CONSOMMATION—EAU POTABLE: Entre le robinet et la bouteille

L’un traite l’eau avec du chlore, l’autre avec des rayons ultra-violets, et tous deux affirment que leurs produits peuvent être consommés sans risque à la santé. Qu’en est-il exactement ? Le Mauricien a rencontré la Central Water Authority (CWA) dont le laboratoire a été accrédité récemment aux normes de ISO/CEI 17025, et l’embouteilleur Vital, à Belle-Rose.
« Je consomme toujours de l’eau du robinet, sauf après le passage d’un cyclone qui m’oblige à acheter de l’eau en bouteille. Je me suis déjà posé la question au sujet de la qualité de l’eau à Maurice mais je n’ai jamais eu de réponse claire. J’ai des doutes quant à sa qualité mais je pense aussi que ça dépend de la source de cette eau — s’il s’agit d’un réservoir, d’une rivière ou d’une nappe souterraine. » Propos de Dev K., employé de la Fonction publique. De son côté, Saeed et sa famille consomment de l’eau préalablement bouillie depuis des années. Il a acheté récemment un purificateur d’eau pour se mettre à l’abri des microbes. « J’ai des doutes quant à la qualité de l’eau à cause des vieux tuyaux de distribution », déclare-t-il. Comme des milliers d’autres Mauriciens, nos deux interlocuteurs craignent pour la qualité de l’eau distribuée à Maurice malgré l’assurance donnée par la CWA et les embouteilleurs.
Toute l’île est couverte
« La qualité de l’eau est très bonne à Maurice », soutient Anand Kumar Gopaul, Senior Scientific Officer à la CWA, en évoquant les nombreux tests chimiques et microbiologiques effectués sur l’eau brute et sur l’eau traitée puisée du système de distribution de cet organisme et des stations de traitement de l’eau potable. « Nos analyses nous rassurent à 99,6 %. Ce n’est qu’après les grosses pluies, cyclones ou sécheresses que nous avons certains problèmes localisés. Cela est normal. Dans ces cas, il est conseillé au public dans certains endroits de faire bouillir l’eau avant de la consommer », indique-t-il. Pour bien s’assurer que l’eau distribuée ne comporte aucun risque à la santé humaine, la CWA laisse entre 0,2 à 0,5 mg de chlore par litre d’eau dans le système en vue d’éliminer les éventuelles bactéries qui pourraient y entrer.
Au siège de la CWA, à St-Paul, deux laboratoires, l’un microbiologique et l’autre chimique, sont opérationnels. Anjeelee Ragoobar, Ag. Scientific Officer, indique que des échantillons d’eau traitée sont collectés deux fois par mois sur les sept lignes de distribution de la CWA, à une quinzaine de points précis et ramenés aux laboratoires pour des tests. Toute l’île est ainsi couverte par ces tests. « S’il y a un problème quelconque, les mesures de correction nécessaires sont prises immédiatement », précise-t-elle. S’agissant des ordures qui entrent dans les réservoirs et qui pourraient éventuellement contaminer l’eau, la Scientific Officer Varsha Gungoa souligne que le système de traitement est tel que toutes les matières en suspension dans l’eau sont enlevées et tous les microbes tués avec du chlore. « La CWA ne distribue pas d’eau non-conforme aux normes internationales à ses abonnés. Nous suivons strictement les drinking water standards établis par les différents ministères », dit-elle. Mme Gungoa nie que l’eau du réservoir ne serait pas potable. « C’est une idée fausse. Que ce soit l’eau des nappes ou des réservoirs, elles sont traitées de la même manière. La qualité de notre eau est la même dans toutes les parties du pays. Nous ne plaisantons pas avec la santé des gens », fait-elle ressortir. À M. Gopaul d’ajouter que des problèmes de qualité peuvent surgir si le réservoir d’eau chez l’abonné n’est pas entretenu convenablement. La CWA se lance actuellement dans une campagne de sensibilisation de la population quant à la qualité de l’eau qu’elle lui distribue.
Circuit fermé
Chez l’embouteilleur Vital, à Belle-Rose, les choses se passent différemment. L’eau embouteillée ne provient ni d’un réservoir de surface, ni d’un bassin de stockage, ni d’une rivière ou d’un lac mais de deux nappes souterraines d’une profondeur de 80 mètres. « Notre eau n’est ni traitée au chlore ni recomposée mais traitée aux rayons UV et mise en bouteille sous des conditions strictes de sécurité », déclare Ashraf Mohamed, Factory and Quality Assurance Manager chez Vital, après une visite de ses installations. Cette eau, selon lui, est « naturelle. » « Elle est produite en circuit fermé et n’est ni exposée au soleil ni à l’air externe. Nous ne touchons à rien dans sa composition », ajoute-t-il. M. Mohamed rassure que l’eau n’est puisée des boreholes que pour la production. Au cas contraire, elle n’est pas retirée. « Nous ne la stockons pas. Elle sort du borehole pour être traitée aux rayons ultra-violets et embouteillée, après avoir obtenu le feu vert du laboratoire quant à son goût, son odeur et son apparence », souligne notre interlocuteur. Le borehole est lavé au moins une fois l’an.
Comme à la CWA, Vital dispose également de son laboratoire pour les tests chimiques et microbiologiques sur son eau. Des échantillons sont aussi envoyés à l’étranger, dont à l’Institut Pasteur, où certains des nombreux paramètres auxquels Vital adhère sont testés. « Nous plaçons la barre de la qualité très haut », fait-il ressortir. M. Mohamed garantit « à 150/200 % » la qualité de l’eau produite chez Vital, avant de parler de la mauvaise exposition des bouteilles dans les supermarchés qui pourrait contaminer ce produit. D’où les recommandations de cette entreprise aux commerçants et autres clients de ne pas exposer cette eau au soleil et de la garder toujours en conformité avec ses recommandations.
Après cette visite aux deux producteurs d’eau potable, on peut dire que ni la CWA ni Vital ne plaisantent sur la qualité de leurs produits. La seule différence entre les deux vient du fait qu’une bonne partie de l’eau de la CWA provient des réservoirs de surface et doit être nettoyée et traitée avant d’être consommée, alors que l’eau embouteillée par Vital provient directement des boreholes. Eau du robinet ou eau embouteillée, à vous de choisir…

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