Covid-19 – Enseignement supérieur et perspectives : Les jeunes partagés entre optimisme et craintes

Un des secteurs ayant subi de plein fouet les séquelles du Covid-19 demeure l’enseignement supérieur. Et pire encore est le fait que les cicatrices laissées risquent de rester encore plus conséquentes à l’avenir vu que l’avenir, voire le plan de carrière établi, risque encire d’être chamblulé. Les étudiants ont dû s’adapter à une autre façon d’apprendre. Or, les changements qui se sont produits dans le paysage socio-économique du pays, notamment les licenciements, réductions salariales, manque d’opportunités, provoquent déjà une certaine frayeur  des plus légitimes chez les jeunes. Même si d’autres gardent espoir en de jours meilleurs. Un constat sur le campus du secteur tertiaire où le rêve est hanté par le cauchemar du virus invisible.

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Entamant sa troisième année à l’université de Maurice en Nutritional Science, Shreynish Mawooa, 20 ans, est confiant en son avenir une fois qu’il aura décroché son diplôme. Il y travaille très dur pour cela. « Je ne suis pas inquiet de mon avenir », lâche-t-il, tout en acceptant le fait qu’obtenir un emploi est une tâche herculéenne. Son désir est de devenir enseignant.

Toutefois, ce jeune ne croit pas que le Covid-19 entraînera autant de changements sur le plan des opportunités. D’ailleurs, dira-t-il, son domaine d’études lui offrira la chance de porter son choix sur différents types d’emplois ayant un lien à la santé. Mais constatant le nombre d’entreprises qui mettent les gens à la porte ou réduisent les salaires, il concède avoir peur. Le jeune étudiant garde quand même espoir que l’avenir sera meilleur.

Toutefois, depuis l’apparition du Covid-19, Shreynish Mawooa ne remet vraiment pas en question son choix d’études. IL soutient que le Covid-19 lui fait voir les choses différemment. « Il faut se préparer à l’avance car nous ne savons pas quel obstacle se présentera à nous », avoue-t-il. Ayant déjà en tête la préparation de son mémoire de fin d’études, il craint qu’un autre confinement soit imposé et qu’il se retrouve enfermé chez lui.

Et de souligner qu’il ne veut pas vivre cette situation, car cela pourrait avoir un effet sur ses opportunités d’emploi. Malgré l’absence de visibilité sur l’avenir, ce jeune garde quand même garde bon espoir même s’il faut se tourner vers d’autres études. « Nous devons nous adapter avec la situation. Cela ne doit pas créer des obstacles pour nous. Nous devons aussi traverser toutes les étapes qui se présenteront à nous », fait-il part.

Par ailleurs, il croit que le Covid-19 est aussi porteur d’opportunités pour les jeunes. « Ils peuvent se lancer dans l’entrepreneuriat. Nous avons vu l’émergence de petites entreprises des jeunes. Le commerce électronique a pris de l’ampleur et des emplois ont été créés pour les jeunes », observe-t-il.

Pour ce jeune, le Covid-19 a aussi provoqué une mauvaise communication entre l’UoM et les étudiants. À cause d’une telle situation, il est stressé pour ses études. « Personnellement, cela m’a demandé beaucoup d’ajustements. Je pense que ce stress aurait pu être évité », dit-il tout en se rappelant le premier cas recensé parmi les étudiants en pleine période d’examens. Ce stress additionnel  n’aurait pas dû se produire si l’on avait été davantage prévoyant en anticipant les risques potentiels.

Tout comme lui, Kusum Boodhun, habitant Rivière-du-Rempart et étudiante en deuxième année en Nutritional Science à l’Université de Maurice, ne compte pas rester à Maurice après ses études. La pandémie de Covid-19 n’épargne aucun pays mais trouver de l’emploi à Maurice ne sera pas facile. « Ce sera très dur de trouver un emploi. Le marché du travail sera très restreint. D’ailleurs, les opportunités d’emploi ne sont pas importantes pour mes études. » À cause de cette éventualité, elle sera dans l’obligation de poursuivre ses études.

Voyant le nombre d’entreprises en difficulté, Kusum Boodhun a peur de ne pouvoir même pas trouver un stage. Mais les études importent beaucoup pour elle. Elle est d’avis qu’il se pourrait que deux ou trois entreprises puissent recruter une personne diplômée en sciences nutritionnelles.

