DÉMOCRATIE | Gouvernement régional : Rodrigues, le dépouillement le jour du scrutin fait débat

Le retour de Serge Clair à Rodrigues, après sa convalescence, devra préciser les orientations de la campagne pour les prochaines élections régionales

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L’échéance de la fin du présent mandat de l’Assemblée régionale de Rodrigues se précisant, le mood au sein des différents états-majors de partis politiques s’articule déjà sur les principaux axes de la prochaine campagne électorale. Mais aucun d’eux n’a jusqu’ici donné la moindre indication au sujet de la stratégie de conquête ou de reconquête de l’Assemblée régionale de Rodrigues (ARR), entamant déjà sa 20e année. Toutefois, le débat, qui passionne demeure le fait que le dépouillement des bulletins de vote pour les prochaines élections régionales pourrait se faire le même jour, comme tel a été le cas pour les dernières élections villageoises à Maurice.

Toutefois, cette éventualité, entrant dans la ligne d’un début de réforme électorale, ne serait pas au goût de tout un chacun. Ainsi, dans les rangs de l’Organisation du Peuple de Rodrigiues, il n’est un secret pour personne que le leader historique et actuel chef commissaire, Serge Clair, ne serait pas très chaud pour ce changement. Des premiers arguments sont mis en avant pour essayer de remettre en question la proclamation des résultats dans les six Wards de Rodrigues le même jour du scrutin. On fait comprendre que le débat n’est que lancé vu qu’à ce jour, il n’y a aucune précision sur le calendrier formel de ces élections régionales.

Par ailleurs, force est de constater que pour cette joute électorale, les données sur le plan politique pourraient se révéler nettement différentes. Avec la scission au sein Mouvement Rodriguais, et Nicolas Von Mally, perdant la main à l’Assemblée régionale de Rodrigues, le parti de Franceau Grancourt devra faire son baptême du feu sur le terrain électoral, soit deux partis pêchant dans presque le même bassin de votes.

Mais il y a mieux. Ces prochaines élections régionales verront-elles le départ à la retraite de celui, qui a dominé l’échiquier politique dans l’île ces 45 dernières années? Que fera Serge Clair en prévision de ce prochain rendez-vous avec les urnes? Cette question taraude plus d’un que ce soit au sein de l’OPR aussi bien que dans les rangs des autres partis. Avec son prochain retour à Rodrigues après sa convalescence dans le sillage d’une lourde chirurgie cardiaque, le leader de l’OPR est attendu quant à son éventuelle décision politique et son rôle pour les prochaines consultations populaires.

Séance bon enfant en l’absence du chef commissaire en convalescence

Des 25 interpellations à l’ordre du jour de la séance de l’Assemblée régionale de Rodrigues de mardi, huit questions étaient adressées au chef commissaire par intérim, Nicolson Lisette. Les autres interpellations étaient orientées vers les différents commissaires et se rapportaient aux règlements régissant l’association des écoles maternelles ; au rapport annuel de l’Audit ; au rapatriement des Rodriguais dans l’île ; au rapatriement des corps des personnes décédées à Maurice ; à l’enseignement du kreol rodrige ; au secteur de l’eau ; à la construction d’un nouvel aéroport à Plaine Corail ; au secteur sportif ; au Lycée Agricole de St-Gabriel ; au secteur agricole ; à la prolifération de la drogue dure à Rodrigues et au règlement régissant l’importation des véhicules à Rodrigues, pour ne citer que celles-là.

Pour la première fois dans les annales des l’Assemblée régionale de Rodrigues, toutes les interpellations ont été répondues, mise à part la seule qui nécessitait une réponse écrite et qui était inscrite au nom de Zepth Félicité et qui concernait les patients envoyés à Maurice pour des traitements médicaux.  Les questions étaient inscrites aux noms de Franceau Grandcourt, Nicolas Von Mally, Nicolas Volbert, Reddy Augustin, Rosaire Perrine, Zepth Félicité, Marie Thérèse Agathe et Jean Rex Ramdally.

Pour sa part, Reddy Augustin ne s’est pas fait prier pour ouvrir les hostilités avec son interpellation sur la gestion des écoles maternelles à Rodrigues. Il voulait savoir combien d’écoles maternelles étaient enregistrées auprès de l’Education Authority, ce à quoi la commissaire Franchette Gaspard Pierre Louis a répondu qu’aucune de Rodrigues ne l’était. Par la suite, le même député est venu de l’avant avec une question au regard du rapport financier annuel des compagnies dont la RRA est propriétaire. Nicolson Lisette a indiqué qu’il devrait être en présence de ces renseignements à ce propos dans deux mois.

À une question du Minority Leader, Franceau Grandcourt, sur le rapatriement des dépouilles de personnes décédées à Maurice, le commissaire de la Santé, Simon Pierre Roussety, a indiqué que cinq corps se trouvent toujours à la morgue de l’hôpital de Candos à ce jour, en attendant leur rapatriement. Une personne décédée le 1er juin devait être rapatriée en fin de semaine par un vol spécial du Dornier.

À la fin du Question Time, la commissaire de la Jeunesse et des Sports, Rose de Lima Edouard Ravina, a commenté la marche populaire contre la drogue à Rodrigues le 24 juillet dernier. Pour sa part, la commissaire de la Famille Franchette Gaspard Pierre Louis s’est exprimée sur les évènements liés aux délits sexuels – relevant de la pédo-pornographie pour certains – qui défraient la chronique actuellement dans l’île.

Les travaux se sont déroulés de manière mouvementée certes, mais au final tout est rentré dans l’ordre. Et ce, en l’absence du chef commissaire Serge Clair – à Maurice pour des soins depuis le 5 juillet dernier. Les travaux, qui se sont poursuivis dans une ambiance bon enfant, étaient ponctués de piques de part et d’autre.

La prochaine séance de l’Assemblée régionale de Rodrigues a été fixée au 14 septembre prochain à 10h30 pétantes.

RODRIGUES | Mouvement rodriguais : Le problème d’eau et le rapatriement des Rodriguais commentés

Il y a du gaspillage d’eau à l’unité de dessalement de Pointe-Coton depuis plus d’un mois. C’est ce que révèle Nicolas Von Mally, leader du Mouvement rodriguais (MR). Il a aussi parlé du rapatriement des Rodriguai bloqués à Maurice avec l’interruption de la desserte inter-îles. Il a eu un mot spécial souhaitant le prompt  rétablissement du chef commissaire, Serge Clair;  qui a récemment subi une intervention chirurgicale à Maurice.

L’ancien ministre de Rodrigues et ex-Minority Leader à l’Assemblée régionale de Rodrigues a tiré la sonnette d’alarme sur le fait que de l’eau déjà dessalée, donc potable, « pe perdi » depuis plus d’un mois à la station de dessalement de Pointe-Coton. « Nous avons été scandalisés lorsque le rapport de l’Audit a fait état du fait que l’argent obtenu de l’Union européenne (UE), soit Rs 14 millions, pour améliorer la distribution d’eau, n’a pas été utilisée et a été retourné à l’UE. À Rodrigues, les stations de dessalement ne fonctionnent pas au maximum de leur capacité. Me enan enn ki trouv Pointe-Coton, proze la tinn abandone apre finn remet boukou larzan pou fer li, delo ki fini desale pe perdi depi plis ki enn mwa laba. Nou finn ale ek nou finn trouve. Desal delo lamer fer vinn delo dou, apre delo dou la retourn dan lamer. Be ki ete sa ?», s’est-il interrogé.

Il est d’avis que cette eau aurait dû être distribuée. Car, a-t-il rappelé, le commissaire des Ressources en eau, Nicolson Lisette, avait déclaré en 2017 que les Rodriguais allaient être approvisionnés en eau du robinet une fois par semaine. « Zot manda pre pou fini, dimounn ankor pe galere pou gagn delo, ziska enan inn bizin al pran delo lamer pou servi. Aster nou trouv delo pe perdi 24 lor 24 dan Pointe-Coton. Zot ankor pou vinn dir “nou kapav” mem la ? Li vre ki pou kouyonn dimiunn zot ena boukou konpetans », a-t-il dit.

Le leader du MR a trouvé déplorable que l’eau du barrage de Cascade Pigeon ne soit pas utilisée et soit laissée dans un état de stagnation alors qu’elle aurait pu servir aux planteurs pour les besoins d’irrigation. « Sak fwa lapli tonbe larivier la marse, be servi delo la donn dimounn toulezour. Non, zot pa fer sa zot, zot less delo la pouri, aster pe vinn dir pou fer desilting. Nous ne pouvons pas cautionner ce genre de scandale alors que Rodrigues fait face à un gros problème d’eau », dit-il.

L’ancien ministre de Rodrigues a commenté la situation des Rodriguais bloqués à Maurice. « Boukou rodrige pe soufer ek pe anvi rant kot zot. Nou ti dir ki la sel solision se vaksinasion kont kovid. Il fallait accélérer la campagne de vaccination, comme cela se fait ailleurs, car à Rodrigues il n’y a aucun moyen de soigner des malades atteints du coronavirus », a-t-il. Il a souligné que la vaccination aurait pu se faire en l’espace d’une semaine, à travers des campagnes de sensibilisation massives.

« Nous avons atteint 60% du taux de vaccination. Si nou fini ariv Herd Immunity, kifer pa ouver laeropor la ? Ek bann rodrige ki bloke Moris laplipar fini vaksine. Fer zot tes PCR apre fer zot vini. Pa bizin karantenn naryen sa, penan pou depans sa kantite larzan la. Kifer gouvernman pa pe fer li ? », s’est-il demandé. Il a préconisé une nouvelle campagne de vaccination d’une durée d’une semaine, avant de rouvrir les frontières. « C’est la seule solution car nous sommes obligés de vivre avec le virus. Tôt ou tard, le virus fera son entrée à Rodrigues. La seule solution est la vaccination, car même en attrapant le virus, on ne sera pas malade. Au cas contraire, l’économie va continuer à dégringoler. La nôtre est à genoux », a-t-il dit.

Nicolas Von Mally a souligné que cette proposition s’adresse aux gouvernements central et régional. Il a déploré le fait que beaucoup de Rodriguais décèdent à Maurice et ne peuvent pas être rapatriés à temps pour leurs funérailles à cause de ce problème de vaccination.

Le PMSD Rodrigues dénonce l’inaction des autorités sur trois problèmes majeurs

Le PMSD Rodrigues se préoccupe de  trois sujets d’actualité dans l’île, soit le rapatriement des Rodriguais, la baisse de prix à Maurice de certains produits « qui n’est pas forcément répercutée à Rodrigues », et l’affaire de pédopornographie.

Parlant du rapatriement des Rodriguais, Vincent Perrine maintient que « c’est triste qu’en cette deuxième semaine du mois d’août, plus de 200 de nos compatriotes soient toujours bloqués à Maurice depuis plusieurs mois. Il y a une incompétence de la part des autorités sur la gestion de ce dossier. L’Assemblée régionale de Rodrigues n’a pas été à la hauteur depuis le début. Kan la kestion finn aborde dan lasanble nasional, gouvernman santral finn pass boul. Aujourd’hui, il y a une discrimination flagrante concernant ce dossier », a-t-il.

Vincent Perrine a dit avoir envoyé une correspondance aux autorités locales pour les alerter de la situation mais « qu’elles persistent à refuser le rapatriement de ces personnes car elles ne sont pas nées à Rodrigues ». Ce qui, selon lui, est discriminatoire. Il a indiqué que cette affaire sera portée en Cour afin que justice soit faite.

Commentant l’annonce de la baisse de prix de certains produits à Maurice, Vincent Perrine estime que ces mesures n’ont aucune répercussion à Rodrigues car dans certains commerces, les produits ne sont tout simplement pas disponibles, ou sont rationnés, créant une pénurie artificielle. « La commission concernée doit suivre ce dossier afin de situer les responsabilités car ce n’est pas aux consommateurs de payer le prix fort. Même en ce qui concerne la baisse de 20 % du coût du fret, on ne voit rien jusqu’ici », a-t-il dit.

La dégradation des mœurs à Rodrigues a également retenu l’attention. « Kan nou ti tann dir enan ladrog dir dan pei, nou ti panse samem pli gro problem ki ena. Mais, c’est révoltant de constater qu’il y a un réseau de pédopornographie à Rodrigues. Le plus chagrinant, honteux et regrettable, c’est que des enfants mineurs et en bas âge sont impliqués et en sont les victimes. C’est très grave et alarmant pour l’image de Rodrigues. Selon nos informations, des adultes bien éduqués sont concernés ainsi que d’autres qui, d’après leur éthique professionnelle, ne devraient pas se comporter de la sorte ou s’adonner à de tels actes dégoûtants et répréhensibles », dit-il.

Le porte-parole du PMSD à Rodrigues a dit avoir déjà tiré la sonnette d’alarme sur le nombre de cas d’abus sexuels en augmentation et qui ne doit être nullement banalisé.

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