COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LA DROGUE : Khalil Elahee (universitaire), « Notre système d’éducation a échoué »

Intervenant hier devant la Commission d’enquête sur la drogue, l’universitaire Khalil Elahee a déclaré que « notre système d’éducation, puisqu’il n’accorde plus d’espace à l’enseignement spirituel, les valeurs morales, l’éthique et l’épanouissement via l’éducation religieuse, a échoué. D’où un des facteurs qui mènent nos jeunes vers les “plaisirs” faciles, tels les drogues, l’alcool, la cigarette… » Le professeur agrégé de l’Université de Maurice (UoM) a également fait un vibrant plaidoyer à l’égard de « certains chefs religieux musulmans qui dirigent nos mosquées et qui n’abordent pas suffisamment ces enjeux sociaux qui gangrènent notre jeunesse ».
Axant sa déposition essentiellement sur les fondements de l’Islam et ce que préconise la foi relativement aux problématiques de la drogue, Khalil Elahee a également abordé la question de l’enseignement sur le plan national. « L’élément spirituel, l’enseignement des valeurs morales, l’éthique, l’éducation religieuse ne sont hélas pas suffisamment présents dans notre éducation. Notre curriculum ne fait pas assez de place à tout ce qui est relatif au développement de l’humain. Qui plus est, au sein de la communauté musulmane, par exemple, je me heurte souvent à des refus de la part de ceux qui dirigent nos mosquées quand il s’agit d’intervenir pour conscientiser nos jeunes sur des sujets comme les drogues, l’alcool et les autres pièges des plaisirs faciles ». Pour l’universitaire, « nous n’aurons une approche cohérente que quand il y aura tout un “package” qui fait provision justement pour tout cela, au même titre que l’enseignement académique ».
À la question du Dr Ravind Domun, l’un des assesseurs de la commission d’enquête, concernant sa perception de la situation de la drogue sur le campus universitaire actuellement, M. Elahee a expliqué qu’il n’a « jusqu’à présent, rencontré personnellement aucun cas d’étudiant ayant des problèmes avec les substances. Je ne peux pas avancer s’il y a ou non un problème sur le campus ».
En revanche, l’universitaire s’est longuement attardé sur le fait qu’il se « heurte souvent à des refus de la part des chefs religieux musulmans, quand je souhaite intervenir sur cette plateforme spécifique afin de rencontrer des jeunes et leur expliquer les dangers des drogues et d’autres substances, comme l’alcool ». Rebondissant sur le sujet, le Dr Domun devait relancer le Dr Khalil Elahee qui a été catégorique : « Pour ce qui est sur le plan de l’enseignement au sein de nos mosquées, tel que l’organisation est actuellement, nous ne remplissons pas notre rôle comme il le faut ! » Faisant un vibrant appel « aux chefs religieux musulmans, car ils n’abordent pas suffisamment les enjeux sociaux réels comme les dangers des drogues et de l’alcool, et même de la cigarette, ainsi que des plaisirs instantanés », le professeur agrégé devait lancer l’idée que « pour que les prochaines générations soient protégées, nous devons plutôt envisager une autre formule que l’éducation religieuse telle qu’elle est dispensée actuellement. Pourquoi ne pas se faire aider d’autres personnes qui agissent également sur ce terrain et qui partagent notre même point de vue, à savoir qu’il nous faut absolument inculquer à nos jeunes des valeurs et des repères pour qu’ils ne sombrent pas dans des pièges faciles ? Je pense que notre salut réside davantage dans cette direction… » Cette suggestion a été saluée par Sam Lauthan, ancien ministre de la Sécurité sociale et travailleur social engagé de longue date.
Khalil Elahee n’a pas mâché ses mots à l’égard de certains chefs religieux musulmans. Il déplore le fait qu’« un très grand nombre préfère s’enfermer dans des discours répétitifs plutôt que d’aborder les problématiques de manière plus ouverte et lucide ».

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