(Consommation) Prix à la hausse : Des commerçants en face de « karay delwil bien so lor dife »

Après une  hausse variant de 10 à 18,6% du prix de l’huile en février, une majoration de 18,5% de ce produit de grande consommation est en vigueur depuis lundi. L’effet direct de cette hausse se traduit par une hausse du prix de plusieurs produits, en particulier dans le secteur de l’alimentation prête-à-manger,  déjà été appliquée par certains commerçants. À un moment où la situation financière est devenue très difficile pour de nombreuses familles mauriciennes, certains propriétaires hésitent encore à augmenter leurs prix, craignant de perdre leurs clients. En tout cas, un casse-têteen face de karay delwil bien so lor dife.

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Depuis la levée des restrictions le 1er juillet, les restaurants ont rouvert leurs portes partout dans le pays à l’exception de ceux qui ont dû mettre la clé sous le paillasson à cause des difficultés qu’ils ont connues. Dans la capitale, les clients fidèles reviennent avec l’espoir de pouvoir manger sans coût additionnel. Toutefois, une hausse de prix est devenue absolument nécessaire pour que les restaurants et autres points de vente de nourriture puissent garder la tête hors de l’eau dans cette conjoncture des affaires sans pitié.

« C’est une majoration très élevée et subite. La vie est déjà très chère à Maurice, et augmenter le prix de l’huile rend la vie des familles et le business encore plus difficiles », soutient Mohammad Sulleeiman Ranjary, propriétaire de Madina Darbar, qui a pignon sur rue depuis l’année dernière près de la gare du Sud. À cause de la situation devenue difficile, il est d’avis qu’une majoration de prix est prévue à partir de cette semaine.

« Nous n’avons pas le choix », dit-il, tout en rassurant que le prix sera « légèrement augmenté » pour que le client ait toujours la possibilité d’acheter de la nourriture. « Nous ne cherchons pas de profits à travers cette augmentation, car nous savons quelle est la situation de nombreuses familles aujourd’hui », dit-il.

Concernant la production, Mohammad Ranjary avance qu’il l’abaissera, conscient déjà qu’il pourra voir une baisse dans le nombre de ses clients. Il ne cherche pas l’aide du gouvernement car, d’une façon ou d’une autre, « le gouvernement reprendra l’aide offerte ». En ce moment, Madina Darbar emploie cinq personnes. Mais à cause de la situation actuelle, il n’est pas sûr qu’il pourra garder en poste tous ses employés.

Lors de la dernière augmentation, il a dit n’avoir pas revu ses prix à la hausse. Pour pouvoir garder ses prix inchangés, il a dû retirer de ses profits. Il se demande si une augmentation Rs 10 est justifiée à un moment pareil. Utilisant beaucoup d’huile chaque mois, il fait part que les huiles usées sont collectées par une compagnie sans obtenir un revenu additionnel. Voulant aussi rénover son petit coin, il hésite toujours, car les revenus ne sont pas suffisants. Les quatre mois de confinement ont été très durs pour son business. « Le premier confinement a été un coup de massue et le deuxième nous a mis à terre », déplore-t-il.

Un petit snack spécialisé dans la vente de beignets, de rotis et dholl puri ferme ses portes en ce début de semaine à peine un an son en,trée dans ce circuit d’activités commerciales. La propriétaire, qui gère aussi un magasin de chaussures juste à côté, ne sait plus où donner de la tête. « Depuis l’ouverture de ce point de vente, je n’ai eu aucun profit. Je ne vends qu’environ six gâteaux de pomme de terre par jour. Le travail est dur et je suis obligée de fermer boutique », se désole-t-il. Avec cette hausse du prix de l’huile, sa situation, prévoit-elle, deviendra encore plus difficile. Elle n’a pas augmenté ses prix depuis l’augmentation du prix de l’huile. Les employés, selon elle, retourneront travailler dans son magasin de chaussures.

« Je m’attendais à cette hausse du prix de l’huile à cause de la dépréciation de la roupie vis-à-vis du dollar. Et puis, nous avons eu le cas de Betamax. C’était sûr que nous devrions le payer. De toute façon, même si le gouvernement nous dit le contraire, il n’y a pas de doute que c’est nous qui sommes appelés à payer », soutient Philippe Pokun, cogérant de la pâtisserie Marimootoo de Port-Louis.

Après la hausse du prix de l’huile au début de cette année, il n’a procédé à aucune augmentation de prix à cause de sa fidèle clientèle. « Nous ne pouvons pas tout passer au consommateur pour des raisons de fidélité et de compétitivité. La situation est difficile et si on augmente nos prix, nous perdrons en compétitivité. Nous essayons de garder nos prix. Nous contribuons à alléger le fardeau du consommateur en gardant nos prix intacts », a-t-il fait ressortir.

Malgré la hausse de 18,5% du prix de l’huile, Philippe Pokun ne compte nullement augmenter ses prix. Son avantage, dit-il, c’est que sa pâtisserie offre une panoplie de produits assez diversifiés. En effet, sa pâtisserie propose aussi des repas aux clients. Ainsi, pour garder un équilibre malgré la hausse de prix, il augmente plus en repas qu’en gâteaux. « On va essayer de garder les prix comme ils sont autant que possible. » Et d’ajouter que l’augmentation du prix de l’huile lui a donné du fil à retordre durant le week-end où il a dû travailler « pour garder ses prix abordables ».

Depuis la réouverture du restaurant, il dira que les clients sont retournés. « Au contraire, ils nous amènent d’autres clients. C’est un point positif pour nous. D’où notre raison de ne pas changer de prix. Il ne faut pas être trop gourmand », note-t-il. Même si le temps est compliqué, Philippe Pokun soutient « qu’il faut vivre avec ». Et innover en proposant de nouveaux plats qui sont toujours mis au premier plan. Il compte recruter une personne spécialisée en cuisine chinoise vers la fin de ce mois. De ce fait, de nouveaux plats s’ajouteront aux plats existants. Et ces quatre mois de confinement n’ont pas été faciles pour lui. Mais il est très optimiste quant à la reprise car les produits qu’il commercialise sont bons et abordables pour toutes les bourses.

Un peu plus loin, soit au Ruisseau du Pouce, quelques clients consommaient du dholl puri dans un espace spécialement aménagé pour eux. Là, le prix est resté inchangé. Selon un des cogérants de Chez Ally, en ce moment, il vend la paire à Rs 13. « Nous ne nous attendions vraiment pas à cette hausse de prix. C’est une augmentation qui est très élevée. L’effet sera important pour nous. Notre consommation en huile est très forte. Nous sommes très déséquilibrés. Nous devons trouver au moins Rs 4 000. Nous aurions dû augmenter le prix depuis la dernière fois mais nous ne l’avons pas fait. Mais nous serons obligés d’augmenter nos prix la semaine prochaine car nous n’avons pas le choix », explique ce cogérant.

Une situation qu’il n’a pas connue depuis ces dernières 45 années d’existence de Chez Ally. Il dit craindre une baisse dans le nombre de ses clients une fois qu’il augmente le prix. Déjà, sa situation financière est devenue difficile depuis le dernier confinement. Il compte aussi diminuer sa production une fois qu’il augmentera le prix. Le cogérant craint que son business soit davantage affecté. Une paire de dholl puri augmentera par une roupie. Chez Ally propose aussi des beignets à ses consommateurs. Mais les prix des gâteaux n’augmenteront de sitôt étant donné qu’un gâteau piment coûte Rs 4.

L’augmentation du prix de l’huile est vraiment un coup de massue pour Lilette Marion, propriétaire de Wok Express. Ayant repris le travail après quatre mois de fermeture, elle connaît bien les difficultés d’un propriétaire de restaurant, surtout lorsque les gens arrivent difficilement à trouver de l’argent pour manger. Ayant démarré son business en se spécialisant dans la cuisine italienne, elle a dû fermer boutique pendant dix mois à cause d’un manque de clients.

Et maintenant, avec la hausse du prix de l’huile, avec son restaurant qui offre désormais des plats chinois, elle devra débourser encore plus pour avoir la quantité d’huile nécessaire pour ses différents plats. « Le prix de l’huile vient d’augmenter. Je ne comprends pas la raison de cette deuxième hausse », dit-elle.

La propriétaire avoue être partie dans un hypermarché pour acheter de l’huile mais a été choquée de constater qu’aucune des marques qu’elle utilise n’était disponible sur les rayons. Avec l’augmentation précédente, elle n’avait pas augmenté ses prix. Mais une fois le restaurant ouvert, elle a dû augmenter le prix de certains plats de Rs 5. Sachant la réalité de plusieurs Mauriciens, elle offre un prix rapport/qualité même si la vie a augmenté de plus de Rs 5.

En tout, dans ce secteur d’activités, « karay-là bien so lor dife »...

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