonie. Elle est fondée sur la recherche continue de convergence au-delà des différences d’opinion. Elle correspond aussi à un idéal social et politique.
Dans un pays multiethnique et multiculturel comme le nôtre, la paix doit être cultivée, entretenue. Nous devons créer des occasions pour célébrer notre diversité, voire nos différences, pour mieux nous connaître afin de mieux nous respecter et pour consolider notre unité dans la diversité en tant que nation arc-en-ciel.
Quel message aimeriez-vous passer aux citoyens mauriciens en cette année électorale ?
Les élections constituent un exercice essentiel de notre vie démocratique. Voter est un acte citoyen qui permet de choisir ses représentants à l’occasion d’un scrutin. Au sein d’une démocratie, ce droit fondamental de participation permet d’exercer sa citoyenneté en participant à l’élection de ses représentants.
Ce n’est pas une bataille rangée ni un combat entre deux armées à la conquête d’un territoire. Les élections passent, le pays demeure. Les gouvernements, comme les alliances, se font et se défont tandis que le peuple lui, reste solidement ancré dans sa famille, son voisinage, son quartier, son village, sa ville.
Nous sommes un peuple adulte qui, dans le passé, a vécu des jours sombres qu’il ne doit jamais oublier. Les fossoyeurs de la démocratie seront eux aussi à l’œuvre. Méfions-nous de leurs paroles mielleuses ! Soyons, chacun de nous, pour Maurice des artisans de paix !
PHILIPPE GOUPILLE (CONSEIL DES RELIGIONS) :
« Les bâtisseurs de paix sont nombreux et il faut les mobiliser »
Le 16 mai, nous célébrons la Journée mondiale du vivre-ensemble en Paix. En cette année électorale où les tensions qu’occasionnent souvent les divergences politiques sont susceptibles de prendre le dessus sur la paix et l’unité nationales, parler de paix relève-t-il du platonisme, d’une simple mièvrerie ou au contraire revêt-il toute sa pertinence ?
Cette Journée mondiale vient nous rappeler que la construction et le maintien de la paix sociale font partie d’un processus dynamique qui est toujours à refaire et à relancer. C’est vrai que dans une année électorale nous sommes confrontés à des violences verbales et à des attaques personnelles qui pourraient déchirer le tissu social. D’une part, il faut essayer de convaincre nos leaders politiques de faire montre de plus de retenue. D’autre part, il nous faut faire appel à tous les citoyens qui sont engagés dans la construction du vivre-ensemble.
Récemment, j’ai eu la chance de participer aux rencontres interculturelles organisées par la Fondation pour l’interculturel et la paix, sous l’égide de l’Open University of Mauritius. J’ai découvert que nous avons un vaste potentiel de jeunes universitaires et chercheurs qui croient profondément dans la rencontre et le dialogue des différentes cultures. La semaine dernière, nous avons célébré le centième anniversaire du regretté père Souchon à l’école Oasis de Paix à Pointe-aux-Sables. Ces deux événements en l’espace d’un mois nous montrent que nous avons toutes les ressources nécessaires pour lutter contre les divisions ethniques et religieuses.
D’ailleurs, la majorité des Mauriciens, à mon avis, veulent cultiver le vivre-ensemble dans le respect de chacun. Au Nord, il y a un groupe de jeunes, le Groupe Renaissance, qui travaille d’arrache-pied à construire l’unité nationale. Les bâtisseurs de paix sont nombreux, il faut les mobiliser.
Comment éclairer les consciences en cette année électorale ? Quelles sont les conditions nécessaires pour que le vivre-ensemble se passe sans heurt, pour que ces élections soient davantage focalisées sur des questions essentielles. Les leaders des partis devraient-ils signer un code de conduite ?
Au-delà d’un code de conduite qui pourrait facilement rester lettre morte, il nous faut surtout interroger les politiciens sur leurs véritables motivations. Au nom de quoi vous vous engagez en politique ? Est-ce le bien commun et le bonheur des citoyens votre motivation principale ou alors est-ce votre intérêt personnel, les démons insidieux de l’avoir et du pouvoir ? Quand nous assistons aux tractations pour l’allocation des candidatures, nous avons plutôt un sentiment contraire.
Le manque d’écoute et la privation de parole sont parmi les facteurs occasionnant un sentiment d’injustice et de mépris susceptible d’engendrer la colère et la violence, selon des experts en matière de paix…
Nous avons la chance de vivre dans une société où il y a encore la liberté de la presse qui permet l’expression de chaque citoyen. Nous entendons aussi à l’antenne beaucoup de citoyens qui expriment leurs frustrations et autres doléances. Bien sûr, il ne faut pas dépasser les limites dans ce genre d’exercice mais je pense que le fait de pouvoir exprimer sa colère et son mécontentement est le meilleur antidote à la violence.
Par contre, je pense qu’il n’y a peut-être pas suffisamment de lieux ou d’occasions pour que les électeurs demandent des comptes à leurs députés tant du gouvernement que de l’opposition. Je propose la tenue de forums citoyens dans le respect et l’écoute mutuelle plutôt que les palabres et les rumeurs que nus entretenons même dans les familles, entre amis, dans les rencontres sociales.
Maurice Zundel, prêtre et théologien suisse, disait : « nous voulons la paix, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour provoquer la guerre, sous la forme, bien sûr, édulcorée, de la dissuasion. » Comment promouvoir une vraie paix et qui sont les mieux placés dans la société pour agir comme antidotes à ces leurres ?
Puisque vous parlez de Maurice Zundel, il me paraît important d’évoquer la dimension spirituelle et le rôle des religions dans le maintien de la paix sociale. Notre pays est un pays très religieux à en juger par la participation des Mauriciens aux pèlerinages et aux fêtes religieuses. Toutes les religions n’ont pas le même point de vue sur les relations entre la politique et la religion. L’expérience du Liban, de l’Irlande du Nord et de bien d’autres pays nous montre clairement les dangers du blocage politico-religieux.
C’est l’occasion pour les chefs religieux d’avoir un échange cordial et sincère sur le rôle qu’ils vont jouer sur la scène politique. C’est aussi leur mission de rappeler à leurs dévots l’importance des valeurs telles que la non-violence, la sincérité, la recherche de la vérité, la droiture, l’honnêteté, le refus du mensonge, le danger de la corruption. Sur le terrain des valeurs, les hommes religieux retrouveront d’ailleurs ceux qui ne se réclament d’aucune religion.
L’absence de violence et de conflits suffit-elle ?
L’absence de violence et de conflits ne suffit pas car il ne s’agit que d’une paix négative. Lapaix négative ne résistera pas aux tornades d’une campagne électorale. Nous devons nous aider les uns les autres à devenir de vrais artisans de paix. Cela demande un engagement parfois douloureux qui requiert beaucoup de sacrifices. Gardons en tête que la violence ne résout jamais un problème, elle ne fait que détruire et nous en sortons tous perdants.
Quel message aimeriez-vous passer aux citoyens mauriciens en cette année électorale ?
Nous avons derrière nous une longue histoire d’exercices démocratiques et, malgré quelques dérapages, nous avons toujours privilégié l’harmonie et la paix sociale sur la violence et sur la guerre. Avec la liberté d’expression dont nous jouissons, avec une population de plus en plus éduquée, nous n’avons aucune raison d’oublier les valeurs de respect mutuel et de tolérance.
Mais nous devons nous rappeler qu’il reste des poches de pauvreté et que pour différentes raisons nous ne sommes pas tous montés sur le train du développement économique. Nous faisons appel pour une attention particulière dans ce domaine de la part de nos hommes politiques quand ils présenteront leurs programmes.
AMITA BOOLAUCKY (AILE FÉMININE DU PTr) :
« Chaque politicien devrait donner priorité à l’humanisme »
Le 16 mai, nous célébrons la Journée mondiale du vivre-ensemble en paix. En cette année électorale où les tensions qu’occasionnent souvent les divergences politiques sont susceptibles de prendre le dessus sur la paix et l’unité nationales, parler de paix relève-t-il du platonisme, d’une simple mièvrerie ou, au contraire, revêt-il toute sa pertinence ?
Vivre ensemble en paix signifie reconnaître et respecter les différences, écouter activement les autres, leur témoigner de l’appréciation et du respect, et créer un environnement d’harmonie et de coexistence pacifique. Cette journée mobilise régulièrement les efforts de la communauté internationale en faveur de la paix, de la tolérance, de l’inclusion, de la compréhension et de la solidarité. À la lumière des conflits au niveau national ou international, il est important de faire une pause et une introspection en nous-mêmes pour voir et revoir nos actions par rapport à nous-mêmes et aux autres.
En cette année électorale, certains politiciens pourraient essayer d’utiliser la peur pour influencer l’opinion publique et maintenir leur emprise sur le pouvoir. Parler de paix n’est pas idéaliste ou sentimental. Bien que cela puisse sembler un objectif irréaliste, il n’en reste pas moins que Maurice, avec sa société multiculturelle, est comme un petit monde en soi. Nous sommes comme des frères et sœurs qui partagent un lien que le monde extérieur admire. Malgré quelques tentatives de certains de provoquer des conflits culturels et religieux, nous nous respectons les uns les autres et partageons nos cultures.
Pour maintenir cet environnement pacifique, nous ne devons pas perdre notre identité mauricienne. En tant que membre du PTr, je crois que participer à des cérémonies religieuses sur invitation ou célébrer des festivals n’est pas prétendre être religieux juste pour obtenir un soutien politique ou montrer notre popularité. C’est une démonstration de dévotion authentique qui nous distingue des autres.
Comment éclairer les consciences en cette année électorale ? Quelles sont les conditions nécessaires pour que le vivre-ensemble se passe sans heurt, pour que ces élections soient davantage focalisées sur des questions essentielles ?
Il est essentiel que les dirigeants politiques comprennent que la politique doit servir le peuple. En tant que politiciens, il est de notre devoir de promouvoir un équilibre entre la politique et les devoirs civiques, en veillant à ce que la paix soit le fondement de nos actions pour une meilleure Maurice.
Le manque d’écoute et la privation de parole sont parmi les facteurs occasionnant un sentiment d’injustice et de mépris susceptible d’engendrer la colère et la violence, selon des experts en matière de paix. Votre observation…
Les gens peuvent devenir frustrés et se mettre en colère lorsqu’ils ont l’impression que personne ne les écoute. Au lieu de cela, ils voient les politiciens imposer des projets de loi, des lois et des lois qui limitent les droits des citoyens à la démocratie. Cela peut conduire à une tendance à la violence, pas nécessairement en public, mais au sein des familles en raison d’un sentiment d’impuissance face à l’état actuel des choses. Lorsque les citoyens ne peuvent pas s’exprimer librement et ouvertement, cela devrait être un signe avant-coureur que la paix et l’harmonie du pays sont en danger.
Le bien-être d’un pays ne peut être déterminé uniquement par sa situation économique. Les citoyens doivent se sentir à l’aise où qu’ils soient. Il devrait y avoir un sens de justice qui nous rassure sur le fait que nous pouvons nous faire confiance. Il est de la responsabilité des institutions religieuses et des politiciens de veiller à ce que la paix et l’harmonie du pays ne soient en aucun cas compromises par la poursuite du pouvoir.
Maurice Zundel, prêtre et théologien suisse, disait : « nous voulons la paix, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour provoquer la guerre, sous la forme, bien sûr, édulcorée, de la dissuasion. » Comment promouvoir une vraie paix et qui sont les mieux placés dans la société pour agir comme antidotes à ces leurres ?
Maurice Zundel a souvent été incompris et mis à l’écart en raison de sa franchise. Il croit que certaines personnes prétendent vouloir la paix, mais au fond, c’est une tentative égoïste qui pourrait les pousser à le faire. Cependant, il y a aussi la volonté qui est guidée par nos croyances, nos valeurs, notre vision et notre mission sur terre.
Dans notre étude Leadership & Politics, nous apprenons qu’être un politicien consiste avant tout à être un serviteur du pays. Servir nos citoyens et promouvoir une paix véritable exigent de comprendre, de respecter et d’accepter les différences et les similitudes de chaque individu. Par conséquent, je crois que chaque politicien devrait donner la priorité à l’humanisme avant de s’engager en politique.
L’absence de violence et de conflits suffit-elle ?
L’absence de violence est une paix négative qui fait référence à l’absence de guerre, de violence et de conflit destructeur. La paix va au-delà de la simple absence de violence. Je crois qu’on atteint la vraie paix et l’esprit de vivre-ensemble lorsque la justice est présente. La justice garantit l’équité, l’égalité et le respect des droits de l’homme. Lorsque la justice prévaut, elle contribue de manière significative à l’harmonie au sein des sociétés.
Par conséquent, la paix n’est pas seulement l’absence de violence et de conflits, c’est un état d’esprit, une vertu qui inclut la bienveillance, la confiance et la justice. S’efforcer de créer un monde où les gens non seulement évitent les conflits, mais travaillent aussi activement à la compréhension, à l’empathie et à la coopération est essentiel pour une paix durable.
Quel message aimeriez-vous passer aux citoyens mauriciens en cette année électorale ?
À l’approche des prochaines élections, je voudrais exhorter les citoyens intelligents de Maurice à se faire confiance. En tant que version miniature du monde, nous sommes admirés pour notre esprit de vivre-ensemble. Il est de notre responsabilité et devoir de le protéger contre ceux qui ne cherchent qu’à obtenir le pouvoir.