Clean-up à Bel Ombre et au Morne : Le Sud croit en la synergie public-privé pour assainir le littoral

Un léger mieux. Une amélioration progressive… C’est le constat des porte-parole des hôtels du Sud à l’issue de l’exercice de nettoyage qui s’est déroulé sur deux plages le jeudi 19 août, dans le cadre de la campagne nationale #Respekte Moris. Exercice qui a vu la participation d’une cinquantaine d’employés bénévoles des cinq grands hôtels de la région qui ont nettoyé Pointe-Cassis, au Morne, et la plage publique de Bel Ombre, du Batelage à C-Beach, pendant que les officiers de la Beach Authority réhabilitaient les poubelles et installaient des panneaux d’appel au respect de l’environnement. Une opération similaire se déroulait le même jour dans l’Est.

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Cette amélioration, Kaviraj Ramdenee, DRH de Heritage Resorts, la mesure au nombre de sacs de déchets récoltés. « Nous avons récolté 50 gros sacs de déchets, environ 300 kilos. Il y a six ans, c’était 200 sacs que nous ramassions. Le tableau n’est, donc, pas totalement noir. Nous arrivons petit à petit à conscientiser. Le Bel Ombre que j’ai connu il y a cinq ans est très différent de celui d’aujourd’hui : la communauté locale, dans sa grande majorité, a à cœur son environnement. » C’est le même constat que fait Kevin Shamah, Sports and Leisure Manager chez Beachcomber. Cet ex-président du Village Council et enfant du Morne s’avoue optimiste: « Les villageois commencent à intégrer de bonnes habitudes. Ils savent par exemple que les camions de nettoyage vont passer les lundis et samedis, et ils s’y préparent. Ils trient leurs déchets, feuilles de cocotiers d’un côté, bouteilles en plastique de l’autre. » A Pointe Cassis, la « récolte » a été également moyenne : 20 sacs…

L’équipement est important. Selon une récente étude de Kantar OI sur le respect de l’environnement, 46,8% de personnes interrogées admettent jeter dans la nature leurs déchets s’ils ne trouvent pas de poubelles. L’installation par la Beach Authority d’une dizaine de poubelles sur chacun de ces sites est pertinent, et le passage régulier des camions de ramassage joue un rôle majeur, disent les acteurs de la région. Mais nos interlocuteurs attribuent aussi ce progrès à deux facteurs : la synergie entre les acteurs de la région Sud, qui s’est mise en place depuis 3-4 ans, et la valorisation du cadre naturel.

« Une dynamique se crée autour du District Council, explique Kevin Shamah. Les hôtels, les ONG, les grandes entreprises qui sont maintenant aussi installées dans le Sud se mettent autour d’une table pour dégager des actions. Cet écosystème solidaire et responsable est pour moi le premier facteur de réussite. Il permet un travail continu et régulier. Les villageois suivent parce qu’ils ont compris la valeur culturelle du Morne, classé patrimoine mondial. Nous sommes un village de pêcheurs et notre respect pour la nature est bien ancré dans notre cœur », ajoute-t-il.

Il est rejoint par Kaviraj Ramdenee. « Je suis convaincu que lorsque les gens voient qu’on nettoie, qu’on embellit le cadre, ils le respectent aussi. La valorisation de l’endroit inspire le respect, titille un sentiment d’appartenance très présent. C’est une certaine façon d’éduquer. Nous soignons Bel Ombre à travers nos actions d’embellissement de son environnement naturel, mais aussi par le biais de notre personnel. 50% de notre effectif est du Sud, ils apportent dans leur foyer et leur quartier un respect de l’environnement très fort et des principes de tri et de recyclage que l’hôtellerie a intégrés dans son mode d’opération », dit-il.

S’ils sont optimistes, ils ne crient pas victoire pour autant. « Zordi tou propre. Mais souvan, kan lundi matin arrivé, nou dan bis pou al lotel, nou lonz sa laplaz là, li enn depotoir… Dimoun servi poubelle dan zot lakaz, zot bizin fer parey lor laplaz. Bouteilles plastiques, take-way pique-nique… C’est un eyesore pou bann touristes. Zot pran sa chemin-là avant zot arriv lotel, et c’est sa l’image la ki zot gagné de Moris », se désole Vinay Lallbeeharry, Housekeeping Manager chez RIU.

Le nombre de bouteilles plastiques des pique-niques, enfouis dans les buissons, est effectivement ce qui choque le plus les participants à l’exercice. Pour ce type de déchets, une solution est trouvée. L’ONG We Recyle, qui travaille en étroite collaboration avec le DC de Rivière-Noire, était, jeudi, sur place pour trier et récupérer les déchets plastiques qu’elle transportera jusqu’à une entreprise de recyclage. Des solutions restent, toutefois, encore à être imaginées pour les autres types de déchets.

Medha Budoo, Quality Assurance Manager chez LUX* Le Morne, se souvient de l’exercice que l’hôtel a mené l’année dernière à l’occasion du World Clean Up Day. « Nous avons réalisé, en septembre 2020, un grand nettoyage de l’allée menant à la plage du Morne depuis le Green Village. C’était un complete dumping ground. Nous avions récolté quelque 440 kilos de déchets en une demi-journée. Les déchets plastiques représentaient un volume important, mais le glass waste constituait quand même plus de 50% des déchets », dit-elle.

Tous s’accordent à dire que l’exercice de nettoyage doit être régulier jusqu’à ce que les bonnes habitudes soient acquises. Avec l’association ANPRAS, Medha Budoo s’apprête d’ailleurs à recommencer une nouvelle opération le mois prochain. « Je pense que les mentalités ont évolué, je veux être optimiste, mais il faut continuer à éduquer et ne pas uniquement nettoyer ». Pour Kaviraj Ramdenee, c’est un devoir civique d’entretenir les environs des hôtels dans un rayon de 3 kilomètres. « Nous continuerons à mener une opération nettoyage trois fois par an », dit-il. « Nous n’avons pas le choix », ajoute Kevin Shamah. « Le touriste se fait une première impression du pays sur son trajet menant à son hôtel. Nous devons lui donner l’image d’un pays propre, bien entretenu, soucieux de l’hygiène. »

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