Cinq combats en 15 ans

En quinze ans d’existence, marqués de détermination, d’engagement et de persévérance dans le pays, PILS a été l’ONG phare à faire avancer la cause des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). On peut identifier et rappeler les principaux combats menés par l’ONG, amenant les résultats que l’on sait, notamment des PVVIH plus confiants de pouvoir vivre leur séropositivité.
1. Contre le silence
Dès le départ, en 1996, PILS se heurte à des discours moralisateurs tant de la part de l’État que de la société civile. Le sida étant une maladie qui se transmet surtout sexuellement, le tabou est très fort. Même si aujourd’hui, pour Maurice, l’épidémie est concentrée au sein des groupes vulnérables, dont les usagers de drogues injectables (UDI), surtout, il n’en demeure que les préjugés ont la dent dure…
Une des toutes premières campagnes publicitaires de PILS, « Sida pa get figir », demeurera longtemps dans les mémoires des Mauriciens, car en mettant des noms, même fictifs, aux malades, la pathologie prenait visage humain. Et mauricien. Le silence était brisé. PILS pouvait avancer…
Les nombreuses autres campagnes pubs et médias ont permis de continuer à faire régresser les tabous.
2. Contre l’indifférence
Même si les gens en parlent, de manière nationale, le sujet resta longtemps secondaire. Fort de son engagement et toujours au front, PILS « a réussi à garder son indépendance face à l’État et, de ce fait, préserver son rôle de watchdog et de whistle blower », soutient Nicolas Ritter. Ce qui lui a aussi permis de contrer l’indifférence de la masse mauricienne face au virus. « Lors de notre dernière Flag Day, relève le directeur de l’ONG, les bénévoles, qui ont passé la quête pour nous nous, ont confié comment les Mauriciens et les Mauriciennes, en les voyant avec leurs boîtes de quête, traversaient littéralement la rue, un grand sourire aux lèvres, pour venir donner généreusement ! C’est un signe que PILS est connu et son travail est respecté. » Et aussi que le message contre l’indifférence a été reçu !
3. Pour le traitement
De l’absence de traitement à des antirétroviraux (ARV) gratuits, le combat n’a pas été mené en un jour ! PILS a toujours été au-devant, menant le plaidoyer en faveur du traitement pour les PVVIH. C’est sous l’ère Bérenger, dans les années 2000, que la bonne nouvelle tombe. « Paul Bérenger avait toujours eu à coeur ce que PILS faisait en matière de lutte contre le virus, souligne Nicolas Ritter. Quand il a pu faire déclencher les choses pour que Maurice bénéficie des ARV gratuitement pour ses malades, cela a été un grand pas en avant. Mais ce qui ne sous-entend pas que l’actuel gouvernement ni le précédent n’ont pas été autant engagés. Les mesures de réductions de risques, dont la méthadone et le programme d’échange de seringues, ainsi que la loi, en témoignent, entre autres. Il y a des avancées. Tout comme il reste des chantiers… »
4. Contre la stigmatisation et la discrimination
Le nombre de PVVIH allant en s’augmentant, le peu d’information pouvant braver les interdits imposés par les discours moralisateurs aidant, PILS a certainement eu très fort à faire pour taire les mauvaises langues et les préjugés. « Et au final, ce sont toujours les malades qui trinquent ! » déplore Nicolas Ritter. Pour que cet état de choses n’empire pas, pour pas que les malades n’aient à choisir entre mort physique et mort sociale, l’ONG monte au créneau et dénonce chaque faux pas, déplore chaque manquement professionnel et lésant les droits humains des PVVIH. Ce combat n’est pas gagné. « Mais les mentalités changent. Les regards ne seront plus aussi chargés de jugement, c’est ce que nous espérons. »
5. Pour la valorisation
Les Ambassadeurs Positifs. Ce réseau, l’unique à Maurice, réunit un groupe de PVVIH, hommes et femmes, enregistrés chez PILS, et qui se sont donnés pour mission de faire tomber les clivages. Ce faisant, ces hommes et femmes, pour la majeure partie des personnes vulnérables elles-mêmes, ayant un passé de toxicomane ou de travailleuse du sexe principalement, ont suivi des cours et parviennent à graduellement devenir financièrement indépendantes. Une manière de les valoriser et leur rendre leur dignité.

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