Confinement : les prix flambent dans les zones rouges

Depuis le début du deuxième confinement, des consommateurs, surtout ceux isolés dans des zones rouges, ont noté que les prix de certains produits de base ont pris l’ascenseur. Raison principale : des boutiquiers, profitant de l’absence, voire l’impossibilité des inspecteurs du ministère du Commerce à s’y rendre, n’hésitent pas à pratiquer des tarifs déraisonnables en s’adonnant à un mercantilisme hors du commun en dépit des avertissements systématiques du ministère du Commerce.

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À Albion, par exemple, et plus particulièrement à Canot, qui était décrété zone rouge, des consommateurs auront noté des hausses de prix variant entre Rs 5 et Rs 10 sur certains articles, tels que les savonnettes, les boissons gazeuses, le papier toilette ainsi que les couches et la nourriture pour bébé. Ces commerçants ne suivaient pas les règlements, même si les prix sont déjà   habitant d’Albion témoigne : « Les commerçants en profitent. J’ai croisé dans une boutique, à Albion, un homme d’une cinquantaine d’années, poussant un caddie rempli. Il n’arrêtait pas de se plaindre à chaque fois qu’il s’arrêtait devant les rayons pour prendre connaissance des prix. »

Employé dans une firme privée dans la capitale, ce témoin n’est pas insensible à cette situation. Il se fait du souci pour les familles qui ont bénéficié du Welfare Assistance Scheme (WAS) et Self Employment Assistance Scheme, totalisant Rs 12 500, et qui doivent économiser une partie en vue de faire face à toute urgence de la famille. « Mo demann mwa kouma zot fer pou zwenn le de bout », dit-il.

Un autre habitant de Camp-Créole, Albion, n’est pas tendre non plus à l’encontre de certains commerçants qui profitent du confinement pour attirer les clients à coup de promotions. « Une manière très malhonnête. Ils placent, durant la période de confinement, des produits dont la date d’expiration est dans un ou deux jours. Ce sont surtout les familles vulnérables, sans grandes ressources financières, qui sont le plus souvent piégées. Zot pa kone, zot profite pou aste. De ou trwa lartik an plis e se bien apre, ki zot dekouver ki se bann prodwi perime. »

Du côté de Dubreuil, un village décrété zone rouge, si certains habitants ont eu la possibilité de se rendre par ordre alphabétique dans les supermarchés de la région pour s’approvisionner, tel n’était pas le cas pour d’autres, qui n’ont pas le choix et qui se sont dirigés vers des commerces de proximité, car ils bénéficient encore de facilités de crédit tout au long du mois. Pour certains, c’est beaucoup plus une question de loyauté envers les ‘Ti laboutik’ qui ont apaisé leur faim dans les moments difficiles.

« Boutikie-la finn bien rann mwa servis. Li pou malonet de mo par si mo al denonse, sirtou dan konfinnman kot mo pli bizin li. Nous n’avons pas le droit de faire sa », ajoute Mireille, une habitante de la résidence de la National Housing Development Company (NHDC), à Dubreuil, et que Le Mauricien a rencontrée par l’intermédiaire d’un travailleur social de la localité.

Cette mère de famille, qui travaille dans une unité de textile dans la région de Floréal, défend elle aussi les commerçants « ki tire nou dan dife kan lafin di mwa ankor lwin ».Elle poursuit : « Je ne me vois pas aller les dénoncer aux autorités concernées. C’est le devoir des autorités de surveiller et de traquer les comportements opportunistes de certains commerçants qui profitent de la crise sanitaire pour écorcher vifs les consommateurs. Ce n’est pas à moi, simple consommateur qui doit le faire à la place de ces officiers qui ne vont certainement pas rater l’occasion pour profiter eux aussi de la situation. »

Mireille en profite pour évoquer la confrontation qu’elle avait eue avec un commerçant de la région dans le courant de la semaine dernière, concernant le prix d’un tube de pâte de dentifrice, qui coûtait normalement Rs 52.50 et qui était vendu à Rs 82 pendant le confinement. « Il m’a sorti comme prétexte qu’il n’était pas alimenté par les producteurs durant la première semaine du confinement et que li finn bizin trase par so prop transpor pou al pran marsandiz. D’où la raison pour laquelle il a dû augmenter les prix de certains produits pour alimenter les rayons de sa boutique et aussi pour couvrir les frais de transport. »

À Flic-en-Flac, qui n’est pas une zone rouge, la vie n’est pas rose non plus pour les familles qui éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts. Marie-Anne, qui n’a pas d’emploi fixe, explique que « mo bat, bate kot mo gagne » lorsque ses voisins la sollicitent. Vivant avec son époux, un retraité, Marie-Anne a vécu une expérience amère au début du confinement, dans une boutique de la localité, non pour faire du surstockage, car sa situation financière ne le lui permet pas, mais pour acheter quelques articles de base. Elle a été très surprise lorsque le boutiquier lui a réclamé la somme de Rs 9 pour un oeuf. « Lorsque je lui ai fait remarquer qu’une semaine avant le confinement, c’était à Rs 6, le boutiquier m’a répondu :Si ou pa kontan, les li la mem. Ena lezot klian ki pou pran. »

Surprise par le ton dur qu’avait utilisé le boutiquier à son égard, Marie-Anne avait préféré rentrer tranquillement chez elle pour éviter une confrontation avec le boutiquier. Ce dernier, rappelle-t-elle, la sollicite de temps en temps pour lui donner un coup de main pour ranger les produits dans les rayons.

Les effets du confinement avaient également commencé à se faire sentir, au début, chez les marchands de légumes et de fruits, avec des prix élevés, a fait remarquer Gérard, un habitant de Cité Malherbes et grand consommateur de fruits. « Heureusement, les prix commencent à revenir à la normale ces derniers jours », reconnaît-il, avant de suggérer aux officiers du ministère du Commerce « d’être présents de manière plus régulière pour traquer les commerçants malhonnêtes ».

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