CPE : Des parents déjà en mode «on» pour la compétition

S’il y en aqui sont plus que jamais en mode «on» quoi qu’il advienne sur l’échiquier politique, ce sont bien les parents des quelque 19 000 (chiffres basés sur les statistiques officielles) écoliers du primaire en Std V. L’année prochaine, à pareille époque, ces enfants qui seront en Std VI aborderont le dernier virage de leur scolarité, avant de prendre part aux examens de Certificate of Primary Education. Et pour la majorité d’entre eux, la course pour une place dans le meilleur collège de leur région a commencé depuis longtemps. Contrairement à ce qui a été annoncé à leurs parents, le CPE pour ces enfants ne sera pas «chose du passé» !
Pour Bala Ramanjooloo ou encore Louis Olivia, et sans aucun doute pour des milliers de parents d’élèves de Std V, «il est clair que le Nine-Year Schooling ne sera pas introduit en janvier 2015», date évoquée par le ministre de l’Éducation, Vasant Bunwaree. Donc, inutile, du moins pour le moment, de rêver de la fin de la compétition féroce au primaire et de passer en mode «off». Joshua, élève en Std V dans une école du Sud, continue à prendre des leçons privées quasiment tous les jours. Son père, Louis Olivia, nous explique qu’il aspire à une «bonne éducation et un bon collège»pour son fils. Pour atteindre ce but, il ne lésine pas surles efforts et préfère, dit-il, ne pas s’attarder sur les projets de réforme annoncés dans le secteur éducatif. «Pou mwa, mo garson pe al konpoz CPE lane prosenn», dit-il avec assurance.
Pas le temps de prendre les politiques au sérieux et de s’attarder sur leurs soubresauts ! Les parents rencontrés, dont Vishal (nom modifié), expliquent qu’ils sont certes attentifs à l’actualité. Mais pendant que se déroule un interminable feuilleton politique, sur fond d’accord électoral entre le PTr de Navin Ramgoolam et le MMM de Paul Bérenger, à irriter une population qui se sent mener en bateau, ces parents, eux, prennent les tractations mauves-rouges au troisième degré. Avec les désirs d’alliance, l’obsession du pouvoir, les sautes d’humeur et autres caprices qui amplifient le suspense quant à un avenir rouge-mauve, il est une évidence que plus que jamais le Nine-Year Schooling, selon la version – du moins pour le peu qu’on en connaisse – défendue par l’actuel ministre de l’Éducation ne sera pas «chose d’un futur proche !»De ce fait, dans l’ensemble, les parents d’enfants en Std V ont fait une croix sur un projet : le Nine Year Schooling, qui leur avait été présenté à la fin de 2013 par le gouvernement PTr-PMSD.
Le projet d’alliance impose un autre regard surl’éducation
L’éducation est un secteur dynamique. Il est sujet à des changements dans la continuité. Toutefois, durant ces dernières années, le secteur éducatif aura connu des changements au gré de la couleur politique des ministres de l’Éducation. «Avec le projet d’alliance entre le PTr et le MMM, désormais un autre regard sur l’éducation s’impose», observe Suttyhudeo Tengur, président de la Government Hindi Teacher’s Union. Maçon de profession, Louis Olivia a, entre autres, retenu une chose des ramdams politiques : «Mo konpran ki Paul Bérenger pe rod latet Bunwaree !»
Et dans l’hypothèse d’une alliance, des élections, d’un nouveau gouvernement, d’un successeur mauve à Bunwaree,les parents devront sans aucun doute s’attendre à une nouvelle réforme. Les annonces en ce sens sont toujours une source de stress pour ces derniers. Même s’ils ne sont pas très nombreux, certains parents ont fait le choix de retirer leurs enfants du primaire régi par l’Éducation nationale pour des établissements privés. Et ce, en réaction aux incertitudes sur l’avenir du CPE !
«En novembre dernier, quand le gouvernement a annoncé l’introduction du Nine-Year Schooling, j’y ai vraiment cru. Je pensais qu’il se mettrait au travail pour concrétiser la réforme», confie Bala Ramanjooloo, également président de l’association des parents d’élèves d’une école catégorisée «star». Mais bien vite, lorsque les premiers malaises au sein du feu Remake 2000 ont surgi et que la population a commencé à entrevoir des remous sur l’échiquier politique avant d’être mis devant les faits qu’on connaît, et qu’en parallèle la réforme du CPE annoncée pour 2015 commençait à s’évaporer, Vishal, qui travaille à son propre compte, dit avoir compris «qu’il fallait se mettre au travail pour la compétition du CPE. «
Qui plus est, dit-il, le ministère de l’Éducation ne peut «vendre une réforme à court terme» sans disposer d’infrastructures, de personnel formé, etc. «Nous avons compris que le ministre Bunwaree voulait aller trop vite avec un plan d’envergure mais qui est flou pour nous, les parents. Le Nine-Year Schooling ne peut démarrer l’année prochaine !»avance Vishal. Pour Bala Ramanjooloo, le Nine-Year Schooling«est une bonne idée».
Selon Suttyhudeo Tengur, les parents ne devraient pas être surpris si le concept (revisité) revient à l’agenda du prochain gouvernement et ce, qu’importe qui le composera. De son côté, Vinod Seegum, président du syndicat des enseignants du primaire public (GTU), est d’avis que d’autres changements apportés par Bunwaree resteront même après le départ de celui-ci du ministère de l’Éducation, notamment le resit auCPE et le concept Sankoré. Pour l’instant, précise encore Vishal, «en tant que parent, malgré tout ce qui a été dit sur la fin de la compétition, je dirai qu’en vue du CPE 2015, it’s business as usual !»
Si le Nine-Year Schooling est en mode «off», il n’est pas improbable que d’autres mesures contestées, à l’instar du Enhancement Programme, les examens nationaux en Form III et des projets annoncés, soient suspendus. Toutefois, les parents devront se préparer à accueillir de nouveaux programmes.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -