CEB — BOMBE À RETARDEMENT DE RS 750 M : Le CPB sous haute tension avec la Saint-Louis Gate

Cette institution, responsable de l’allocation de tous les contrats publics, dont une valeur de Rs 23 milliards en 2020, sur le point d’être étêtée avec l’inculpation de son Chief Executive, Kreetykant Dosieah, par l’ICAC

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L’ancien ministre et Emeritus Consultant on Energy Matters, Swaley Kasenally, désormais sous caution pour des délits allégués de pots-de-vin de Rs 900 000 et de six billets d’avion
pour Dubaï

Le système Hao Thyn Voon visant à « fer tou dimoun kontan » contre l’octroi de gros contrats en voie de démantèlement sous les efforts conjugués de l’ICAC, de l’OCDE, de l’UE et des USA

Les dessous de la Saint-Louis Gate, projet du Central Electricity Board d’une valeur de Rs 4,3 milliards avec une bombe à retardement de Rs 750 millions, ne seraient que le tip of the iceberg du Hao Thyn Voon’s Network en matière de pratiques de corruption lors de l’octroi des contrats publics.

C’est ce qui découle des derniers développements dans l’enquête de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) avec le Central Procurement Board (CPB) sous haute tension. Kreetykant Dosieah, Chief Executive de cette institution, qui a procédé l’année dernière à l’allocation de 77 contrats du gouvernement pour un montant de Rs 23 milliards, pourra difficilement échapper à une inculpation provisoire demain lors de son interrogatoire under warning. Ce développement intervient après l’arrestation du Chairman du Technical Committee du CPB, l’ingénieur Amrithsing Rajarai, remis en liberté sur parole avec sa comparution en Cour de Rose-Hill demain pour sa charge provisoire.

Une autre arrestation high profile, soit celle de l’ancien ministre Swaley Kasenally, et Emeritus Consultant on Energy Matters, est intervenue dans le cadre de cette même corruption probe. Toutefois, ce qui semble le plus accablant demeure le fait que le Hao Thyn Voon Network of Corruption aurait gangrené d’autres contrats majeurs, comme la construction de la tour de contrôle du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport ou encore le Cruise Terminal dans le port, avec le montant des pots-de-vin distribués au fil des années dans d’autres contrats majeurs frisant la barre des Rs 300 millions.

En tout cas, dès l’ouverture des bureaux demain, un exercice de fire fighting au plus haut niveau devra être engagé au sein du Central Procurement Board avec deux Top Guns, et non des moindres, le Chief Executive traîné en Cour pour des délits de corruption lors des appels d’offres. Les allégations qui ont transpiré jusqu’ici sont que le dénommé Kreetykant Dosieah aurait bénéficié de pots-de-vin de plus de Rs 2 millions, montant obtenu par l’ingénieur Rajarai, de la société Pad & Co Ltd, pour favoriser la firme danoise de Burmeister and Wain Scandinavian Contractor AS (BWSC) pour le contrat de Rs 4,3 milliards à la centrale thermique de Saint-Louis.

Dans la conjoncture, la difficulté est de pouvoir anticiper le next move de l’ICAC au sujet de nouvelles arrestations au sein de cette institution, supposée être le garde-fou en matière de bonne gouvernance dans ce domaine. Indépendamment de ce qu’il adviendra au CPB, le server de Pad & Co Ltd continue à livrer ses secrets quant à la liste de bénéficiaires de bribes avec des compléments d’informations glanés lors des séances d’interrogatoire de deux hauts cadres de Pad & Co Ltd, en l’occurrence Patrice Leung Lam Hing, ex-directeur financier de PAD & Co Ltd, et Khemraj Mojeen, comptable, déjà inculpés dans ce scandale avec des ramifications sur le plan international.

En guise d’explications aux limiers de l’ICAC au sujet de ces transactions illicites en infraction aux dispositions de la Prevention of Corruption Act, Patrice Leung Lam Hing et Khemraj Mojeen affirment qu’ils n’ont fait qu’exécuter les directives données par le Managing Director de la compagnie, Alain Hao Thyn Voon. Ce dernier, confronté à ces accusations, a préféré exercer son droit au silence garanti par la Constitution, alors que la série d’inculpations ne faisait que commencer en fin de semaine dernière, avec au bas mot une longue liste de suspects, dont certains ayant bénéficié de versements étalés dans le temps faisant entre Rs 15 millions et Rs 38 millions.

La quatrième arrestation et inculpation d’envergure en fin de semaine a été celle de Swaley Kasenally pour deux versements présumés de Rs 400 000 de PAD & Co Ltd et de Rs 500 000, de même que six billets d’avion à destination de Dubaï de la firme BWSC. Entendu under warning dans cette affaire depuis février, cet ancien ministre de l’Énergie clame en guise de défense qu’il serait un contractuel international de la firme danoise, tout en niant tout paiement de la part dfe PAD & Co. Ltd.

Bénédiction de l’OCDE
Toutefois, du côté de l’ICAC, l’on se dit confiant de pouvoir établir beyond reasonable doubt, avec témoins et preuves à l’appui, la responsabilité de cet ancien ministre, entretenant des liens à toute épreuve avec la Reserach Unit du CEB pour mettre en place le tailor-made bid en faveur de la firme danoise avec des coûts amplifiés pour couvrir le montant des bribes à être distribués sur toute la ligne.

Sur la base des informations retrieved du PAD & Co Server suite à des Judge’s Orders sous la section 52 de la Prevention of Corruption Act, l’ICAC maintient que la Saint-Louis Gate n’est qu’un scandale parmi tant d’autres calqués sur le Hao Thyn Voon Scheme. Depuis récemment, les attributions de l’escouade de l’ICAC ont été élargies pour inclure les contrats de la construction de la Control Tower à l’aéroport, du Cruise Terminal dans le port ou de la pose de câbles souterrains pour le compte du Central Electricity Board.

Les Rs 38 millions puisées des comptes de PAD & Co Ltd pour des « cash payments to several persons involved directly or indirectly in the Redevelopment of the St Louis Power Station Project and other projects for the Central Electricity Board », mentionnées dans la charge sheet déposée en Cour de Pamplemousses contre les deux cadres de PAD & Co Ltd, pourraient facilement grimper jusqu’à Rs 300 millions.

Pour les besoins de cette enquête, qui a été initiée à la demande de la Banque Africaine de Développement (BAD) en juin de l’année dernière, l’ICAC a obtenu la bénédiction de l’OCDE, suite à des consultations à haut niveau entre ces deux institutions, se déroule au terme d’un Joint Investigation Team Agreement signé avec les Danois, sous l’égide de l’Union européenne. Compte tenu des difficultés pour accéder aux fichiers informatiques du PAD & Co Server verrouillé, l’ICAC a dû avoir recours à des spécialistes en informatique des États-Unis for code cracking.

Une fois l’accès au serveur déverrouillé, la liste des profiteurs à différents échelons du secteur public se met à défiler automatiquement. Toutefois, un autre obstacle devait être franchi par les enquêteurs de l’ICAC. Chacun de ces protagonistes était identifié par un codename comme The Professor pour Swaley Kasenally ou encore Ustad Rajah pour le Chairman du Technical Committee du CPD, le fils de cet ancien commissaire de police. Pour celui du Chief Executive du CPB, il faudra attendre demain pour en savoir plus.
Pour cette étape de décryptage des code names, la contact list du téléphone cellulaire d’Alain Hao Thyn Voon a trahi littéralement tout le corruption network, sauf que des fois l’ICAC a dû se reprendre à deux fois, car les cellulaires sont enregistrés sous d’autres noms que les récipiendaires des pots-de-vin.

Cette enquête à rebondissements n’a pas encore fini de surprendre…

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