(Chagos) Olivier Bancoult (GRC) : « Boris Johnson doit avoir honte »

Le président du Groupe Réfugiés Chagos(GRC), Olivier Bancoult, considère que l’ancien Premier ministre britannique, Boris Johnson, doit avoir honte de ses propos au sujet de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos. Il réagissait à la chronique, signée de Boris Johnson dans les colonnes du Daily Mail de Londres.

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« Pour une personne qui a occupé les fonctions de Premier ministre de Grande-Bretagne, Boris Johnson doit avoir honte d’avoir fait de telles affirmations dans un journal britannique concernant les Chagos. En premier lieu, il ne respecte pas les institutions internationales. La Cour internationale de justice a démontré que la Grande-Bretagne a agi de manière malhonnête vis-à-vis des Chagossiens. Il parle de la base militaire anglo-américaine importante, mais alors qu’il était Premier ministre, a-t-il pris en compte les droits fondamentaux et la dignité des Chagossiens ? » demande Olivier Bancoult.

Poursuivant ses commentaires, il explique qu’il a eu l’occasion de le rencontrer en compagnie de sir Anerood Jugnauth. « J’ai bien vu qu’il est un farceur et n’était pas sérieux. Si aujourd’hui il a été rejeté par l’électorat britannique, nous n’avons aucun ordre à prendre de lui. C’est une des dernières personnes à parler de moralité avec nous. Quelle aurait été sa position si des ressortissants britanniques avaient été confrontés au même type de déportation ? Si vraiment les arguments du gouvernement anglais étaient solides, la Cour internationale de justice les aurait pris en considération. Il ne doit pas oublier que malgré Maurice était une colonie britannique, l’archipel des Chagos était considéré officiellement comme une dépendance de Maurice. Il a oublié que devant la Cour internationale de justice, les avocats du gouvernement britannique avaient affirmé que la Grande-Bretagne avait un Deep Regret pour ce qui est arrivé aux Chagossiens. Aujourd’hui, il a la chance que les dirigeants de son propre parti prennent en considération les erreurs commises dans le passé et faire en sorte que la justice prime. Boris Johnson se fait complice des traîtres qui ont commis un crime contre l’humanité », affirme le président du Groupe Réfugiés Chagos .

Olivier Bancoult souhaite que les négociations en cours entre la Grande-Bretagne et Maurice finissent par reconnaître les droits des Chagossiens. Il estime que pour le moment, la Grande-Bretagne continue avec sa politique de Divide and Rule. « En 2016, ils avaient proposé un Support Package de Rs 40 millions qui allait expirer en 2026. Ils avaient dit qu’ils allaient améliorer la vie des Chagossiens là où ils se trouvent. Qu’a fait le gouvernement de Boris Johnson pour améliorer la vie des Chagossiens ? Malgré le rapport réalisé par KPMG pour dire qu’il y a aucun problème pour un retour des Chagossiens dans l’archipel, son gouvernement n’a rien fait. Il avait préféré mettre le rapport dans son tiroir », dénonce Olivier Bancoult.

En conclusion, le président du GRC note que, comme le dit le Premier ministre, les négociations vont dans la bonne direction. « Toutefois, nous estimons que les membres de la communauté chagossienne, en particulier les natifs, doivent avoir leurs mots à dire. Nous ne disons pas non aux négociations, mais nous estimons que nous aurions dû être On Board. Nous ne voulons pas que les étapes de 1965 se répètent. On avait alors pris des décisions nous concernant sans nous consulter. Nous savons qu’il y a une bonne volonté de la part de Maurice, mais nous insistons sur le fait que les Chagossiens doivent avoir la chance de s’asseoir à la table des négociations. Lorsqu’il est question de réparation, comme il a été mentionné dans le rapport de Human Right Watch, nous estimons que la réparation doit en premier lieu concerner les natifs des Chagos. De plus, les Chagossiens, voulant s’installer aux Chagos devraient pouvoir le faire » , maintient-il.

Olivier Bancoult se trouve actuellement à New York, où il a été invité à prendre part à une table ronde à Washington. À cette occasion, le film Absolutely must go, consacré à la vie des Chagossiens, sera projeté. Ce film a été réalisé par le Mauricien Jean Noël Pierre et a décroché plusieurs prix internationaux. Il a même obtenu le prix du meilleur documentaire. Philippe Sands, KC, présentera également son livre.

