Devant l’indécision des autorités dépassées : «Ki koté lekol? Wi! Ki koté? »

Éducateurs et étudiants dans le flou sur les modalités de la reprise de ce dernier trimestre

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Un recteur : « L’éducation est en pilotage automatique »

Des parents : « Peut-on participer à un examen aussi important que le PSAC qu’en suivant des cours à la télévision ? »

La reprise des classes en présentiel pour les étudiants des Grades 9, 9+, 11 et 13 est prévue le 2 février prochain. Mais dans la conjoncture, la question parodiany un texte d’Edouard Maunick, l’on peut se demander « Ki kotye lekol? Wi ki koté?  » Que ce soit les chefs d’établissement ou les enseignants c’est l’incertitude concernant le plan de travail et les méthodes d’évaluation de ce troisième trimestre. Un manque de communications à différents niveaux est ainsi déploré, donnant l’impression d’une terrible indécision de la part des autorités dépassées par les événements depuis la fin de l’année dernière. Au niveau du primaire, les parents désespèrent face à l’absence de clarification sur la reprise des classes ou pas, surtout pour ceux qui doivent prendre part aux examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) de fin de cycle primaire.

Une semaine après la reprise des cours en ligne, les administrations des écoles et collèges sont toujours dans l’expectative pour la suite du trimestre. Ce qui est sûr, c’est que pour le moment, la reprise en présentiel pour ceux qui ont des examens nationaux et internationaux est bien maintenue, en dépit des rumeurs, après le prolongement des restrictions sanitaires à la fin de mars. « Pour le moment, le ministère n’a rien communiqué à ce sujet. Donc, pour nous, la rentrée du 2 février est maintenue. De plus, nous procèdons en ce moment au relevé du nombre d’étudiants et du personnel qui ont été vaccinés. À mon avis, c’est un travail en amont qu’ils sont en train de faire pour voir si nous pouvons rouvrir les écoles », affirme un recteur.
De même, deux établissements du secondaire d’État font actuellement partie d’un projet pilote pour la reprise des cours en présentiel pour certains, et en ligne pour d’autres. Comme on sait, seuls ceux qui subiront les examens du National Certificate of Education (NCE), du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC) sont attendus au collège à partir du 2 février. Les autres continueront à suivre les cours académiques en ligne.
Mais pour les chefs d’établissement, ainsi que pour les enseignants, tout cela demeure hypothétique pour le moment. Certains ont déjà travaillé de nouveaux Time Tables pour voir comment gérer cette situation. « En l’absence de directives claires, nous devons prendre sur nous pour essayer d’improviser. Il y a beaucoup de questions de la part des enseignants, des parents et des élèves, mais nous n’avons pas de réponse… Pour moi, l’éducation est actuellement en pilotage automatique », dit le recteur.
Un autre responsable d’établissement évoque le retard dans le programme d’études. « Nous savons tous que nous n’allons pas pouvoir faire le rattrapage qui était prévu. Comment donc va-t-on faire pour les évaluations ? Il n’y a aucune indication à ce sujet. Est-ce que ceux qui continueront les cours en ligne passeront quand même un examen pour le troisième trimestre ? Nous n’en savons rien », se demande-t-il. Beaucoup de questions se posent également sur la tenue des Mock Exams. Ces épreuves, qui se déroulent généralement à la fin du deuxième trimestre, servent de grandes répétitions avant les examens de Cambridge. Cela permet aussi d’identifier les forces et les faiblesses des candidats.
« En prenant en considération que les examens pratiques de SC et de HSC débutent fin mars, il faudra donc avoir terminé les examens et les corrections à cette date. Or, l’école reprend le 2 février. Valeur du jour, nous n’avons aucune instruction pour les Mock Exams. Chez nous, j’ai pris la liberté de demander à mes chefs de département de commencer à préparer les papiers d’examens pour le Mock. En l’absence d’information, on spécule… », fait comprendre un responsable.
Ce dernier ajoute qu’au-delà du ministère de l’Éducation, la Santé doit également donner des chiffres clairs concernant le variant Omicron. « Nous nous basons sur ce que nous voyons dans les médias étrangers. A Maurice, nous n’avons aucune information sur l’impact du variant Omicron. La reprise sera-t-elle bousculée à cause du variant Omicron ? Nous n’en savons rien. Il faut de la transparence », se demande-t-il.
Le recteur regrette qu’il n’y ait pas de plateformes où les différents partenaires de l’Éducation puissent partager leurs points de vue. « Il y a des collèges où on ne sait pas comment on va organiser les examens de Food and Nutrition par exemple, car il n’y a pas eu de pratique. C’est dommage qu’on ne pense pas à prendre le point de vue de ceux qui sont dans le Day To Day Running. On prend des décisions au niveau de l’administration et nous, nous ne sommes que des spectateurs », regrette-t-il.

Le primaire dans l’expectative

Au niveau du primaire, l’appréhension est encore plus grande. Des parents avancent être dans l’expectative concernant la préparation en vue des examens du PSAC. « Pour le moment, on a dit de suivre les cours à la télévision. Mais est-ce qu’on peut participer à un examen aussi important que le PSAC qu’en suivant des cours à la télévision ? Comment va-t-on faire les devoirs et qui va les corriger ? Il faut comprendre que tous les parents n’ont pas les aptitudes nécessaires pour suivre leurs enfants sur le plan académique », s’insurgent des parents inquiets.
Ces parents se demandent ainsi pourquoi on n’a pas choisi de rouvrir l’école pour les jeunes du Grade 5, qui ont leur Modular Assessment d’histoire-géo et de science, ainsi que ceux du Grade 6, se préparant au PSAC. « On le fait déjà pour le secondaire, on aurait pu en faire autant pour le primaire. La situation est très stressante pour les parents et les enfants », dit-on.
Une mère de famille confie que cette situation a encouragé l’explosion des leçons particulières par Zoom pour le primaire. « Il y a un enseignant qui m’a demandé Rs 800 et un autre, Rs 1 000, pour ma fille qui est en Grade 5. Mais je ne veux pas tolérer cela. Au final, mon enfant est perdant, car il y a d’autres parents qui acceptent de payer. »
Devant l’absence de visibilité pour la suite de ce troisième trimestre, éducateurs, chefs d’établissement, parents et étudiants souhaitent que le ministère de l’Éducation vienne clarifier les choses dans les meilleurs délais possibles.

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Extended Programme : le grand test

2022 est la première année où les étudiants de l’Extended Programme seront soumis à l’épreuve du National Certificate of Education. Ce système a été très décrié par les éducateurs, et une étude menée conjointement par le Mauritius Institute of Education et la Banque mondiale est venue confirmer les doutes. Tant et si bien que le progamme d’études pour l’Extended Programme a été revu. Cela suffira-t-il pour permettre aux étudiants qui n’ont pu obtenir le minimum requis au PSAC pour passer le même examen que leurs camarades du Mainstream ? « 2022 sera le grand test pour la réforme », disent les éducateurs. Sans compter que ces examens sont pris dans des conditions difficiles, avec la pandémie et la fermeture des écoles.

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Académies : craintes des chefs d’établissement
Les académies étaient présentées comme des centres d’excellence. Toutefois, les responsables d’établissement se disent aujourd’hui inquiets sur le niveau de certains étudiants. « C’est un fait que les parents n’étaient pas emballés pour les académies, notamment en raison de la mixité. Pour l’heure, à part les établissements comme les collèges Royal et le QEC, les autres n’ont pas eu d’étudiants du niveau d’excellence qu’on promettait. Figurez-vous que certains sont entrés dans des académies avec à peine 50% des points. Dans deux ans, on va déjà voir l’effet de cette situation et la performance risque d’en souffrir », disent des recteurs.
Rappelons que le ministère a procédé à plusieurs appels de candidature pour remplir les académies. Car beaucoup de candidats du NCE qui s’étaient vus offrir une place dans une académie ont refusé.

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