COOPÉRATION: Lutte anti-pirates, ultime test pour Maurice hier

La frégate de la marine française Nivôse, véritable bête noire des pirates somaliens semant la terreur dans cette partie de l’océan Indien, a été au coeur d’un important exercice conjoint de lutte anti-pirates. En effet, les membres d’équipage de cette unité de la marine française, aguerris aux techniques en vue de faire échec à la campagne des pirates somaliens, ont eu l’occasion depuis très tôt hier matin de partager leur expérience avec une équipe pluridisciplinaire de Maurice, sous la supervision de l’assistant-commissaire de police Pregassen Vuddamalay, responsable du Central CID. L’exercice conjoint avait pour but de mettre à l’épreuve les officiers mauriciens pour la réception des pirates somaliens appréhendés en pleine mer en vue de l’instruction de leur procès à Maurice au terme des dispositions du Piracy and Maritime Violence Act 2011, qui devra être promulgué incessamment.
L’opération d’hier, menée avec succès selon les responsables mauriciens, confirme l’inclusion de Maurice parmi les nations, notamment le Kenya, les Seychelles et la France, ayant accepté de recevoir les pirates somaliens arrêtés en vue de leur procès. Ils devront purger leurs peines respectives à la prison de Petit-Verger à Pointe-aux-Sables. « Les opérations se sont déroulées selon les procédures établies et à la satisfaction des parties en présence. Nous avons également eu l’occasion de peaufiner les guidelines. Maurice est prête à relever ce nouveau défi en matière de coopération internationale et de sécurité », a déclaré en substance l’ACP Vuddamalay au terme de l’exercice en cours d’après-midi d’hier. Des représentants de la United Nations on Drugs and Crime (UNODC) participaient à l’exercice.
En effet, depuis très tôt hier matin, une première équipe de représentants mauriciens, à savoir du Central CID, du Prime Minister’s Office, du bureau du Directeur des Poursuites publiques (DPP), de l’Attorney General’s Office et du Press Officer du commissaire de police, Dhun Iswur Rampersad, se trouvait au Chien de Plomb. La procédure initiale veut que ces officiels fassent le déplacement dans des heavy duty boats de la National Coast Guard (NCG) pour accoster le Nivôse, qui avait à son bord les quatre pirates appréhendés, en vue de participer à un premier briefing avec le commandant de bord.
« Les procédures pour la réception de ces prisonniers somaliens sont très strictes, que ce soit sur le plan légal ou du respect des Droits de l’Homme. Les membres d’équipage de la frégate française ont acquis une somme d’expérience inégalable en mer et les contacts lors de l’opération d’hier seront d’une grande utilité pour nous à l’avenir. Nous nous félicitons de la coopération des autorités françaises », soulignent ceux qui ont été en première ligne pour l’exercice de simulation. Le Senior Chief Executive au Prime Minister’s Office, Mme Fong-Weng-Poorun, responsable de ce dossier de sécurité, a suivi toutes les étapes de cet exercice se déroulant en mer et dans l’enceinte portuaire.
Cette mission d’éclaireurs, montant peu après 7h à bord du Nivôse, qui se trouvait encore au large de Port-Louis, a bénéficié d’un briefing complet du capitaine de la frégate sur les circonstances de cette arrestation de pirates somaliens en haute mer. « Au terme de la convention en vigueur, l’équipage du Nivôse, qui lancé son hélicoptère, Panther, à la poursuite des pirates, avait également pour responsabilité de filmer et de photographier les différentes étapes de cette arrestation en mer. Ces pièces à conviction, de même que les armes, les kits des pirates et autres butins saisis, doivent être versées en tant qu’exhibits dans le dossier à charge en vue du procès au pénal. De ce fait, les explications relatives sur ces éléments s’avèrent être cruciales », s’appesantit-on dans le camp mauricien.
Ainsi, le rôle de l’Exhibit Officer — un sergent de police qui a été initié en la matière aux Seychelles — désigné d’avance prend toute son importance car toute mauvaise interprétation des faits pourrait gêner le bon déroulement du procès subséquent. Entre-temps, la frégate française continue à faire route vers Port-Louis alors qu’au quai d’accostage prévu à Port-Louis une autre équipe d’officiels, comprenant des représentants sanitaires, du Passport and Immigration Office (PIO), des membres de la Special Cell du Central CID, se tient prête à entrer en scène pour la deuxième étape.
Le protocole établi veut que les quatre pirates prisonniers, qui ont déjà bénéficié de soins médicaux de la part de l’équipage de la frégate française, subissent un examen de routine de la part des autorités sanitaires. Puis, ce sera au tour des membres du PIO de consigner formellement la présence de ces étrangers sur le sol mauricien. Des membres du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM) et de la Special Supporting Unit (SSU) sont également déployés lors de telles opérations en vue d’assurer la sécurité.
L’officier de police désigné comme le chef enquêteur assurera le relais pour le transfert des détenus au QG du Central CID à des fins d’interrogatoire pour leur inculpation provisoire. Un nouvel examen médical par les médecins-légistes s’impose de nouveau. Dans un premier temps, les pirates somaliens seront incarcérés provisoirement à l’Alcatraz Detention Centre aux Casernes centrales en attendant le déroulement de leurs procès.
Tout cet exercice est placé sous la supervision de l’opération Atalante de l’EUNAVFOR, dont le mandat international est de lutter contre les actes de piraterie dans l’océan Indien est d’assurer un safe passage pour les cargos du Programme alimentaire (PAM) des Nations unies. L’Union européenne financera la construction d’une aile spéciale à la prison de Petit-Verger pour la détention des pirates somaliens condamnés lors de leurs procès devant les tribunaux mauriciens.
Les attaques de pirates contre des cargos dans cette partie de l’océan Indien représentent un manque à gagner de l’ordre de $ 12 milliards pour le commerce maritime international. Un effort concerté de lutte anti-pirates sur le plan international est considéré comme étant la réponse pour un retour à la normale à terme. La piraterie constitue une grave menace pour l’économie, les échanges commerciaux et la sécurité.
De son côté, la frégate Nivôse se distingue comme celle qui a capturé le plus grand nombre de pirates, soit plus d’une cinquantaine, depuis le démarrage de l’opération Atalante en 2008.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -