COMMISSION D’ENQUÊTE SUR LA DROGUE : 168 admissions pour consommation de drogues synthétiques en 10 mois

Révélations de taille, cette semaine, dans le cadre des travaux de la Commission Lam Shang Leen sur la drogue. Toute la semaine, ce sont les techniciens et officiels du ministère de la Santé qui ont défilé devant le chairman et ses deux assesseurs. L’intervention qui aura retenu l’attention est certainement celle du « consultant psychiatrist », le Dr Anil Jhugroo et ses éléments d’informations sur les Nouvelles Drogues Synthétiques (NDS) : entre juillet 2015 et avril 2016, 168 « drug-related cases » ont été recensés dans les hôpitaux de l’île. Le groupe d’âge le plus touché : les 17-23 ans.
L’ex-juge Paul Lam Shang Leen, nommé chairman de l’actuelle Commission d’enquête sur la drogue, a de quoi être inquiet ! Lui qui pensait que le problème des jeunes relativement à la drogue pouvait se limiter surtout à ce que nombre de jeunes jouent aux « martins » et autres « jockeys »… Le Dr Anil Jhugroo, « consultant psychiatrist » du ministère de la Santé, et aussi celui qui est à la base du remplacement du traitement de la méthadone par la Suboxone et le Naltrexone, a livré des chiffres très alarmants lors de sa déposition en cour : « en moyenne, sur une année, nous enregistrons, pour les « drug-related cases », entre 200 et 300 cas. Mais pour l’unique période de juillet 2015 à avril 2016, nos services ont recensé 168 cas qui sont directement liés à la consommation des Nouvelles Drogues Synthétiques. » Le technicien a donné ces détails : sur les prélèvements effectués, « 15% concernent la prise de gandia naturel, plus de 56% du gandia synthétique; 22% de l’héroïne et plus de 6% de l’amphétamine. »
Le Dr Jhugroo n’a pas caché ses inquiétudes : « je peux avancer devant la commission que ces chiffres sont loin de représenter la réalité ! D’expérience, je peux dire que la situation est beaucoup plus grave. » Pressé de questions tant de la part des représentants du Parquet que des assesseurs de Lam Shang Leen, le « consultant psychiatrist » devait admettre que « nombre de ces patients quand on leur parle, nous confient que « des amis » à eux ont également été victimes des troubles et des malaises qui les ont menés, eux, vers les hôpitaux. Et ils nous disent que ces autres ne sont jamais venus vers le circuit hospitalier…»
« Problèmes neurologiques… »
Pour le Dr Jhugroo, donc, « ce n’est que le ‘tip of the iceberg’. La situation est très grave. » Dans sa déposition, le technicien du ministère de la Santé a aussi révélé que « 23% de ces 168 patients sont des étudiants du secondaire et du tertiaire; 29 % sont sans emplois; 39% sont des personnes à faibles revenus et 4% des détenus ». Élaborant sur le fait que « la prise de ces produits dont nous ignorons les véritables composantes et que le FSL décortique, sur demande de la police, provoque des réactions sur le système nerveux autant que cardiaque », le Dr Jhugroo a déclaré que « 99% des patients hospitalisés présentaient des problèmes neurologiques et 25% avaient des symptômes cardiaques. 45% faisaient preuve d’aggressivité; 40% se comportaient comme s’ils avaient perdu leurs repères et 25% souffraient de ‘sleep disorders’ ».
Mais, plus important, devait souligner le Dr Jhugroo, « 20% des patients admis donnaient des signes de tendances suicidaires. C’est très alarmant… Et surtout, les méthodes préconisées pour se donner la mort n’étaient pas classiques, mais très violentes; comme la pendaison, par exemple. »
Autre détail dévoilé par le technicien, « 56% des patients viennent des régions dites rurales et 44% des régions urbaines. C’est dire que le problème est… partout ! » Sur un plan géographique, ce sont Port-Louis, les Plaines Wilhems, Rivière Noire et Pamplemousses qui sont les endroits qui enregistrent les plus forts taux de consommation de ces NDS.
Outre le volet très informatif sur les drogues de synthèse, le Dr Jhugroo est aussi revenu sur les traitements à base de méthadone, de Suboxone et de Naltrexone. Il devait expliquer que « la décision du gouvernement d’en finir avec la méthadone, c’est parce qu’il y avait trop de failles dans ce programme qui n’a pas enregistré un fort taux de réussite. En revanche, depuis janvier que nous avons commencé la désintoxication médicale avec l’usage du Suboxone, nous avons entre 60 et 70% de succès ! »
Plusieurs autres techniciens et cadres du ministère de la Santé, dont le Dr Appalsami Appadoo, responsable de la Harm Reduction Unit, ont aussi déposé devant la commission Lam Shang Leen. Dans un autre registre, l’ancien ministre rouge, le Dr Arvin Boolell, a lui aussi déposé, cette semaine.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -