CWA – promotion au rang d’inspecteur : soupçons de copinage et
d’accointances politiques

La direction de la Central Water Authority (CWA) se retrouve actuellement en butte à une vague de critiques émanant d’une dizaine d’employés du département de l’Inspectorat qui pointent du doigt « les faveurs accordées à certains novices » dans l’exercice de promotion au rang d‘Inspecteur. À en croire ces Assistants Inspecteurs, ayant pour la plupart plus de 15 ans de services, « non seulement leur supérieurs hiérarchiques ont fait fi du respect du principe de la séniorité », mais ils dénoncent ce qu’ils qualifient de « copinage et d’accointances politiques » dans la désignation des promus.

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Les traits sont fatigués, les mines sont défaites. On tire machinalement de longues bouffées sur sa cigarette. Mais qu’importe, malgré le sentiment d’injustice qui les ronge, une dizaine d’Assistants Inspecteurs de la CWA sont venus à notre rencontre jeudi matin, loin des bureaux de l’instance, pour nous raconter la genèse de cet exercice de promotion dont l’issue relève, selon eux, « du favoritisme politique et du copinage. » Ils n’ont pas manqué de qualificatifs pour décrire l’état dans lequel ils sont plongés après avoir été mis au parfum de la liste des personnes qui ont été désignées pour gravir l’échelon. Elle est plus particulièrement vive chez le personnel qui cumule plus de 15 ans d’expérience à la CWA. « Je suis au bord de la dépression au point où j’envisage sérieusement de démissionner », confie Patrick (prénom fictif), avec l’acquiescement de ses collègues.

La structure hiérarchique du département de l’Inspectorat est représentée par le schéma pyramidal suivant : à la pointe, on retrouve les Chief Works Officers ; en dessous, les Senior Inspectors, puis les Inspecteurs,  les Assistants Inspecteurs et, enfin, les General Workers. Pour aspirer à une promotion au rang d’Inspecteur, les 48 Assistants Inspecteurs ont dû concourir, en novembre dernier, à des examens théoriques, qualificatifs à l’étape finale des entretiens avec les hauts-cadres de la CWA. « Cela fait un peu plus de 20 ans, pour des raisons que j’ignore, que cet exercice de qualification en vue d’une promotion au rang d’Inspecteur n’avait pas été organisé. Du coup, les plus anciens Assistants Inspecteurs, avec une longue expérience en tant qu’Acting Inspector, étaient emballés à l’idée de pouvoir enfin récolter le fruit de leur dur labeur, d’autant qu’on nous a informés que cet exercice allait être une formalité pour les travailleurs aguerris qui ont longtemps rongé leurs freins. Sauf qu’on a vite déchanté … », souligne un employé qui compte 18 années de bons et loyaux services au sein de la CWA.

Pas un poisson d’avril !
L’étape des examens franchie, les « tôliers », comme ils aiment à s’affubler, se présentent en toute quiétude aux entretiens qui se sont déroulés « comme sur des roulettes », à en croire un de nos interlocuteurs., qui ajoute : « Il était logique d’être confiants car nous allions enfin être désignés pour occuper le rang qu’on convoite depuis des lustres, d’autant que, face à nous, figuraient un bon nombre de  jeunes éléments qu’on a nous-mêmes formés au métier. » Sauf qu’une rumeur s’est mise à courir, le 1er avril : un groupe d’aspirants au poste se sont apparemment rendus au siège social de la CWA pour y rencontrer les hauts cadres de l’instance où ils auraient appris, ce jour-là, leurs promotions. Ce n’était pas un poisson d’avril ! « La rumeur était fondée. Cette rencontre s’est faite en catimini. 17 des 48 aspirants au poste ont appris, ce jour-là, qu’ils avaient été promus. Le verdict est tombé sans qu’on ne daigne nous convoquer pour qu’on nous explique les raisons derrière ces choix controversés », confie Patrick.

Cette affaire met le feu aux poudres et la pilule est d’autant plus amère pour les contestataires qu’ils ont appris que « le responsable des Ressources Humaines n’a jamais adressé une correspondance au Head of Department (HOD) de l’Inspectorat pour qu’il leur fournisse des recommandations (confidential report) sur les postulants, préalablement aux nominations, conformément aux procédures établies dans les corps paraétatiques. Les HOD ne sont-ils pas censés apposer leurs signatures sur les lettres de nominations ? Sachez que cette procédure n’a pas été respectée. » À en croire nos interlocuteurs, « 8 des 17 personnes qui ont été promues ont seulement 10 ans de service, mais là où le bât blesse est le fait qu’elles n’ont jamais act as Inspector, contrairement à la vielle garde qui a été laissée sur la touche. Pire, il est fort probable que ces nouveaux Inspecteurs, auxquels nous avons appris les rouages du métier, se positionnent pour le poste de Senior Inspectors et s’élèvent à deux échelons au-dessus de nous. C’est totalement injuste ! »

« Des béni-oui-oui »
Comment a-t-on pu en arriver-là ? « Il est grand temps de rétablir le culte du mérite et de l’effort au sein de cette institution. Le copinage a mis un frein sec à nos ambitions d’un avenir meilleur. Nos familles ont également la boule au ventre en constatant notre désespoir. Il faut proscrire ce type de management qui consiste à  s’entourer de collaborateurs les plus enclins à ne pas contester les prises de décisions. Ne parlons pas des béni-oui-oui qui obéissent au doigt et à l’œil à ceux qui sont apparentés à un parti politique. Ils ont été récompensés comme il se doit », martèlent les Assistants Inspecteurs se disant lésés. Livrés à leur sort, ils gardent quand même un infime espoir que les autorités changeront leur fusil d’épaule face à cette levée de boucliers : « Les jeunes novices qu’on a aidés et encouragés dans leur apprentissage ne nourrissent aucune empathie à notre égard. C’est ça la plus dur ! Nous demandons à la direction de reconsidérer son choix car cela pourrait avoir des conséquences néfastes pour le bon déroulement des activités, si les plus anciens employés claquent la porte dans les jours ou les semaines à venir ».

Quand seconde chance rime avec promotion
À la CWA, seconde chance rime avec promotion. Certains font mieux que rebondir ! Il nous revient que parmi les 17 personnes retenues pour officier en tant qu’Inspecteurs, figurent les noms de deux employés qui avaient été arrêtés par la police en janvier 2020 après avoir été soupçonnés d’avoir manipulé une valve d’eau dans les basses Plaines-Wilhems, pour approvisionner les habitants. Finalement, ce sont les habitants d’une région de Moka qui ont été privés d’eau, le 1er novembre 2019. Les deux protagonistes de cette affaire avaient, par la suite, bénéficié d’une libération conditionnelle.

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