CONFÉRENCE : Mieux connaître les personnes de la communauté “blanche”

« À découvert, à découvrir » afin de mieux connaître les personnes de la communauté « blanche » à Maurice. C’était le thème d’une conférence organisée par le département d’Interculturalité de l’Institut Cardinal Jean Margéot (ICJM) vendredi. Cette conférence s’insère dans une démarche pour mieux se connaître, mieux s’apprécier, faire tomber les préjugés, les stéréotypes et créer un meilleur vivre-ensemble, selon Wendy Rose, responsable du département d’interculturalité.
La conférence, qui a réuni une centaine de personnes, s’est tenue dans un esprit d’écoute et de partage, dans un respect de l’autre et de ses opinions avec pour principaux intervenants Sophie de Robillard, Michel Rousset et Bernard d’Arifat.
Selon Wendy Rose, les intervenants ont récusé avec forces les terminologies « Franco-Mauricien » et « Blanc », qui, selon eux, ne sont pas appropriées. La première, parce qu’elle s’applique à un individu ayant la nationalité française et mauricienne et la seconde, parce qu’elle fait référence à la couleur de la peau qui par définition ne peut pas être l’unique attribut pour qu’une personne fasse partie d’une communauté. « Encore que le mot “blanc” est souvent associé à une supériorité, ce qui pourrait bloquer la construction d’une relation d’égale à égale. Or, les intervenants et les personnes dans l’assistance ont affirmé à plusieurs reprises se sentir pleinement Mauriciens/Mauriciennes aimant vivre à Maurice et désireux de créer des passerelles », a-t-elle fait comprendre. L’utilisation du terme communauté a aussi été décriée car « le mot “communauté” peut compartimenter la société et catégoriser les gens ».
Certains membres du public ont observé que les « Blancs/ Franco-Mauriciens » sont souvent repliés sur eux-mêmes. En conséquence, beaucoup de jeunes se sentent renfermés et préfèrent s’établir dans d’autres pays. Il a été question de la perception que les « blancs » ne rencontrent pas les autres et « n’invitent jamais les autres à dîner ».
« Le renfermement/le repli est une caractéristique de toutes les autres bourgeoisies, que cela soit la bourgeoisie hindoue, musulmane ou créole » ont souligné plusieurs personnes de l’assemblée. « Il est essentiel que chacun fasse un travail sur soi/son propre parcours pour s’en sortir », insiste Wendy Rose.
Dans ce contexte, le sport est un élément fédérateur comme cela a été constaté lors des jeux des îles. « Athlètes ou supporteurs, tous nous sommes les “défenseurs” de la nation mauricienne dans ces moments là. Il n’est plus question de communauté », a souligné un membre du public.
Les participants à la conférence ont déploré le fait que le rapport de la Commission Justice et Vérité a souligné que les femmes blanches font du travail social « pour se donner bonne conscience ». Pour démentir ces propos, deux personnes ont cité le travail qu’elles font au niveau de la prison ou au niveau d’un quartier et comment pour elles, elles étaient touchées par le vécu des personnes et qu’elles mettaient les personnes au centre de ce qu’elles faisaient et qu’elles croyaient fermement dans le travail qu’elles faisaient.
Les personnes présentes à la conférence ont affirmé parler en leur nom et non au nom d’une communauté. Il a aussi été relevé que les Mauriciens ont une méconnaissance de leur histoire et de l’histoire du pays.
Il a beaucoup été question de valeurs lors de cette conférence, valeurs que chaque communauté a et qui sont transmises de génération en génération, valeurs pour la plupart universelles, valeurs aussi mal comprises si elles ne sont pas expliquées aux autres. Nous restons alors sur les préjugés/stéréotypes, d’où l’importance que chacun fasse son bout de chemin vers l’autre, pour aller vers l’interculturalité.
Le département d’interculturalité de l’ICJM a été mis sur pied en 2011 avec la vision de « construire des ponts » entre les Mauriciens de toutes les communautés. Depuis septembre 2012, ce département organise régulièrement des conférences/débats sur des sujets/problématiques de société qui touchent les Mauriciens dans leur vie quotidienne.
En novembre 2012, une première conférence sur le Rapport de la Commission Justice et Vérité (CJV), a été organisée en invitant trois des anciens commissaires de la commission à intervenir, notamment Benjamin Moutou, le Dr Vijaya Teeluck et Parmaseven Veerapen à intervenir. Ils avaient surtout expliqué le pourquoi du rapport, comment les chercheurs avaient procédé pour l’écrire et avaient relevé les points forts du rapport, soulignant que la démarche était pour favoriser la réconciliation.

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