Covid-19 : un patient négatif « séquestré » parmi les cas positifs dans un ward à l’ENT

  • Baboolall Reesaul : « J’ai été testé négatif à plusieurs reprises, mais je suis forcé de rester ici pour des raisons inconnues »

Un infirmier constamment testé négatif à la COVID-19 est forcé de rester parmi des patients positifs au New ENT Hospital. Et ce, même après avoir complété sa quatorzaine. Baboolall Reesaul, un infirmier de 39 ans affecté à l’hôpital de Souillac, devait en effet quitter le New ENT Hospital depuis le début de la semaine. Mais à hier il y était encore, « pour des raisons inconnues », selon lui. Exposé aux risques d’être contaminé par des patients, il dénonce le manque de considération des autorités à son égard et évoque « un manque de professionnalisme » dans la gestion de la situation au New ENT Hospital.

- Publicité -

Baboolall Reesaul revient sur cet événement qui le traumatise. Cet habitant du Sud dit avoir pris ses fonctions à l’hôpital de Souillac le 7 janvier dernier. Il faisait alors partie d’une équipe de cinq membres du personnel soignant affectés à la salle d’isolement. « Le mercredi 13 janvier, deux patients, qui étaient dans un centre de quarantaine depuis le 9 janvier, ont été admis à l’hôpital de Souillac. Ils ont été soumis à un deuxième test PCR après leur arrivée à Maurice, le 16 janvier, qui s’est révélé positif. Mais le médecin qui a effectué le test n’a pas jugé nécessaire de nous informer que ces deux patients avaient été testés positifs à la COVID-19. Or, nous avons été en contact avec ces deux patients pendant toute la journée et la nuit de samedi à dimanche », explique l’infirmier.

Il poursuit : « Ce n’est que dimanche, vers 11h, qu’on est venu nous informer qu’ils étaient porteurs du virus. Le protocole a été déclenché et les deux patients ont été aussitôt transférés au New ENT Hospital de Vacoas. Quant aux membres du personnel soignant, on nous a affirmé que nous ne risquons rien et que nous pouvons rester en fonction. » Les cinq membres du personnel ont déploré eux aussi ce « manque de considération » et estiment qu’ils avaient au moins droit à un test PCR afin d’être rassurés. « À notre insistance, nous avons été soumis à un test dans la soirée du 17 janvier, mais nous étions toujours en fonction à l’hôpital de Souillac », soutient notre interlocuteur.

« Il y avait des patients qui devaient quitter l’hôpital le lendemain, soit le lundi 18 janvier. Ils craignaient que nous les contaminions, et ils avaient absolument raison. L’administration nous a demandé de compléter nos 13 jours de fonction et de rentrer chez nous après. Ce que nous avons catégoriquement refusé, car nous ne voulions pas contaminer notre famille. Encore une fois, nous avons dû insister pour que nous soyons envoyés en centre de quarantaine », reprend Baboolall.

Finalement, le mardi 19 janvier, les cinq membres du personnel soignant sont transférés dans un centre de quarantaine, à Pointe-aux-Sables. Ils sont soumis à un deuxième test PCR le 24 janvier et trois d’entre eux sont alors testés positifs à la COVID, à savoir un médecin, un “charge nurse” et un infirmier, qui n’est nul autre que Baboolall Reesaul. Ces trois patients sont immédiatement transférés au New ENT Hospital. « Nous avons été placés dans une salle commune avec d’autres patients positifs. Nous utilisons tous les mêmes toilettes et les mêmes salles de bains. Sans parler de la nourriture, qui est déplorable. De plus, trois Indonésiens testés positifs nous ont rejoints dans la salle », affirme l’infirmier.

Sept jours après, les trois patients, y compris Baboolall, sont soumis à un troisième test PCR. Le médecin et l’infirmier, à savoir Baboolall, sont cette fois testés négatifs, alors que le “charge nurse”, lui, est toujours positif. « Nous avons demandé à être transférés dans une autre salle, puisque nous avions été testés négatifs. Mais le personnel de l’hôpital a refusé. Le 27 janvier, nous avons donc été soumis à un nouveau test. Et je suis resté négatif. En revanche, le médecin, lui, est redevenu positif. Ce dernier est entré dans un état presque dépressif et n’a même pas bénéficié d’un soutien psychologique. Quant à moi, malgré mes résultats négatifs, je suis forcé de rester dans la même salle que les patients positifs », dit-il.

Le 7 février, Baboolall a complété sa quatorzaine. Il a subi un autre test, toujours négatif. On l’a alors informé qu’il sera soumis à un dernier test avant son départ, le lendemain, soit le 8 février dernier, qui s’est également révélé négatif. Mais alors qu’il s’attendait à pouvoir quitter l’hôpital hier, le personnel l’a informé qu’il devait rester encore quelques jours.

« Tous mes tests se sont révélés négatifs. Pourquoi dois-je rester à l’hôpital ? Et même si je dois rester encore quelques jours par mesure de précaution, pourquoi me retenir dans une salle avec des patients positifs à la COVID-19 ? Je crains vraiment pour ma santé. Je suis constamment exposé au risque d’être contaminé alors que je ne porte plus le virus ! » déplore-t-il.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -