CONSEIL DES RELIGIONS : « Aucune religion ne doit prendre parti »

Dans un message rendu public ce matin, et intitulé “Voter de manière responsable et citoyenne”, le Conseil des Religions (CDR) interpelle les électeurs,  les politiciens et les responsables religieux sur leurs devoirs et leurs responsabilités spécifiques dans le cadre des prochaines élections. S’agissant de l’appel aux religions, le Conseil met l’accent sur les discours non-partisans, en ne manquant pas de mentionner par là même leur adhésion au principe d’un Etat séculier.  « Nous proposons qu’aucune religion ne se mêle de politique de partis (…) C’est pourquoi nous, les membres du Conseil des Religions, nous nous engageons à rejeter tout discours partisan en faveur d’une formation politique ou d’une autre. Nous réaffirmons notre conviction pour un État séculier », écrit le CDR.
Après le message officiel de l’Église catholique il y a une dizaine de jours et les pistes de réflexions données par Mgr Ian Ernest, évêque de Maurice, dimanche dernier, c’est le Conseil de Religions qui, cette fois, par le biais d’une « Déclaration », propose « quelques repères » aux Mauriciens « pour les aider à mieux vivre » les prochaines élections.
Ce qui retient d’abord l’attention dans ce message, c’est cette recommandation aux responsables religieux. Le CDR affirme que ses membres prennent l’engagement de rejeter tout discours partisan en faveur d’une formation politique et propose « qu’aucune religion ne se mêle de la politique de partis » et qu’elle « laisse l’entière liberté à chacun d’exercer sa responsabilité en son âme et conscience », sans donner de consignes de vote. « Nous réaffirmons notre conviction pour un État séculier. Cela consiste à distinguer la sphère politique de la sphère de la religion », souligne le CDR. Tout en préconisant le principe de séparation entre la politique et la religion, le CDR ajoute : « Cela n’empêche pas un partenariat, car religion et politique peuvent grandement collaborer pour le service de l’Homme et de la Nation tout entière. »
Le CDR rappelle aux citoyens leur devoir de se rendre aux urnes et souhaite qu’ils exercent ce droit de manière « sérieuse » : ils doivent se laisser guider par « l’esprit patriotique » et le principe du « bien commun ». Condamnant « tout vote communal », le CDR poursuit : « Il est antipatriotique de voter pour quelqu’un qui défendra uniquement ses intérêts ou ceux de son groupe. On ne vote pas pou rod so bout. Le droit de vote nous est donné pour élire des hommes et des femmes qui oeuvreront pour le bien commun de toute la Nation. »
Pour le CDR, un citoyen qui se respecte ne vend pas son vote en échange d’un quelconque avantage. Cette instance estime qu’il est aussi important, avant de voter, de prendre en considération « le mérite du candidat et sa capacité à proposer un projet viable dans l’intérêt de tous ». Le « bien commun » doit être aussi le souci premier des politiciens, particulièrement les candidats à ces prochaines élections. « Nous plaidons pour un partage plus équitable des richesses nationales et pour une mobilisation nationale contre ce qui bafoue la dignité du citoyen mauricien. »
De la même manière que les responsables religieux doivent éviter des discours à ton partisan, les candidats ne doivent pas non plus utiliser la religion et les lieux de cultes « comme une plate-forme électorale ». Le CDR ajoute : « Nous ne pensons pas qu’il soit opportun qu’un candidat utilise son appartenance religieuse pour parvenir à des fins politiques. »
Dans ce même document, le CDR fait part de ses préoccupations sur certains problèmes de société en espérant que les politiciens en tiennent compte. Il mentionne ainsi la recrudescence de la violence et de la pauvreté, la précarité de l’emploi et le communalisme, qui menace l’unité nationale et l’harmonie sociale. Le développement économique, dans une conjoncture mondiale difficile, devrait mobiliser l’attention et les énergies de tous les “stakeholders” de la société et de tous les citoyens en général, incluant ceux qui sont les plus défavorisés, les plus faibles et les moins visibles. Il est important, dit le CDR, que tous les secteurs de la société, spécialement les pauvres et les plus pauvres, « bénéficient dans une juste proportion » de ce développement.
Le CDR invite les Mauriciens de différentes religions à se rencontrer « pour approfondir ensemble » les points proposés dans cette « Déclaration ». Et le CDR de souhaiter : « Nous pourrions ainsi nous entraîner à travailler pour le bien commun de notre pays et rencontrer ensemble les candidats pour discuter des moyens à trouver pour faire progresser davantage la justice et la paix. »

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