Collèges privés : Les managers ne lâchent pas la ministre de l’Éducation

La fédération des managers des collèges privés n’a pas digéré la déclaration de la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun Luchoomun au Parlement – dans le cadre des débats budgéraires – à l’effet que la PSEA n’a pas déduit les grants de ces établissements du secondaire. Par ailleurs, le recteur du Rodrigues College, qui était à Maurice, dit rencontrer des difficultés en matière de financement des opérations de son établissement. 

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 Même si la fédération des managers des collèges privés dit avoir  accueilli favorablement certaines mesures budgétaires touchant particulièrement son secteur, dont le per capita, elle reste dans l’attente des modalités de la part du ministère de l’Éducation. Et réclame par-dessus tout le maintien de l’ancienne formule. En effet, les collèges privés estiment que le per capita ne résout pas les problèmes fondamentaux liés à la formule actuelle des grants, que ce soit son mécanisme d’implémentation, aux coupes massives appliquées par la Private School Education Authority (PSEA) aux “disallowed items” et contraintes administratives de cette autorité.

Grants : la formule actuelle dérange

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Les “disallowed items” sont des dépenses que la PSEA a rejetées pour les collèges, bien qu’elles soient cruciales pour le fonctionnement des établissements. Autre mesure budgétaire qui fait l’unanimité chez les managers du secteur privé : l’alignement du HSC Professional Scholarship au même titre que les autres bourses pour les matières académiques des examens de Cambridge. La fédération salue les amendements à la Education Act, Regulations made by the Minister under section 38, qui visent à assouplir les qualifications pour enseigner certaines matières. Ces amendements permettent une flexibilité accrue dans le recrutement, mais l’exigence du Postgraduate Certificate in Education (PGCE) reste une barrière significative, particulièrement à Maurice et à Rodrigues. La fédération soutient que les enseignants devraient obtenir leur PGCE après leur confirmation et le rendre obligatoire pour faire carrière dans l’enseignement.

La fédération des managers des collèges privés maintient, toutefois, ses demandes concernant les grants, notamment la suspension immédiate de la formule actuelle et le retour à celle de 2016-2020, le remboursement des grants déduits pour les dépenses prévues, l’arrêt des réductions arbitraires, la formation d’un nouveau groupe de travail pour une nouvelle formule, et la création de comités consultatifs incluant les gestionnaires. Les managers tiennent à apporter des clarifications sur “l’augmentation des grants”.

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La ministre de tutelle avait annoncé une augmentation des grants de Rs 415 millions en 2014 à Rs 889 millions en 2024. Pour la fédération, la ministre n’a pas mentionné les montants non payés, repris ou déduits, entraînant une diminution des grants. Pour appuyer ses propos, la fédération a sorti des chiffres.

La ministre “pour la PSEA”

Concernant les factures d’eau, d’électricité et de téléphone dans les collèges : pour 700 élèves et 94 membres du personnel, les coûts sont d’environ Rs 54,000 par mois et Rs 161,208 par trimestre ; pour 400 élèves et 70 membres du personnel, les coûts sont d’environ Rs 30,000 par mois et Rs 90,000 par trimestre ; et pour 300 élèves et 61 membres du personnel, les coûts sont d’environ Rs 52,000 par mois et Rs 156,000 par trimestre.

Autre éclaircissement apporté quant à l’affirmation de la ministre de tutelle qu’aucune déduction n’a été faite dans les grants. La fédération avance que les stakeholders du secondaire privé ont régulièrement rapporté des déductions massives par la PSEA, incluant la Compensation for use of school premises et le Managers’ grant. De janvier 2021 et 2023, les sommes déduites pour un établissement avec une population estudiantine de 100 élèves était de Rs 96,703.99, Rs 515,500 pour 400 élèves et Rs 4,318,496.47 pour ceux avec plus de 800 élèves.

La fédération ne passe pas par quatre chemins pour dire que la ministre de l’Éducation “prend fait et cause pour la PSEA et fait des reproches aux collèges”, lorsque celle-là a déclaré : “Il s’agit de hard earned tax payers money. Tout ce que la PSEA demande est qu’il y ait de la transparence dans l’utilisation des fonds… good practice.” En réponse, la fédération souligne que le ministère et la PSEA manquent eux-mêmes de transparence. La PSEA ayant refusé de divulguer les évaluations sur la valeur réelle des bâtiments depuis 2016.

Rodrigues pas épargnée

De plus, les rapports d’audit ont révélé des lacunes dans la gestion des fonds publics par le ministère de l’Éducation, notamment en matière d’entretien des bâtiments, de commande et de livraison des manuels scolaires, ainsi que dans la soumission des états financiers des organismes publics, dont la PSEA. Pour la fédération, “la ministre refuse de reconnaître une ingérence grandissante et envahissante de la PSEA dans la gestion des collèges et un empiètement sur le terrain des recteurs en tant que responsables de la pédagogie. Ceci se passe à travers des entraves administratives obligeant les collèges à se soumettre à plusieurs contraintes sous le couvert de good practice, good governance, alors que ce sont des pratiques qui paralysent complètement les collèges et pénalisent les élèves et le personnel à différents niveaux. Ce que la ministre appelle good governance et ce à quoi les collèges sont soumis n’existe dans aucun autre secteur gouvernemental ou paraétatique. Au fait, c’est une pratique inefficace qui a un impact négatif sur l’ensemble de l’établissement. Cette pratique tue la qualité de l’éducation.” 

D’autre part, la fédération estime que, bien que la ministre de l’Éducation ait évoqué la Landlord & Tenant Act, les collèges ne sont pas rémunérés selon ses dispositions. La PSEA impose un plafonnement sur la compensation pour l’utilisation des locaux scolaires, une pratique sans équivalent ailleurs. En 2016, la formule de subvention prévoyait une compensation basée sur des évaluations, mais ces rapports n’ont jamais été communiqués. Deux des collèges représentés par la fédération avaient porté cette question en Cour de justice.

Par ailleurs, le Rodrigues College, dont le recteur Nanrock Perrine était à Maurice, rencontre les mêmes problématiques soulevées par la fédération. Selon ce recteur, son établissement doit utiliser ses propres fonds pour assurer certaines dépenses liées aux opérations du collège. C’est la première fois, dit-il, que le Rodrigues Collège fait face à une telle situation en 50 ans d’existence.

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