Changement climatique : En 48 heures, le pays reçoit l’équivalent d’un mois de pluies

Mon-Bois avec 405 mm, soit une moyenne de deux mois de pluie et Wooton (343 mm), Providence (335,3 mm) et Arnaud (315,8 mm) parmi les plus arrosées

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Des régions du Sud, dont Bel-Ombre et Chemin-Grenier, et plus haut Plaine-Magnien, affectées par des inondations

Durant le week-end, soit en 48 heures, avec des pluies torrentielles en continu, le pays a reçu l’équivalent d’un mois de pluie en général. Toutefois, des régions, comme Mon-Bois, avec 405 mm et Wooton (343 mm) ou encore Providence (335,3 mm) ou Arnaud (315,8 mm), ont été parmi les plus arrosées. N’empêche que des villages Sud de l’île, dont Bel-Ombre, Chemin-Grenier, ou plus haut Plaine-Magnien, ont connu des cours inondées et des dégâts matériels pour les familles victimes. À Plaine-Magnien, le chantier de la SME Park de la Banque de Développement avec une déviation d’un cours d’eau est mis en cause, des habitants dénonçant vertement les autorités à cet effet.

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Les relevés pluviométriques enregistrés à travers l’île sont des plus éloquents même si la pointe de 375 mm en 12 heures à Riche-en-Eau du 16 avril 2021 est encore loin d’être menacée. Mais le fait nouveau établi durant le week-end est que la moyenne sur l’ensemble de l’île a été de 200 mm de pluies. Des nuages actifs influençant le temps sur l’île depuis vendredi jusqu’à la nuit de samedi à dimanche font que des pluies abondantes ont été enregistrées sur l’ensemble de l’île ces deux derniers jours avec une moyenne sur l’île de l’ordre de 200 mm, soit la pluviométrie moyenne pour un mois d’avril.

Par région, la situation était la suivante à hier :

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Plateau central : 296 mm, Sud : 241 mm, Est : 186 mm, Nord : 160 mm, Ouest : 108 mm

Quatre des sept stations enregistrant la pluviométrie sur le Plateau central ont affiché des moyennes de plus de 300 mm chacune, en l’occurrence Mon-Bois avec 405 mm, représentant deux mois de pluie, suivie de Wooton avec 343 mm, Providence (335,3 mm) et Arnaud (315,8 mm).

Au Sud de l’île, toutes les régions avaient connu une pluviométrie supérieure aux 200 mm, soit St-Félix 253,2 mm, Plaisance 246,6 mm, Rivière-des-Anguilles 235,2 mm et Riche-en-Eau 228,4 mm. Des régions en contrebas dans le Sud ont connu des situations difficiles, avec notamment le pont de Rivière-du-Poste débordant de manière dangereuse pour les automobilistes.

Les quelques rares régions avec une pluviométrie inférieure à la barre de 100 sont Le Morne avec 77,2 mm et Médine 99 mm. Au Nord, les relevés étaient juste sous les 200 mm sauf pour Mon-Loisir Sugar Estate (voir tableau plus loin).

Ces rafales de pluies balayant l’île en continu ont rendu la circulation difficile alors que ces pluies torrentielles qui se sont abattues sur l’île depuis vendredi dernier ont affecté plusieurs villages du Sud. Cours et routes inondées, des plantations sous les eaux, des maisons submergées… le week-end a été dur pour beaucoup. Rivière-du-Poste, réputée pour être l’une des plus dangereuses rivières du pays est sortie de son lit, offrant un spectacle à la fois impressionnant et effrayant aux habitants et aux plus téméraires, qui avaient osé faire le déplacement à cette occasion.

Comme dans d’autres régions, des villages à l’instar de Bel-Ombre, Chemin-Grenier, La Flora et Rose-Belle, entre autres, ont connu une montée des eaux, envahissant des cours et des maisons et semant même la panique parmi les habitants. À Rivière-duPoste, le pont était submergé, rendant la route dans cette région impraticable. Il faut dire que Rivière-du-Poste est reconnue pour être l’une des rivières les plus dangereuses du pays, car ce cours d’eau dévale sur toute la partie Sud de l’île et peut tout balayer sur son passage.

À Bel-Ombre, l’eau a envahi de nombreuses maisons, forçant des familles à chercher refuge au centre communautaire. Le même scénario de désolation est également intervenu à Plaine-Magnien. Alors que des travaux de drains sont en cours à Cité Paul Langlois, en raison des inondations du passé, des habitants à l’entrée du village ont été incommodés par les intempéries.

Les quartiers de Bois-d’Oiseaux, EDC, et une partie de la route Royale ont été inondés. Roopesh Hoseneeah, District Councillor, confirme que 22 maisons au total ont été affectées dans ces régions. « Cela fait trente ans que nous n’avons pas fait face à ce genre de problème dans cette région de Plaine-Magnien, la priorité pour nous aujourd’hui est d’identifier la source du problème, afin que les familles ne souffrent pas de telles inondations à l’avenir », fait-il comprendre.

Hier matin, quatre familles avaient évacué leurs domiciles pour se réfugier au Centre social de la localité. Les autres essayaient tant bien que mal de mettre de l’ordre et d’enlever de la boue à l’intérieur.

Ces habitants pointent un doigt la construction d’un SME Park non loin de leur quartier et proche d’un marécage. Roopesh Hoseneeah indique que des ingénieurs de la National Land Drainage Authority (NDLA) avaient fait le déplacement, hier, pour dresser un constat des lieux. « Nous ne savons pas s’il y a un lien entre ces travaux et les inondations, mais il faudra trouver des solutions très vite pour que le problème ne se répète pas », dit-il.

Ce conseiller tient à saluer la solidarité qui s’est manifestée lors de ces événements difficiles. Il cite la compagnie United Basalt, située non loin, qui a envoyé des équipements pour assurer l’évacuation de l’eau, même si les bureaux étaient fermés ce jour-là.

Dans un autre ordre d’idées, de nombreux parents étaient remontés vendredi, suivant la décision des autorités de maintenir les institutions scolaires ouvertes, en dépit de la nette détérioration du temps depuis la mi-journée de vendredi. Ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme des incohérences du ministère de l’Éducation et de la Météo. «Il y a deux semaines, on avait pris la décision de fermer les écoles en raison des pluies torrentielles. Toutefois, il y avait du soleil ce jour-là. Or, vendredi dernier, on a choisi d’envoyer les enfants à l’école malgré les grosses pluies », s’indignentils.

Plusieurs parents témoignent ainsi avoir dû quitter leur travail pour aller chercher leurs enfants à l’école, car il n’était pas évident qu’ils allaient prendre le bus dans de telles conditions. Dans certains collèges, les bus scolaires ne se sont jamais pointés, forçant les enfants à marcher sous la pluie jusqu’à la gare. Ceux qui ont dû quitter la capitale pour aller récupérer les enfants dans les PlainesWilhems ont dû affronter d’énormes bouchons sur l’autoroute. Certains enfants ont dû attendre leurs parents à l’école jusqu’à 16h ce vendredi…

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