Covid-19 : Le masque, une arme essentielle

Une récente étude, ou du moins la synthèse de huit études différentes menées sur l’efficacité du port de masque, et publiée dans le British Medical Journal, a démontré qu’il pouvait diminuer par deux le risque de contracter le virus du Covid. Presque deux ans après l’apparition des premiers cas, le masque, bien qu’anxiogène, est devenu incontournable voire un essentiel. S’il est souvent porté avec style, au point où il est devenu un véritable accessoire, il n’en reste pas moins un outil de protection, voire une obligation légale, sous peine d’amende à Maurice. À l’heure où les cas de contamination augmentent crescendo à Maurice, il est important de rappeler les bons réflexes, mais aussi d’attirer l’attention des autorités sur les prix de vente de ces produits…

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Masque chirurgical, masque jetable, N95, en tissu réutilisable… le choix est vaste, mais l’objectif reste le même : se protéger et protéger les autres. Durant ces dernières semaines, l’on a constaté avec stupeur une augmentation des cas de Covid sur le territoire mauricien, et beaucoup, sur les réseaux sociaux notamment, ont commencé à remettre en question l’efficacité des masques que nous portons. « Mo demann mwa, si sa bann mask ki nou mete-la, bon mem sa ? » se demande un internaute sur une plateforme de discussion. Un débat qui a fait mouche et qui a fait l’effet de piqûre de rappel pour les Mauriciens, qui sont nombreux à avouer un certain laisser-aller. Et depuis quelque temps, la vente des masques en tous genres a explosé. À fleurs, à l’effigie de son équipe de foot préférée, ou encore en satin et autres matières très peu recommandables, les masques se portent plus comme un accessoire que comme un outil de protection.

De plus, ces masques lavables et donc réutilisables à souhait, comme pourraient le penser certains, ont la spécificité d’être souvent moins chers, variant entre Rs 25 et Rs 50. Sauf que, comme le dirait le dicton mauricien, « bo marse kout ser », et ils protégeraient moins. Ainsi, le Centre for Disease Control and Prevention (CDC) met en garde contre les masques en tissu qui ne comportent pas plusieurs couches ou qui sont confectionnés à partir de matières qui ne facilitent pas la respiration, comme le vinyle. Il est aussi conseillé de porter un masque chirurgical en dessous du masque en tissu pour maximiser les chances de protection.
Ainsi, dans un article de slate.fr, il est indiqué qu’« une étude du CDC publiée le 10 février révèle que l’exposition aux aérosols (entre deux mannequins dans un laboratoire) diminuait de façon spectaculaire lorsque les deux portaient soit un masque chirurgical aux bords bien étanches, soit un ensemble masque chirurgical-masque en tissu sur le nez et la bouche. Une autre possibilité qui fonctionne bien, à en croire les experts, consiste à porter un masque en tissu avec un filtre à l’intérieur. »
Les modèles
Grenoble et Afnor recommandés
Si dans les autres pays la production de masques est régulée par des laboratoires de recherche dont les résultats sont publiés au grand public, ici à Maurice, c’est l’Economic Development Board (EDB) qui s’en est chargé. Ainsi, un rapport a été publié en ligne sur les masques en circulation à Maurice, ainsi que la liste des entreprises locales s’étant lancées dans la production. Il est clairement indiqué que les « Mauritian manufacturers have ramped up the production of face masks, face shields and medical gowns to help tackle the shortages of healthcare providers in the fight against Covid-19. There are 2 main types of face masks that are being produced: washable and reusable face masks and single use masks which comes in different categories including Grenoble and Afnor model as well as in different sizes. These provide sufficient protection with direct contact with people. » Ainsi le modèle Grenoble «is in 3 plies. The inner and outer layer are made of a Single Jersey Fabric 150 Gsm (100 Cotton or Cotton Blends). The middle layer is made of a brushed fleece 250 grm 100 Cotton. The brushed fleece gives the mask a padding effect which makes it comfortable to weare et le modèle Afnor “is made up of 2 plies of Single Jersey 150 Grm. The upper and lower edge is sewn with a mobillon tape. This one is a more economic version than the Grenoble 3 plies. »
Quant au business qui en découle et l’abus de certains commerçants et pharmaciens qui vendent des masques chirurgicaux à des prix outranciers, le ministère du Commerce et de la protection du consommateur avait émis un communiqué à ce sujet l’an dernier. Les commerçants sont ainsi dans l’obligation de déclarer leurs revenus sur la vente des masques et autres produits sanitaires. « In the context of COVID-19 (Coronavirus), the Consumer Protection (Price and Supplies Control) Act 1998 and the Consumer Protection (Consumer Goods) (Maximum Mark-Up) Regulations 1998 have been amended with effect from 20 March 2020 to control the price of Face Masks, Hand Sanitisers and Respirators (….) Importers of Face Masks, Hand Sanitisers and Respirators are required to submit to this Ministry, by email on pfu@govmu.org, returns of costs for these products. The returns should be submitted in the form for Returns of Costs which may be downloaded from the Useful Documents Section of this Ministry’s website, http://commerce.govmu.org. Importers and resellers are requested to comply with the Regulations, failing which appropriate action will be taken by the Ministry. »
Nous avons aussi contacté le Mauritius Standard Bureau pour voir si des tests sont faits sur les produits sur le marché local, entre autres. Une réponse de leur côté est encore attendue. Cela étant dit, au-delà de choisir le bon masque, il est surtout sacro-saint d’apprendre à bien le porter. Il est donc bon de rappeler que le masque, en tissu ou non, se porte sur le nez et pas sur le menton !Quid des autres masques chirurgicaux ou FFP (ou N95) ?