Arvin Boolell : « Des arguments erronés pour dénigrer la communauté internationale »

Arvin Boolell, chef de file du Parti travailliste (Ptr) au Parlement et ancien ministre des Affaires étrangères, accuse l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson de mettre en avant des arguments erronés pour dénigrer la communauté internationale concernant le vote unanime exprimé en faveur de Maurice à l’Assemblée nationale des Nations unies sur le processus final de décolonisation. Toutefois, il estime que les questions relevant de la souveraineté doivent être débattues au Parlement, « le temple de la démocratie », avec un vote. « Un gouvernement dirigé par les travaillistes agirait avec la volonté et le consentement de la nation », a-t-il fait comprendre.

L’intégralité de la réaction d’Arvin Boolell

« L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson évolue sur un terrain glissant au sujet de l’intégrité territoriale de la République de Maurice. L’archipel des Chagos a été illégalement détaché de Maurice en violation flagrante d’articles spécifiques des résolutions de l’Onu. Les droits et obligations ont été rétablis à la suite d’un avis de la Cour internationale de justice (CIJ) et d’un vote pris à l’Assemblée générale des Nations Unies, qui a massivement plaidé en faveur de la République de Maurice. Mais sa réaction est celle de la perfide Albion et d’arguments erronés pour dénigrer la communauté internationale par rapport aux votes exprimés en faveur de Maurice à l’Assemblée générale des Nations Unies sur le processus final de décolonisation.

« Cependant, des questions et des préoccupations légitimes sont exprimées sur les questions géopolitiques et stratégiques dans l’océan Indien. Mais Boris Johnson instille des peurs et des préjugés inutiles. L’initiative One Belt One Road ou le collier de perles de la Chine a réuni l’Inde et les États-Unis, et un accord de partenariat majeur en matière de défense a été conclu. La Grande Péninsule est désireuse et désespérée de garder l’océan Indien, qu’elle considère comme son jardin, Neat and Clean, d’où la mise en place d’une base à Agalega, qui fait partie de l’intégrité territoriale de notre République.
Cependant, le régime actuel doit une explication au peuple sur la construction d’une base à Agalega. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a-t-il donné Agalega à l’Inde, comme le suggère la question posée par Boris Johnson sur les Chagos ? Que ce soit sur Chagos ou Agalega, le Premier ministre ne peut agir unilatéralement. Le Parlement est souverain. Les questions de souveraineté doivent être débattues dans le temple de la démocratie et un vote doit avoir lieu. Un gouvernement dirigé par les travaillistes agirait avec la volonté et le consentement d’une nation. L’AUKUS (Australie, Etats-Unis et Royaume-Uni) est également pertinent pour l’océan Indien et il y a des exercices navals réguliers entre l’AUKUS et le Japon.

En dépit des informations militaires sensibles, le droit de savoir est obligatoire. Des négociations sont en cours entre Maurice et le Royaume-Uni avec les États-Unis en tant qu’observateurs pour achever le processus de décolonisation et fixer une date pour le retour des Chagos à Maurice. Il va de soi que la base de Diego Garcia, en tant que base occupée par les États-Unis, is here today and is here to stay irrespective of Government of the day.

En ce qui concerne les autres îlots, l’État doit donner des assurances fermes et sans équivoque que l’environnement vierge ne sera pas perturbé. Il devrait y avoir une permanence de l’État. Elle devrait être inscrite dans notre Constitution. Quant au traité de Pelindaba, la déclaration selon laquelle l’océan Indien devrait être une zone nucléaire libre est malheureusement confinée aux poubelles de l’histoire ! C’est vraiment dangereux.
Boris Johnson nous rappelle l’image d’un nageur épuisé, qui est destiné à être sur l’autel du sacrifice lors des prochaines élections générales britanniques. Malheureusement, il y en a beaucoup qui partagent les mêmes idées sur cette question sensible.
Je me suis souvenu qu’en tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères, j’ai été franc avec David Miliband, chef de la diplomatie du Royaume-Uni, en 2009, en affirmant qu’il n’y aurait pas de demi-tour, pas de retraite ou de capitulation sur la question de notre souveraineté. Elle était en effet espiègle et sa décision d’attiser les sentiments anti-Mauriciens parmi les Chagossiens qui se sont installés à Crawley, au Royaume-Uni, a été soigneusement planifiée.
La Marine Protected Area (MPA) aux Chagos était le cheval de Troie du Royaume-Uni. L’affaire a été renvoyée devant le Tribunal en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et sa décision a été limpide. Elle a considéré que la MPA était illégale.

Boris Johnson mène une bataille perdue d’avance et, comme Don Quichotte, il charge le mauvais moulin à vent. »

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