« Je crois que je vais devoir changer de filière bientôt », annonce-t-elle. Elle se tournera vers la gestion ou le marketing. Dans son choix de carrière, elle veut avoir la possibilité d’appliquer ses connaissances en sciences nutritionnelles dans le marketing ou la gestion. La jeune fille reconnaît qu’il y a déjà une longue liste de diplômés devant elle. Et trouver un emploi ne sera pas facile. D’où sa raison de chercher des opportunités à l’étranger. Une fois son diplôme en main, elle entamera, en parallèle avec des études poussées, des démarches pour aller au Canada.

Kusum Boodhun fait comprendre que le Covid-19 a aussi perturbé ses études supérieures. Elle a dû s’ajuster aux différents changements intervenus pour maintenir la tête hors de l’eau en cette période des plus difficiles. Sa seule inquiétude se situe par rapport au manque d’interaction avec les chargés de cours à l’université. Elle se demande si le monde devra vivre dans une telle condition indéfiniment. La jeune étudiante craint aussi que les confinements répétés n’aient un impact plus important sur les gens.

Étudiant en troisième année à l’UoM, Gregory Armon ne cache pas son inquiétude pour son avenir. « Actuellement, je ne sais pas », s’est-il contenté de dire à cause du manque de visibilité sur les opportunités d’emploi. « Cela devient de plus en plus compliqué. Heureusement que je suis bénévole dans un centre de désintoxication pour les alcooliques en espérant trouver quelque chose », confie-t-il.

Mais le désir du jeune homme est de devenir politicien. D’où sa raison d’avoir choisi les sciences politiques et les droits humains. « C’est ma carrière de rêve », s’enthousiasme-t-il en dépit du mood général avec la pandémie. Il dira, par ailleurs, s’être posé des questions sur son choix d’études depuis que le virus invisible a atteint les côtes de Maurice. Sachant que le marché du travail est restreint, il compte poursuivre ses études pour au moins assurer son avenir. Et de faire ressortir que ses amis de classe et lui parlent souvent de leur avenir. Et avec inquiétude!

Mais Gregory Armon n’est pas inquiet que les entreprises licencient ou réduisent les salaires. Pour lui, il faudra accepter cette situation. Si d’autres jeunes croient que le Covid-19 présente aussi des opportunités entrepreneuriales, il est d’un autre avis. « Je crois que ce sera très difficile de pouvoir démarrer son entreprise. » Et de citer certains exemples de publicité qui ont chuté de manière drastique avec l’éclatement de la pandémie.

Mais l’apparition du Covid-19 ne lui a jamais effleuré l’esprit. La pandémie, note-t-il, a déséquilibré sa manière d’étudier. La leçon qu’il retient de la maladie c’est qu’il faut « être prêt à toute éventualité ». Il prévoit que la conception de son mémoire de fin d’études ne sera pas facile. Gregory Armon concède que tous les ajustements lui ont causé un stress mental auquel il ne s’attendait pas.

Employé à l’université de Technologie de Maurice (UTM), Swaris Mungroosing Punjabi est aussi détenteur d’un diplôme en gestion. Ce diplôme est très important pour gravir les échelons. Mais le Covid-19 a apporté des changements importants dans sa façon d’étudier. D’ailleurs, il ne s’attendait pas qu’une maladie puisse déranger le système éducatif et affecter le marché du travail. Maintenant qu’il détient un diplôme, il ne veut s’en contenter. Il compte ainsi entreprendre une maîtrise pour qu’il puisse répondre aux opportunités d’emploi qui se présenteront à lui.

Tout comme cet employé, Tharun Suneram, Assistant Store Keeper à l’UTM, est titulaire d’un diplôme en gestion. Ayant travaillé pendant quelques années dans le privé, il est ravi d’avoir obtenu un emploi dans un corps para-étatique. Et si demain il doit partir pour un autre emploi, ce sera à nouveau dans le même secteur. Mais il préfère éviter le secteur privé « à cause du manque de sécurité » lié au Covid-19. Tharun Suneram a déjà entamé sa maîtrise se préparant davantage à toute éventualité.

En tout cas, pour tous ceux qu entreprennent des études, peu importe le niveau acadélique ou professionne, le diplôme pourrai s’avérer ne plus avoir le même aura pour entrer dans le monde du trravail en pleine transformation…

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