Délit pénal – DPP : « Les 20 mois de prison à l’équipage du MV Wakashio ne sont pas suffisants »

Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Me Rashid Ahmine, estime que les « les 20 mois de prison infligés à l’équipage du Wakashio ne sont pas suffisants ». Il intervenait lors d’un débat à la Garden Tower, vendredi dernier, sur le thème des crimes environnementaux (Environmental crimes) : « Nos coraux, lagons, plages, mangroves, forêts et cascades sont si précieux que nous devons tout faire pour les protéger », s’est-il appesanti.

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Me Ahmine est revenu sur la marée noire provoquée par le vraquier Wakashio sur les côtes du Sud-Est en 2020. « Le bureau du DPP a agi promptement après que le dossier nous a été remis pour initier des poursuites contre des membres de l’équipage qui sont responsables », dit-il. Il maintient que « la sentence est insuffisante lorsque nous considérons l’étendue des dégâts causés. Peut-être que la sentence infligée pour ce genre de délit doit être revue ».

Le DPP a mis en exergue que les crimes environnementaux posent une grave menace à la planète et à la société. « Ce genre de délits est en croissance de 5 à 7% annuellement, soit plus rapide que celle de l’économie globale. Elle se situe juste derrière les délits de trafic de drogue et du blanchiment d’argent », fait-il comprendre en ajoutant qu’il y a deux catégories d’individus, « une qui cause du tort à l’environnement et qui ne se soucie guère des conséquences de ses actes. L’autre catégorie le fait pour des gains personnels. »

Ainsi, le DPP avance qu’à Maurice, les crimes environnementaux sont répandus dans quatre secteurs. Le premier : les actes qui causent des pollutions de l’air, de l’eau et la terre. Les autres sont en rapport avec le déversement illégal des déchets (Illegal Dumping), le commerce des espèces protégées de la faune et la flore, et se rapportent aux ressources naturelles comme la pêche illégale ou le braconnage.

D’autre part, Me Ahmine avance qu’avec la promulgation de l’Environment Act et de la Fisheries Act, les Enforcement Officers peuvent entrer, exécuter des mandats de perquisition et enquêter sur des sites. « Des sanctions monétaires aux coupables seront dans l’intérêt public non seulement avec l’objectif de punir pour ce genre de crime, mais aussi agir comme mesure de dissuasion », devait-il faire ressortir. Comme geste symbolique et effectif pour l’environnement, le DPP a annoncé que des Recycle Bins seront placés dans son bureau pour recycler du papier et des objets plastiques.

De son côté, l’ingénieur environnemental Vassen Kauppaymuthoo a procédé à un survol de la biodiversité locale et devait revenir avec force sur la nécessité de protéger le patrimoine. Il a fait état des défis qui guettent ce secteur comme la destruction de l’environnement marin, l’érosion côtière, la pêche illégale, le dragage et l’extraction de sable, ou encore certaines activités touristiques qui causent du tort à notre environnement.

Vassen Kauppaymuthoo a aussi proposé certaines solutions comme la construction de Waves Breakers pour prévenir contre l’érosion des plages. Il dit avoir fait cette proposition au gouvernement pour son installation sur certains sites comme Flic-en-Flac.  Il a lui aussi évoqué l’épisode du Wakashio en indiquant que Maurice et Rodrigues ont chacun plus de 200 km de lagon : « Un déversement d’huile a un impact conséquent sur notre environnement marin. Nous devons le protéger car c’est aussi le gagne-pain de beaucoup de personnes », met-il en garde.

Pour sa part, le sergent Perrine de la police de l’Environnement a évoqué la situation à Rodrigues et avance que le plus gros problème sur place est le déversement illégal des déchets. « La plupart de ces cas sont en relation avec les commerces et industries et pas trop les ménages », dit-il. Le policier note que les contrevenants disposent de déchets dans des lieux retirés et loin des regards. « Nous devons toujours rester en alerte et mener des patrouilles régulières, surtout le soir », fait-il comprendre.

Par ailleurs, Me Hannah Syed-Hossen, State Counsel au bureau du DPP, a passé en revue des lois existantes pour sauvegarder l’environnement et protéger les animaux.

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