Avis aux autorités concernées, car depuis deux semaines, certains masques se vendent comme de petits pains et à des prix exorbitants, soit Rs 1 000 la boîte de 50 masques chirurgicaux ! Pour info, pour les masques chirurgicaux, l’Institut national français de recherche et de sécurité (INRS) les définit comme “un dispositif médical (norme EN 14683). Il est destiné à éviter la projection vers l’entourage des gouttelettes émises par celui qui porte le masque. Il protège également celui qui le porte contre les projections de gouttelettes émises par une personne en vis-à-vis. En revanche, il ne protège pas contre l’inhalation de très petites particules en suspension dans l’air.
On distingue trois types de masques : type I : efficacité de filtration bactérienne > 95% d’un aérosol de taille moyenne 3 µm ; type II : efficacité de filtration bactérienne > 98% d’un aérosol de taille moyenne 3 µm et le type III : efficacité de filtration bactérienne > 98% d’un aérosol de taille moyenne 3 µm et résistant aux éclaboussures.
Et pour le masque FFP (ou N95 selon d’autres standards internationau), il s’agit, toujours selon l’INRS,
« d’un appareil de protection respiratoire [norme NF EN 149]. Il est destiné à protéger celui qui le porte contre l’inhalation à la fois de gouttelettes et de particules en suspension dans l’air. Le port de ce type de masque est plus contraignant [inconfort thermique, résistance respiratoire] que celui d’un masque chirurgical. Il existe trois catégories de masques FFP, selon leur efficacité [estimée en fonction de l’efficacité du filtre et de la fuite au visage]. Ainsi, on distingue : les masques FFP1 filtrant au moins 80% des aérosols de taille moyenne 0,6 µm [fuite totale vers l’intérieur < 22%] ; les masques FFP2 filtrant au moins 94% des aérosols de taille moyenne 0,6 µm [fuite totale vers l’intérieur < 8%] et les masques FFP3 filtrant au moins 99% des aérosols de taille moyenne 0,6 µm [fuite totale vers l’intérieur < 2 %]. »

Annabelle Fleury (Oriya) :« Il est important de dédramatiser
l’image que cet objet anxiogène renvoie »

Annabelle Fleury est la directrice d’Oriya, boutique de vêtements sur mesure qui s’est lancée l’année dernière dans la fabrication de masques. Tout en respectant à la lettre les recommandations d’Afnor, elle s’attelle, avec ces masques réutilisables colorés et à motifs, à apporter un peu de gaieté en cette période difficile. Toutefois, celle-ci tire la sonnette d’alarme sur certains modèles de masques en tissu disponibles sur le marché local qui au final ne remplissent pas leur fonction première : protéger.

Depuis quand avez-vous commencé à produire des masques ?
La marque a commencé à faire des masques depuis l’année dernière, au tout début de la pandémie, lorsqu’il y avait une pénurie de masques chirurgicaux sur le marché. Le public devait se protéger en attendant les nouvelles cargaisons et les masques en tissu étaient l’option de remplacement.
Quelques mots sur la confection de ces masques et des matières utilisées…
La marque a créé depuis l’année dernière plusieurs styles de masques : les masques à plis et les masques CHU de Grenoble avec la couture sagittale. Ils sont destinés principalement pour les adultes femmes, mais aussi pour les hommes. Les masques sont en 100% coton et d’autres en jersey coton/viscose. Il y a plusieurs styles allant du casual au chic. Certains sont adaptés pour la vie de tous les jours et d’autres destinés pour des soirées, fêtes ou mariages.
Répondent-ils à des critères établis, comme l’Association française de normalisation (Afnor)* en France ?
L’Afnor avait proposé l’année dernière plusieurs styles, catégories et options dans la fabrication de masques en tissu. Ceux d’Oriya sont des masques de catégorie 2. Destinés au grand public uniquement, ces masques garantissent une filtration de 70% des particules de 3 microns émises par le porteur. Les masques d’Oriya sont réalisés dans un tissu à tissage serré et pour le jersey dans un maillage serré. De plus dans certains masques il y a une ouverture à la base du masque qui permet de glisser un filtre.
4) Que pensez-vous de certains modèles de masques en tissu actuellement en vente sur le marché ?
Les masques en tissu sont d’une grande aide, car ils sont lavables et moins coûteux sur le long terme pour le public. Par contre, je trouve qu’il y a un laisser-aller dans certains modèles qui ne prennent pas en compte la fonctionnalité première qui est de protéger la personne. Je vois des masques tricotés ou en macramé. C’est beau à voir, mais cela ne protège pas de grand-chose si les gouttelettes peuvent passer facilement à travers les trous du tissu.
Dans votre descriptif, vous parlez de masques non anxiogènes. Pensez-vous qu’il est important d’exorciser cette peur du masque ?
La peur ne doit pas être dans le port du masque, car il faut en mettre sans contester et cela s’est établi aujourd’hui dans notre quotidien. Il faut plutôt exorciser le message anxiogène que le masque renvoie. Pour ceux qui ne sont pas dans le corps médical, le masque est de base un objet clinique qui renvoie une atmosphère pesante et sombre, et dans le contexte actuel, il est important de dédramatiser l’image que cet objet anxiogène renvoie sans pour autant délaisser sa fonctionnalité première qui est de protéger. Apporter un peu de gaieté et de couleurs aide à dédramatiser, cela motive à en porter et surtout nous fait oublier le contexte morose de pourquoi on le porte.
*En France, les pouvoirs publics ont mis en place un cadre créant deux nouvelles catégories de masques à usage non sanitaires : les masques de catégorie 1, dont les matériaux filtrent au moins 90% des particules de 3 µm, et les masques de catégorie 2, dont les matériaux filtrent 70% de ces particules.

 

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