Collèges privés : la fédération des managers réfute et prend à contre-pied la VPM Dookun

– La ministre de l’Éducation avait déclaré à l’Assemblée nationale que la PSEA ne fait pas de déduction des Grants des collèges privés

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– Au sujet de la transparence, la FoM invite l’Éducation et la PSEA à donner l’exemple

Quatre jours après l’intervention de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, sur le budget 2024-25, la Fédération des Managers (FoM) des collèges privés a tenu à mettre les points sur les i. Preuve à l’appui, les managers ont démontré que la Private Secondary Education Authority (PSEA) procède effectivement à des déductions de leurs Variable Grants alors que la VPM et ministre de tutelle avait tenu le contraire. Parlant de l’argent du contribuable, Leela Devi Dookun-Luchoomun avait mis l’accent sur la nécessité de transparence. La FoM affirme avoir toujours appliqué cette pratique et se demande s’il en est de même pour l’Éducation et la PSEA, également financées des fonds publics.

La fédération des managers reconnaît avant tout les initiatives positives du budget dans le secteur de l’éducation. « Nous accueillons l’introduction du Per Capita Grant. Il nous semble que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, ont compris les problèmes auxquels les collèges privés sont confrontés actuellement» , déclare Ramdass Ellayah, président de la FoM. Dans ce contexte et dans le même esprit que les rencontres avec d’autres dirigeants politiques, la fédération a fait une demande au Premier ministre, pour une séance de travail.

Toutefois, la FoM estime que la VPM et ministre de l’Éducation, est allée dans le sens contraire. « Dans son intervention, la ministre de l’Éducation n’a pas pipé mot sur le Per Capita Grant, qui est pourtant une mesure du budget 2024-25 », fait-il remarquer. En revanche, note-t-il, elle est venue justifier la New Comprehensive Grant Formula, en s’appesantissant sur l’augmentation de l’Annual Rent Value et la nécessité de transparence de la part des managers des collèges privés.

À ce sujet, Ramdass Ellayah indique que les autorités doivent commencer par donner le bon exemple. « En 2016, quand on avait introduit une nouvelle formule de grant, on nous avait dit que les officiers du Valuation Office allaient venir évaluer nos bâtiments et que les rapports nous seront remis par la suite. Mais à ce jour, nous n’avons rien reçu. Nous ne savons même pas sur quelle base on a calculé notre Annual Rental Value. Et on ose venir nous parler de transparence ? » s’insurge-t-il.

Il ajoute que le Grant de Rs 350 000 à Rs 750 000 ne s’applique pas à tous les collèges et que certains perçoivent bien en deçà de cette fourchette. « Certains ont Rs 135 000 et il n’y a qu’un seul collège qui touche un ARV de Rs 750 000 », ajoute-t-il.

Le Dr Jimmy Harmon, démontre, preuves à l’appui, comment la PSEA procède à des déductions des Variable Grants. « La PSEA nous laisse faire les dépenses et lorsque nous lui envoyons la liste, il y a un certain nombre d’items qui ne sont pas remboursés. Par exemple, un collège avec 100 élèves, a connu une déduction de Rs 96 703 pour la périodze. Un autre collège de 400 élèves a connu une déduction de Rs 515 500 pour la même période. Un autre de 800 élèves Rs 4 318 000 de janvier 2021 à 2023 », énumère-t-il.

De telles déductions, ajoute-t-il, impactent sur les opérations de l’établissement, avec différentes factures à payer chaque mois. « Un collège de 400 élèves, par exemple, se retrouve avec des factures de Rs 30 000 par mois. » De plus, poursuit-il , la PSEA a émis une longue liste de 93 Disallowed Items. Parmi, il y a la formation des enseignants. « La formation ne se fait pas uniquement au MIE. De par notre vocation et le profil de nos enfants, nous avons des formations, par exemple, sur la gestion des conflits, sur le counselling. Tout ceci aide l’enseignant dans son travail. Mais cela n’est pas reconnu », indique-t-il.

Parlant de Good Governance, lJimmy Harmon cite six exemples, démontrant les contraintes imposées par la PSEA. « Un collège a fait une demande pour l’achat d’un projecteur. Selon les procédures, il a soumis trois devis. Au bout de trois mois, le collège reçoit une lettre, disant que la demande a été approuvée, à condition que le collège trouve un Certified Technician pour l’installer. Mais est-ce si compliqué d’installer un projecteur ? Au final, l’enseignant a préféré apporter son projecteur personnel à l’école », avance-t-il.

Le deuxième cas cité est celui d’un collège qui a fait une demande pour l’achat de deux chaises pour deux secrétaires. «La PSEA a demandé des explications pourquoi les deux chaises étaient différentes avec des prix différents. Il a fallu leur expliquer que l’une des secrétaires avait un problème à la nuque et que l’autre, étant de forte corpulence, il fallait une chaise adaptée. Le collège a été prié par la suite de mettre ces explications en écrit. »

Autre aberration, selon Jimmy Harmon, concerne un collège qui avait fait une demande pour l’achat d’un Laser Cutter recommandé par le nouveau syllabus de Design and Technology. « La PSEA a rejeté la demande parce que ce n’était pas parmi les items autorisés. Ils n’ont pas compris que nos jours, nous utilisons des outils modernes dans les ateliers. Cela alors même que le ministère a lancé la Technology Education sur une base pilote cette année », se demande-t-il.

Pour les besoins de la filière de Design and Technology toujours, un autre collège avait fait une requête pour changer son Multiple Function Table Circular Saw. Cela, après la visite des officiers de Health and Safety qui l’avaient recommandé. « Mais la PSEA a demandé au collège de faire un “survey” et de lui soumettre le rapport, pour justifier pourquoi il fallait changer cet équipement. »

Il cite encore deux cas où deux collèges avaient soumis de demandes pour l’achat de photocopieuse et d’imprimante, mais ils ont été priés de chercher des modèles moins chers. « Avec de telles démarches, la PSEA est en train de ridiculiser ses officiers, dont certains sont pourtant des personnes très compétentes. »

Mario Roussety et Nanrock Perrine, respectivement manager et recteur du Rodrigues College, évoquent eux aussi, les difficultés auxquelles ils sont confrontés. « J’ai analysé mes comptes et je constate que depuis 2020, on est en train de réduire graduellement le montant de nos allocations. Pourquoi les sommes diminuent, alors que le coût de la vie monte ? » se demande Mario Roussety.

Nanrock Perrine témoigne des contraintes liées aux ressources financières limitées. « Le Rodrigues College a fêté ses 50 ans cette année et c’est la première fois que nous nous retrouvons dans une telle situation. Je me vois contraint de chercher au quotidien comment on va trouver l’argent nécessaire pour les opérations. Alors même que j’aurais dû me concentrer sur la pédagogie et autres aspects liés à l’éducation », dit-il.

Ce qui rend la situation d’autant plus compliquée pour Rodrigues, ajoute Nanrock Perrine, c’est que tout coûte plus cher, en raison du fret. « Le système actuel nous met dans un cercle vicieux. Nous utilisons nos fonds pour les opérations, puis, lorsque nous faisons les réclamations à la PSEA, il y a un certain nombre d’items qui sont Disallowed. À ce jour, notre réserve est à zéro. Nous n’avons même pas d’argent pour acheter les consumables alors que les examens approchent », prévient-il.

Pour Bashir Taleb, les autorités ne devraient pas généraliser, s’il y a eu des collèges qui n’ont pas respecté le principe de transparence par le passé. « Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. » Il plaide pour le retour à l’ancien système de Grant, où les collèges peuvent opérer dans de meilleures conditions. La FoM réitère sa demande pour la mise sur pied d’un Technical Working Group, comme par le passé, où les collèges privés seraient représentés.

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