Concurrence déloyale : les boîtes de nuit dans l’ombre des hôtels et des restaurants

Depuis la fin du confinement, l’ambiance morose n’a fait que s’assombrir dans les discothèques. Pour cause: une baisse de la clientèle. Une clientèle pourtant toujours fidèle aux fêtes, mais qui ne se rend plus dans les discothèques. En effet, s’ils sont nombreux les oiseaux de nuit à sortir pour aller faire la fête, ce n’est plus forcément pour se retrouver en boîte. Mousse party, Lounge DJ, Sunset Pool Party, 48 Hours non-stop music festival… Pubs, restaurants, hôtels se sont aussi réadaptés aux besoins de cette autre clientèle faisant ainsi une sérieuse concurrence aux discothèques conventionnelles. Les propriétaires de celles-ci montent au créneau et donnent de la voix. Surtout qu’eux n’ont pas bénéficié des mêmes subventions que leurs nouveaux concurrents…

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La Covid-19 a eu raison de plusieurs secteurs d’activités commerciales. Parmi lesquelles, les boîtes de nuit. C’est ce que déplorent les propriétaires qui sont aux abois et dénoncent ce qu’ils appellent une concurrence déloyale, principalement de certains établissements hôteliers et de restaurants. Déjà largement affectés avec la fermeture de leur business en raison du confinement, entre mars et juillet, ces propriétaires de boîtes de nuit expliquent qu’à la reprise, si les clubbers sont de sortie, les discothèques, elles, sont pratiquement vides. Les oiseaux de nuit sont tentés par d’autres offres, multipliées sur la Toile notamment, proposées par les hôtels qui transforment chaque week-end leur établissement en discothèque. Giant Pool Party, Sunset Terrace, Music festival… Les thèmes ne manquent pas pour attirer les clubbers à faire la fête. Surtout avec une offre de séjour all-inclusive. Et certains restaurants, transformés en dance-bar, s’y mettent aussi. Certains restaurateurs proposent des soirées tout-en-un: repas, concert et discothèque jusqu’aux petites heures du matin.  Ce que déplore Yan Marowa, vice-président de l’Association of Nightclub & Private Club Owners (ANPO), organisation qui regroupe une quinzaine de boîtes de nuit légalement enregistrées. «Auparavant, les hôtels faisaient appel chaque semaine à des animateurs et petits groupes d’artistes qui travaillaient exclusivement pour eux pour assurer l’ambiance dans leur établissement. Mais en raison de la Covid-19 et du confinement et la fermeture des frontières, ces personnes ont été mises au chômage. Avec l’ouverture des hôtels aux Mauriciens, désormais les hôteliers font appel non seulement à des artistes connus, mais également aux DJ professionnels, qui officient généralement dans les boîtes de nuit pour assurer l’ambiance», dit-il.  Ce qui plombe le business des boîtes de nuit qui se retrouvent face, d’une part, à un manque de DJ pour assurer les soirées, et, d’autre part, à une réduction de clientèle qui préfère se retrouver dans les hôtels transformés chaque week-end en boîte de nuit.

Une baisse de 50 à 75% de leur clientèle

Depuis le déconfinement, les propriétaires de boîtes de nuit se retrouvent avec une baisse de 50 à 75% de leur clientèle. «Il y a même des discothèques qui ouvrent leurs portes une fois par mois seulement», confie Yan Marowa, qui se demande pourquoi les autorités ferment les yeux sur cette concurrence déloyale dont elles ont été alertées à maintes reprises. Face à la situation, les membres de l’ANPO s’estiment lésés et s’interrogent quant à la légalité des soirées organisées par les hôtels et les restaurants pour les clubbers. «Détiennent-ils un permis d’opération en tant que discothèques pour organiser de telles activités?», demande Yan Marowa. Il rappelle que les propriétaires de discothèques sont tenus de respecter une série de guidelines et de disposer d’un bâtiment aux normes pour pouvoir opérer. «Qu’en est-il des hôtels et des restaurants qui sont des discothèques du week-end? Les autorités se sont-elles assurées qu’ils répondent aux normes?» demande-t-il, ajoutant qu’en outre, depuis des années, l’ANPO milite pour pouvoir ouvrir ne serait-ce qu’une terrasse pour les clubbers dans un des établissements. «Mais la loi nous en empêche, car qui dit clubbing, dit bâtiment fermé et sound-proof. Comment se fait-il que chaque week-end les hôtels sont transformés en discothèque et que les activités se déroulent, pour plusieurs soirées, à l’extérieur?», martèle Yan Marowa.

Là où le bât blesse davantage face à cette concurrence déloyale qui affecte grandement le business des boîtes de nuit, dit-il, c’est que ces propriétaires ne bénéficient d’aucune aide de l’Etat contrairement aux hôteliers. «Nous n’avons aucune subvention. Nous avons seulement eu droit à un moratoire de deux ans quant au paiement de la Licensing Fee de quelque Rs 50000 par an. Autrement, nous devons faire face à nos dépenses et à nos dettes par nos propres initiatives contrairement aux hôteliers et aux restaurateurs qui disposent du WAS et de l’aide de la MIC. Comment peut-on survivre avec la concurrence déloyale?» demande le vice-président de l’ANPO.

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