Bien qu’elle ne soit pas une personnalité au-devant de la scène comme ses autres proches, Shalini Malhotra, fille de feu sir Anerood Jugnauth, est la seule héritière de ce dernier à devoir faire face au procès en réclamations intenté par Me Kailash Trilochun contre l’ancien Premier ministre. La position de la fille de SAJ, à travers ses hommes de loi – notamment Mes Ali Hajee Abdoula et Preetam Chutto –, est en effet attendue en Cour suprême cette semaine. L’affaire a déjà été rayée contre Lady Jugnauth et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, il y a pratiquement deux semaines, faute de la non-soumission des Answers to Particulars de la part de Me Kaviraj Bokhoree (avoué). Cette réclamation de Rs 417 641 688 date en effet de 2018, lorsque Me Kailash Trilochun avait entamé des poursuites au civil contre l’ancien Premier ministre et leader du MSM.
Ce montant est réclamé par l’homme de loi conjointement à sir Anerood Jugnauth (SAJ) et à l’État pour des préjudices qu’il dit avoir subis lors de sa révocation en tant que conseil légal de l’ Information and Communication Technologies Authority (ICTA) et la controverse de ses honoraires de Rs 19 millions qui lui ont été payés par cette institution.
La réclamation de Me Trilochun comprend en effet des pertes financières de Rs 309 533 580 et des dommages moraux évalués à Rs 108 108 108. Cette perte financière est estimée par l’avocat comme une somme équivalant à ce qu’il aurait dû recevoir de par ses activités professionnelles.
« The plaintiff (Kailash Trilochun) basing himself on the past two years that he will not have any new paid clients and the Defendants (SAJ et État) tort have put an end to a flourishing career. The plaintiff avers that he estimates that he would have worked for another 20 years and based on his income in 2016, he has suffered and will suffer a loss of Rs 309,533,580 as financial loss », soutient le plaignant.
L’affaire avait fait l’actualité en août 2016 lorsque les honoraires légaux payés par l’ICTA à Me Trilochun, soit Rs 19 millions, avaient été étalés en public. L’avocat, beau-frère de l’ancien ministre et secrétaire général du MSM, avait alors traîné feu SAJ et l’État devant la Cour suprême pour les propos tenus contre lui par l’ancien Premier ministre lors d’une conférence de presse datée du 12 septembre 2016, et dont la teneur l’avait « profondément blessé », en plus d’affecter sa carrière d’homme de loi. Me Trilochun a fait ressortir que les déclarations faites ce jour-là avaient pour but de lui nuire et de ternir sa crédibilité aux yeux du public. Il ajoute avoir subi des railleries et des commentaires désobligeants du public. « Les déclarations de SAJ visaient à me calomnier en me décrivant comme un menteur et une personne abominable. Cela a eu un impact terrible sur ma vie et celle de ma famille », a-t-il mis en avant.
Depuis le décès de SAJ, en juin 2021, la plainte de Me Trilochun a été amendée et adressée aux héritiers de l’ancien Premier ministre, à savoir Lady Sarojini, Pravind Jugnauth et Shalini Malhotra. Kailash Trilochun a expliqué que ses services légaux avaient été retenus par l’ICTA en 2015 et qu’il allait, en 2016, représenter l’autorité pour les besoins de la bataille juridique contre Emtel.
Il a ainsi rappelé les circonstances dans lesquelles il avait soumis des frais de Rs 12 millions, somme qu’il allait réclamer. Dans sa version, Me Trilochun explique qu’à l’issue des différends qui avaient surgi entre l’ICTA et lui, et menant à une résiliation de ses services légaux, une rencontre allait être arrangée entre SAJ et lui à travers l’ancien ministre Nando Bodha.
Mais en arrivant au bureau de l’ancien Premier ministre, dit-il, d’autres personnes étaient présentes, notamment Pravind Jugnauth, l’ancien Chairman de l’ICTA Bhanoodutt Beeharee et l’ex-ministre Roshi Bhadain, dans le cadre de discussions portant sur l’affaire Emtel et les honoraires qu’il réclamait.
Me Trilochun soutient que feu SAJ ne pouvait se permettre de le traiter de Bebet, soit d’être une personne abominable ou encore d’être dépourvu d’éthique, en le qualifiant également de batchara. Il estime ainsi que l’ancien Premier ministre aurait aussi fait des allégations d’ordre criminel contre sa personne en lui collant une étiquette à l’effet qu’il n’était pas une « fit and proper person to give legal advice, to receive clients as barrister and to fight for the interest of the public before any court of law or other institution ».
Après le décès de SAJ, en juin 2021, ce procès pour réclamer ces dommages de plus de Rs 417 millions devait être maintenu contre les héritiers de SAJ. L’affaire avait été appelée le 7 septembre dernier et rayée pour Lady Jugnauth et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, laissant seule sur le banc de la Cour suprême Shalini Malhotra.
Le cas contre lady Jugnauth et Pravind Jugnauth a en effet été Struck-Out en raison de la non-soumission des Answers to Particulars de la part de l’avoué Kaviraj Bokhoree, qui avait obtenu pas moins de trois renvois pour fournir ces informations.
Il ne reste donc, à ce stade, que la fille de feu SAJ, en plus de l’État, pour ce procès de Me Trilochun. Il est désormais prévu que les hommes de loi de Shalini Malhotra, Mes Ali Hajee Abdoula et Preetam Chuttoo (avoué), fassent connaître la position de leur cliente.
L’affaire sera à l’agenda de la Cour suprême cette semaine.